C'est entendu.

vendredi 23 septembre 2011

[Tip Top] Riot Grrrl #2 : Une brochette de filles pendant les années 90

Dans la foulée de Babes in Toyland ou Hole (le groupe de Courtney Love), des tas de filles se sont réunies, entre la fin des années 80 et le début des années 90, majoritairement dans le Nord Ouest des Etats Unis, pour crier leur rage face au sexisme. Le mouvement riot grrrl, c'était entre autres :



(L7 - Pretend we're dead, sur "Bricks are heavy", 1992)

Il y avait L7, de Los Angeles, dont la bassiste avait d'abord joué avec Love et Kat Bjelland de Babes in Toyland, qui jouait un heavy rock presque FM, dont le spectre sonore s'étendait du metal de Black Sabbath ou Danzig jusqu'aux guitares heavy pop du premier album de Blur.




(The Gits - Here's to your fuck, sur "Frenching the Bully", 1992)

The Gits, de Seattle, étaient pile entre le punk hardcore des Misfits et le thrash metal des premiers Metallica. Leur chanteuse, Mia Zapata, avait une voix rocailleuse rappelant Kim Deal (mais alors après trois mois passés sans permission de minuit enfermée dans un bar à s'envoyer des shots et des clopes sans filtre). Le groupe splitta après seulement deux albums lorsque Zapata fut retrouvée violée et assassinée en 1993, une fin tragique et terriblement à propos.




(Team Drensch - Fagetarian and dyke, sur "Personal best", 1994)

Team Drensch, de Portland, étaient des représentantes du queercore, une branche du punk hardcore valorisant le Do It Yourself et l'homosexualité assumée et non-conformiste. Leur musique avait quelque chose de plus déchainé, d'incontrôlable et sur scène elles montraient aux filles dans le public comment se défendre face à des agresseurs.




(Bikini Kill - New Radio, single paru en 1993)

La charismatique et meneuse Kathleen Hanna chantait dans Bikini Kill, à Olympia. La musique du groupe pré-datait l'indie rock qui devait s'imposer comme une évidence une décennie plus tard, lorsque des groupes comme No Age bâtiraient leur son tout entier dessus. Très engagée politiquement, Hanna allait se révéler comme une militante féministe de premier ordre et une artiste capable de se renouveler (ce qui ne fut pas le cas de beaucoup de membres du mouvement riot grrrl). Son attitude sur scène, où elle retirait des vêtements et prenait des poses provocantes, inspira grandement une certaine Peaches.




(Sleater-Kinney - I wanna be your Joey Ramone, sur "Call the Doctor", 1996)

Très proches de l'esthétique sonore de Bikini Kill, le trio Sleater-Kinney, de Seattle, plus tardif, était aussi nettement moins radical même si Corin Tucker, Carrie Brownstein et Janet Weiss étaient et restent aujourd'hui des porte-parole hargneuses de la cause des femmes. Leur musique laissait déjà entendre leurs velléités pop, lesquelles devaient aboutir à l'orée des 00's. Au moment où Sleater-Kinney débarquait, le mouvement riot grrrl tel qu'il avait émergé quelques années plus tôt battait déjà de l'aile, notamment parce qu'il tournait en rond stylistiquement parlant. Tous ces groupes de filles avaient ouvert une brèche dans laquelle beaucoup d'autres s'engouffreraient, et ce faisant, elles avaient contribué à écrire l'histoire continue du rock et de la musique. Une fois les cris des guitares étouffés, le silence n'a pas duré très longtemps avant qu'une voix ne s'élève à nouveau, celle de Kathleen Hanna, encore elle...


Suite et fin la semaine prochaine !


Joe Gonzalez

1 commentaire:

  1. Très chouette article, typiquement ce que j'avais envie de lire sur tous ces groupes sur lesquels je veux me pencher depuis un bail ! :=)

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