Pas toujours facile, quand on n'a pas vécu une certaine période, de s'imaginer le climat qui y régnait. Et si cours (*) et/ou livres restent sans doute irremplaçables pour connaître les faits (je ne sais jamais quelle confiance accorder aux films historiques et autres histoires romancées), j'ai toujours gardé un souvenir bien plus marquant des médias de l'époque pour avoir une idée de son atmosphère.
Pendant longtemps, à part deux ou trois albums sans liens entre eux et quelques singles universellement connus que je situais vaguement dans ces eaux-là, la fin des années 70 ne m'ont pas évoqué grand chose. Il m'aura fallu plusieurs chocs musicaux pour me rendre compte que ces années — entre la fin de la guerre du Vietnam et le début des années Thatcher — n'étaient pas que "Never Mind the Bollocks", "Low" et "Heroes", Y.M.C.A et Stayin' Alive ; c'était aussi les premiers albums — plus glauques, flippants et déprimants les uns que les autres — de Suicide, Throbbing Gristle, Joy Division et Jandek pour ne citer qu'eux. (Sans oublier "The Wall" de Pink Floyd, les morts de Nancy Spungen et Sid Vicious, et la naissance du post-punk.)
Il peut être surprenant d'apprendre qu'une piste telle que Death Disco de Public Image Ltd. a réussi à figurer au hit-parade et sur le plateau de Top of the Pops en 1979. Le single finit à la vingtième place en Grande-Bretagne — ce qui n'était pas assez pour battre les Bee Gees, bien sûr, mais pour une chanson post-punk avec des paroles telles que "Watch her slowly die / Saw it in her eyes / Choking on a bed / Flowers rotting dead", que John Lydon avait écrit à sa mère victime du cancer, c'était quand même pas mal.
Ces percussions et cette ligne de basse dansantes (sans doute est-ce pour cela que la piste a eu du succès ?) sur la voix tremblante et en tourment perpétuel de Lydon ont créé une sorte de hit empoisonné, aussi accrocheur que déprimant, et ce n'est pas le rappel de la mélodie mélancolique du "Lac des Cygnes" de Tchaïkovsky qui apaise les choses. La chanson mérite parfaitement son titre en tout cas (pourquoi s'appelle-t-elle Swan Lake sur la "Metal Box" ?) : une danse macabre, le son d'un dernier souffle qui ne veut pas s'arrêter, quand l'âme est au bout du rouleau mais que le corps continue de bouger.
Ça a dû être une drôle d'époque.
— lamuya-zimina
(*) Dans mes souvenirs du collège et du lycée : cinq cours sur la première guerre mondiale, cinq sur la révolution industrielle, cinq sur la seconde guerre mondiale et plein de trous de mémoire à côté. Des heures passées à s'ennuyer et à dessiner des calamars de l'espace, des sorcières des forêts, des astronautes naïfs et des dieux-escargots dans les marges. Soit autant de lacunes au final que de caries dans la bouche de Johnny Rotten avant son opération.
Ces percussions et cette ligne de basse dansantes (sans doute est-ce pour cela que la piste a eu du succès ?) sur la voix tremblante et en tourment perpétuel de Lydon ont créé une sorte de hit empoisonné, aussi accrocheur que déprimant, et ce n'est pas le rappel de la mélodie mélancolique du "Lac des Cygnes" de Tchaïkovsky qui apaise les choses. La chanson mérite parfaitement son titre en tout cas (pourquoi s'appelle-t-elle Swan Lake sur la "Metal Box" ?) : une danse macabre, le son d'un dernier souffle qui ne veut pas s'arrêter, quand l'âme est au bout du rouleau mais que le corps continue de bouger.
Ça a dû être une drôle d'époque.
— lamuya-zimina
(*) Dans mes souvenirs du collège et du lycée : cinq cours sur la première guerre mondiale, cinq sur la révolution industrielle, cinq sur la seconde guerre mondiale et plein de trous de mémoire à côté. Des heures passées à s'ennuyer et à dessiner des calamars de l'espace, des sorcières des forêts, des astronautes naïfs et des dieux-escargots dans les marges. Soit autant de lacunes au final que de caries dans la bouche de Johnny Rotten avant son opération.
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