L'autre soir, je fouinais un peu au hasard sur les pages de sites-discographies (comme, il y a quelques années encore, je farfouillais dans les bacs des disquaires… je ne sais même plus s'il y a un vrai disquaire dans ma ville à part Harmonia Mundi) — bref, je fouillais sur les pages de discogs.com et je suis tombé sur la liste d'un utilisateur présentant ses "albums de l'année" de 1965 à 2011. Vu que je m'y retrouvais beaucoup, j'ai décidé de jeter une oreille au disques que je ne connaissais pas encore.
C'est ainsi que j'ai fini par écouter "Northern Exposure" de Sasha & John Digweed (en photo ci-dessus), qui n'est même pas un "véritable" album mais plutôt une compilation, ou plutôt un DJ mix de progressive house — parfois froide, souvent dansante, avec des noms connus que j'aimais déjà beaucoup mais aussi une belle majorité de découvertes. Je n'ai pas l'habitude d'écouter des DJ mixes, mais celui-ci m'a convaincu au point que j'ai eu du mal à reprendre mon exploration des disques de 2011 par la suite. Franchement, je vous recommande vivement d'écouter cette compile en entier ; mais je voudrais vous parler aujourd'hui de l'un de ses nombreux moments forts, à savoir la septième piste de "0°/North", juste après l'exaltante I'm Free de Morgan King, quand les sons posés et envoûtants se mettent à prendre une dose d'énergie et à devenir franchement dancefloor-friendly sans dénaturer l'impression de trip posé qui flotte sur tout le disque…
Quelques extraits du mix (avec Kites en premier), histoire de vous mettre dans le bain.
Si vous aimez, la version complète de la piste se trouve plus bas.
Il y a au moins deux choses qui peuvent dérouter dans le domaine de la dance music quand (comme moi) on n'y est pas habitué : le fait que même certains des plus grands noms n'ont sorti que des singles au lieu d'albums, et le fait que même certains de ces singles existent sous une telle diversité de formes (mixes et remixes) qu'il peut être difficile de trouver l'"original". Aussi ne suis-je même pas certain d'avoir trouvé la version originale de Kites d'Ultraviolet, groupe apparemment éphémère qui n'aura sorti qu'un ou deux singles. Si le fait de devoir me contenter d'une seule piste là où j'aimerais entendre tout un album peut être frustrant, il s'agit de considérer les pistes non comme des compositions bien définies mais comme des entités polymorphes susceptibles d'évoluer… ce qui peut se révéler assez intéressant, quelque part.
Mais remontons un peu plus loin. Car Kites n'est pas une chanson composée par Ultraviolet à l'origine…
Mais remontons un peu plus loin. Car Kites n'est pas une chanson composée par Ultraviolet à l'origine…
La version originale de Kites, par Simon Dupree & The Big Sound (1967).
Le nombre de mutations qu'aura subi la chanson originale avant que je ne la découvre est en réalité impressionnant : il s'agit d'une chanson ① écrite à l'origine en 1967 par Hal Hackady et Lee Pockriss, ② interprétée par Simon Dupree & The Big Sound (groupe qui deviendra par la suite, à quelques membres près, Gentle Giant). ③ Ultraviolet la reprit et la transforma en tube house en 1990, puis la piste fut ④ remixée, notamment par Purple Haze pour les remixes intitulés "Fantasy Flite", avant d'être ⑤ incluse dans le mix "0°/North" de "Northern Exposure" par Sasha et John Digweed. Si j'avais été fan de la chanson de 1967, je ne sais pas du tout si j'aurais apprécié cette version. Peut-être aurais-je crié au sacrilège et au mauvais goût. D'ailleurs, je pense que beaucoup d'entre vous feront la grimace en entendant la version qui m'a fait aimer la chanson, avec son esthétique ouvertement "club" et 90's à fond :
(Kites (Fantasy Flite Part One))
Et si je ressens, dans la chanson de 1967, certaines des mêmes impressions qui me plaisent sur "Northern Exposure" (alors qu'elle est beaucoup plus mélancolique), impossible de savoir si je ne l'aurais pas considérée comme vieillotte et ennuyeuse si c'est le chant de Shulman que j'avais entendu en premier. Impossible aussi de savoir si je n'aurais pas trouvé la version house vulgaire et sans intérêt hors du mix. Ce qui me séduit dans Kites de la manière dont je l'ai entendue, c'est cette impression de liberté, d'insouciance, de félicité, et d'une candeur qui pourrait passer pour de la naïveté aujourd'hui. Ça n'est peut-être que quelques minutes de paradis artificiel pour doux raveurs — mais ça fait un bien fou d'oublier, pendant quelque temps, l'abstraction, l'agressivité, le cynisme, la nostalgie, le nihilisme ou l'isolationnisme qui semblent baigner (chacun leur tour, en petits groupes ou tous ensemble) le zeitgeist musical de ces dernières années.
— lamuya-zimina
— lamuya-zimina
Ya un air de Noël Gallagher ou j'me trompe ??
RépondreSupprimerJuste poser le vinyle sur la platine et profiter... Un régal !
La version remastérisée est dispo où même pas en rêve ? ;)
"Northern Exposure" n'est plus édité depuis quelque temps apparemment ! Je n'ai pas entendu parler d'une édition remasterisée…
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