C'est entendu.

jeudi 15 décembre 2011

[Réveille-Matin] Faust - Pythagoras

Depuis la naissance il y a quarante ans de Faust dans la ville d'Hambourg, de l'eau a coulé sous les ponts. D'abord, le groupe a participé au mouvement krautrock au début des années 70 puis a disparu pendant une bonne dizaine d'années avant qu'une série d'enregistrements inédits ne paraisse dans les années 80. Après 20 ans d'absence, le groupe se reformait alors, en 1993 autour de trois musiciens présents dès ses débuts : Hans-Joachim Irmler, Jean-Hervé Peron et Werner Diermaier. Depuis la créativité du groupe n'a pas failli mais s'est par contre divisée. Depuis 2005, Faust est doté d'ubiquité puisque des disques ont paru qui étaient composés par le seul Irmler, tandis que d'autres nous venaient de Peron et Diermaier. La dernier album en date, en 2010, "Faust is last", qui semble être le chant du cygne de la première de ces deux incarnations, a été suivie moins d'un an après sa sortie par la réponse négative de la seconde : Faust n'est pas terminé (pour tout le monde). Au contraire, les expérimentations (kraut)rock du duo franco-allemand se poursuivent, avec l'assistance de deux membres du groupe français Ulan Bator, Amaury Cambuzat et Olivier Manchion, et cette fois-ci, Faust nous sert quelque chose de sale.




Par là, il faut comprendre que les guitares ont tendance à cracher du venin à la moindre occasion, mais pas que l'album est un condensé de bruit, loin de là. C'est plutôt dans le son du disque qu'il faut chercher l'idée. On n'est pas dans le lo-fi, ni dans le garage-rock, le son n'est pas vraiment malpropre, mais on sent bien que l'idée était (ou que le résultat fortuit est) un son tout sauf propre, sur lequel est dressé une fine pellicule de poussière qui "fait" authentique. Et ça l'est. Ces mecs-là continuent de créer 40 ans après leurs débuts et leur album, s'il souffre peut-être de quelques longueurs (on s'amuse bien plus lorsque Peron ou Cambuzat chantent/scandent des insanités/bétises que lorsque le chant est confié à la gent féminine). La meilleure façon de résumer l'intérêt de "Something Dirty" est probablement d'affirmer (et je le pense) que ceux que la séparation de Thurston et Kim a autant déçus que le dernier album de Sonic Youth, et qui n'ont pu se contenter du dernier Sonic Youth Recording : Faust a enregistré un album "à guitares" sur lequel l'instrument digresse avec stridence, tandis que les expérimentations rythmiques et sonores (la batterie en retrait, le vacarme de cordes, sur Pythagoras, par exemple), les bêtises touchantes dignes de gamins (Save the last one), et quelques vagues transes psychédéliques (Herbststimmung) dignes du IVème Reich (celui du rock allemand, ja !) nous permettent de croire encore qu'il est encore temps de croire en le rock'n roll, son potentiel, sa stupidité et son pouvoir, même quand on est d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre, quitte à publier un disque imparfait et quitte à ce qu'une poignée seulement l'écoute.


Joe Gonzalez

1 commentaire:

  1. Je l'avais écouté à sa sortie mais je m'en rappelle plus trop. Je me souviens d'un truc genre "je vais te péter les dents" et d'un premier morceau qui envoyait du paté.

    RépondreSupprimer