C'est entendu.

vendredi 30 septembre 2011

[Quitte ou Double] La Grande Exhibition

La question vient de germer dans mon cerveau et avant que la digestion ne me la fasse passer, j'aimerais vous la poser, à vous, habitants de civilisation festive, auditeurs passionés, humains après tout et surtout après l'ère de la Fête, telle que la concevait Philippe Muray.

Comment envisagez-vous la festivisation publique de la musique, active depuis la fin des années 90, depuis donc presque quinze ans, et qui perdure envers et contre tout en un temps où elle s'est banalisée, ringardisée peut-être, un temps où elle il convient de se demander si elle a encore un sens autre que celui d'un défilé festif que l'on pourrait qualifier de décadent ?

(L'indépen'danse vaut-elle que l'on voue un culte aveugle à la boule unique à facettes uniformes ?)


Quelle fierté reste-t-il dans la célébration de la Fête de la Musique ? Est-elle encore à vos yeux cette occasion unique et indispensable de partage sonore, de découverte, de liberté ? Ou bien n'est-elle que le pire jour de l'année pour l'art musical, 24 heures durant lesquelles tout est permis et donc le pire, durant lesquelles la liberté est le plus bafouée puisque le droit au silence est piétiné ? Avez-vous participé à la Techno Parade le 17 septembre dernier ? Qu'y avez-vous éprouvé ? Est-ce un défilé dont les technophiles profitent parce qu'il existe, sans conviction, pour fêter leur musique ? Une occasion pour les adolescents de participer à une "manifestation" sans revendication autre que celle de la liberté de bloquer des rues ? Est-elle au contraire la manifestation tangible de l'électronisation de la musique, un poing levé face au classicisme des institutions ? Quid du Disquaire Day, censé célébrer le mercantilisme de la culture ? A-t-il valeur de sauveur du marché musical ? De la Musique elle-même ? Y'a-t-il encore une notion de fierté dans ces fêtes ? Elles ne portent pas forcément le terme "pride" en leur nom mais le mot "parade" inclut à la fois le sens de la parade militaire (et non pas militante, c'est à dire une marche au pas, aux ordres de, et non pas un défilé en son propre nom pour sa propre revendication) et celui de "se pavaner". Faut-il y voir une uniformisation banalisée de la pensée culturelle ou bien est-ce bel et bien une nécessité que ce rappel annuel des acquis sociaux-culturels d'il y a quinze ans ?

Je ne me pose pas ces questions, je vous les pose à vous. J'ai ma propre idée sur le sujet mais qu'en est-il de la vôtre ? Vous étiez-vous même posé ces questions ? Elles me semblent primordiales pour quiconque s'intéresse à la vie culturelle de sa société. Laisser reposer des idées sur une étagère sans jamais les remettre sur la table, sans jamais les confronter à un ré-examen, voilà qui me parait laxiste, bête et anti-progressiste. J'attends de vous que vous m'aidiez à ré-examiner le status quo entourant la Grande Exhibition musicale qui semble faire consensus chez nous. Un sondage vous attend sur votre gauche, la boite de commentaires ci-dessous est prête à recevoir vos opinions. Allez y de bon coeur, citoyens !


Joe Gonzalez

20 commentaires:

  1. J'ai voté "doit être repensée" et je suis étonné de voir le nombre de votes "négatifs" ("m'intéresse pas" ou "abrutissant").
    La Fête de la Musique n'est pas une mauvaise chose, pourtant, mais on dirait que ça gonfle à mort les gens au bout du compte!

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  2. Les votes sont encore trop peu nombreux pour que j'en tire quelque conclusion que ce soit mais pour l'instant, ce genre de manifestations n'a pas l'air d'avoir des adeptes dans le coin, non.

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  3. Maroual Athlétiks1 octobre 2011 à 11:12

    je pense qu'il faudrait multiplier les fêtes du type "fête de la musique" parce que là, comme il y en a qu'une seule par an (de cette envergure, j'entends), les jeunes saisissent l'occasion pour se murger, pour se déchirer la tronche, et finalement, la musique dont il est supposé être la fête, passe largement au second plan. C'est parce que nous sommes dans un pays régit par des vieux, qui ne laisse jamais sa chance aux jeunes. Quand ceux-ci voient l'occasion d'oublier un peu cet état de fait, ils pensent à s'amuser, à se foutre la tronche en vrac, et c'est bien légitime. En multipliant ces fêtes, la musique passerait enfin au premier plan, et se trouveraient dans les rues les personnes réellement désireuses de profiter ou de faire de la musique avant tout. My 2 cents d'euro...

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  4. La fête de la musique est exactement ce que décrit l'article. Une journée chiante comme la mort où on n'entend que de la merde à tous les coins de rue (les voisins qui jouent du Lofofora en hurlant comme des abrutis, ceux qui reprennent Louise Attaque et Zaz et qu'on aimerait voir brûler), cette saloperie de bouillie bordelaise sonore nous est imposée et nous casse les burnes jusque tard dans la nuit, et à part ça c'est une foule compacte de gens bourrés qui ne savent pas où aller mais qui y vont et qui font chier. Donc je vote pour abolir cette saloperie de manifestation qui est tout aussi minable que la fête du cinéma (en plein été, quand il n'y a que trois films au cinéma, tous avec Dubosc à l'affiche). C'est une connerie.

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  5. Maroual > Penses-tu vraiment qu'en faisant PLUS de fêtes on gagnerait en sérieux ? Que la musique en sortirait grandie ? Et surtout : que les gens se "lâcheraient" moins ? Ca me parait difficile à concevoir. Je pense que ça serait pire.

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  6. Je ne vois pas en quoi le déhanché hystérique des fans de hardrock, de métal ou de punk, ou les danses débiles des amateurs de disco, techno ou pop, ou même les fêtes populaires des plus obscures tribus paumées au fond de la planète et rythmées au rythme de je-ne-sais-quel tambourin seraient moins crétines, scandaleuses et avilissantes que celles des jeunes parisiens désoeuvrés à qui on ordonne, comme partout ailleurs et comme cela a toujours été le cas, d'aller célébrer le vide.
    Pourtant, cette manifestation là dérange, alors que toutes les autres que j'ai citées ne dérange pas.
    La critique d'un phénomène et de ses adeptes alors qu'il est essentiellement identique à d'autres phénomènes auxquels on adhère parfaitement est d'une relative hypocrisie.
    Conclusion: les amateurs de punk, les carnavaliers de Venise comme ceux de l'antique Rome et les fans des Beatles emmerdaient très probablement leurs voisins bougons avec de la musique de merde et ceux-là, visiblement agacé par le son produit, se réfugiaient, comme vous, derrière une réflexion philosophique (non dénuée d'intelligence) pour justifier leur aigreur.

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  7. Et puis, les gens ont besoin de dépenser leur énergie vitale, je crois. C'est indispensable.
    Avant, évidemment, il y avait moins de fêtes obligatoires, mais à la plage, il y avait la guerre.
    Depuis, on a remplacé la guerre par le sport, pour que les gens puissent continuer à aller dans la rue célébrer on ne sait pas trop quoi, ou au stade ou ailleurs. Bref. Les gens réclament des fêtes pour aller dans la rue hurler, et on leur en donne, parce que sinon, ils finiront par le faire dans des émeutes (et nous les premiers).

    Je vois la fête de la musique et la techno parade données aux peuples comme des parents qui, constatant que leur fils est ultra violent avec ses camarades et casse tout ce qu'il touche, l'inscrive à un cours de Rugby, pour qu'il se "dépense sans faire de mal aux autres".

    Voilà, je crois que j'ai fait le tour d'une pensée un peu obscure et peu étayée.

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  8. J'ai l'impression que tu n'as pas bien saisi la nature du sujet critiqué. Il ne s'agit pas de définir si oui ou non la "fête en musique" est répréhensible, ni même l'expression publique de la musique. Au contraire. Il s'agit essentiellement de la surexposition publique règlementée de la musique. On ne parle pas ici de dancefloors, ni de salles de concerts, ni même d'émeutes ou de danses rituelles en Afrique noire. On parle de dates arrêtées dans le calendrier des PTT auxquelles la populace est invitée à se réunir bien gentiment pour exprimer son adhésion à une vague idée d'universalité universalisante de la musique, bien gentille dans le plus grand respect de tout un chacun, dans l'égalité, la fraternité et le politiquement correct, et DANS LES RUES.

    Comparer ça avec des punks exprimant leur rage dans une salle close lors d'un passage en ville de leur groupe préféré n'a pas de sens, ça n'est pas la même chose. On pourrait au passage me mentionner la mort du punk et je ne nierais pas : aujourd'hui peu sont ceux qui à des concerts expriment encore réellement quelque chose, qu'ils soient public, techniciens ou artistes, mais ça n'est pas la question : cette immobilisme expressionnel est tout aussi critiquable que celui que je juge malsain et qui s'exprime dans un brouhaha inutile dans les rues de la Capitale ou d'ailleurs à intervalles réguliers choisis par Monsieur Lang ou d'autres messieurs Propre du défouloir public.

    Je considère que ton deuxième commentaire serait recevable si lors de ces évènements, une véritable rage, une véritable expression de ressentiment, de trop plein émotionnel, si quelque chose s'y exprimait. Ca n'est cependant pas le cas. Rien de plus consensuel, de moins individuel, rien de moins défoulant que ces évènements. C'est même pour certains extrémistes dans mon genre (ou comme l'anonyme ci-dessus) l'occasion de développer une énergie négative encore plus vive.

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  9. Pourquoi est-ce le fait que ça se passe dans les rues qui te dérange tant que ça?
    C'est aussi relou qu'un 14 Juillet, ça n'arrive qu'une ou deux fois dans l'année, et ce jour là, tu peux faire ce que tu fais sans doute comme tout le monde très souvent et tout naturellement: rester chez toi.
    En fait, j'ai eu beau retourner le problème dans tout les sens, je crois que tu donnes trop d'importance, ou d'impact, à quelquechose qui en a assez peu. Je continue à y voir l'aigreur du type qui, n'aimant pas spécialement telle ou telle objet trouverait nécessaire de se justifier en disant "oui non mais attends, je n'aime pas ça parce que...heu...parce que c'est avilissant pour toute l'humanité, décadent et dangereux", alors qu'il suffit de dire "c'est de la musique de merde, trop de monde dans le métro, et une occupation intempestive et relou des rues alors qu'on a rien demandé, ça me fait chier". Ce serait plus pertinent.
    L'avilissement d'une l'humanité décadente qui court à sa perte pour parler de la techno parade et de la fête de la musique ne convaincra pas grand monde.

    (vivement que le candidat libéral des classes moyennes ait fini le bouquin que tu lui as filé, histoire que je le lise!)

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  10. je suis d'accord avec Dan McHee

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  11. Dan McHee > Ah mais on s'est mal compris ! Je ne cherche pas à théoriser un désamour de ce genre d'évènements. Ou plutôt si, mais il ne s'agit pas d'une haine. Il ne serait pas plus pertinent de me lancer dans une diatribe enragée contre le bruit dans la rue, je ne ressens pas cette rage-là. Si je devais définir en une phrase mon ressenti primal vis à vis de tout ça, ce serait "R.A.B. : Rien A Battre". Mais si on se contente d'en avoir rien à foutre de tout, on ne va pas bien loin.

    Je ne me prétends pas philosophe, sociologue ou quoi que ce soit de ronflant, je ne suis qu'un citoyen, et en tant que tel, je ressens comme un devoir citoyen que de m'interroger sur le fonctionnement de ma Cité. Je préfère donc philosopher sur un sujet dont je n'ai pas "grand chose à faire" d'un point de vue ego-personnel que de m'en battre la race, "comme tout le monde". Guilty as charged ! Si on commence à éviter de donner de l'importance (trop ? avec un simple débat sur un magazine web lu par moins de 10000 personnes ?) à des sujets qui ne sont pas DE PREMIERE AMPLEUR, des sujets de société liés à la musique (notre sujet !), QUI le fera ? Je refuse le status quo par flemme ou par déni de discussion, voilà tout.

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  12. La fête de la musique, pour l'avoir passée à Toulouse à jeun, dans des rues bondées de cons, ça m'avait énormement saoulé (et pas dans le bon sens du terme) et je pensais que ça serait à rien et voulait défoncer cette manifestation.
    L'année dernière, l'ayant fait avec une fausse guitare en plastique, un verre de whisky et en écoutant et dansant sur plein de jeunes qui faisaient de la musique dans la rue, j'ai trouvé ça trop bien. Le truc c'est que ça a jamais célébré la musique, avec un message à passer tout ça mon cul. En fait j'y crois pas à ce truc. La sensibilisation à la musique qui a quelque chose à dire devrait se faire à l'école, et la putain de flute à bec n'aide pas!

    Autant appeler ça "La fête des jeunes" ou "La fête des étudiants" ou tout simplement "La fête", c'est ni plus ni moins que la saint jean, ça serait plus logique, y'aurait toujours des groupes dans la rue, parce que des tas de gens font la fête en jouant de la musique, on se bourrerait la gueule, et ça serait pas mal. N'en déplaise à certains, faut se vider la tronche! Ca rend pas plus mauvais!

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  13. complètement d'accord avec Vincent

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  14. grave d'accord avec anonyme...

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  15. vachement d'accord avec Dan McHee.

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  16. Le candidat libéral des classes moyennes4 octobre 2011 à 12:39

    Dan McHee a écrit : "Avant, évidemment, il y avait moins de fêtes obligatoires, mais à la plage, il y avait la guerre. "
    Ah, je te le fais pas dire, saloperie d'Omaha beach...

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  17. Le candidat libéral des classes moyennes4 octobre 2011 à 13:12

    Plus sérieusement, je suis partagé. D'un côté, c'est vrai que des grands rassemblements comme ça, il y en a toujours eu et que comme dans tous, le meilleur se dégage régulièrement du pire. Donc ça n'a pas trop de sens de condamner la fête de la musique en bloc si l'on veut raisonner en termes de qualité ou d'élévation culturel, vu le nombre d'éléments contradictoires qui s'y trouvent.

    Par contre, ce qui est tout de même peu ragoûtant, c'est le côté grande fête créée de toute pièce par l’État (par le ministère de la culture plus précisément) avec l'idée sous-jacente de la célébration de la "Culture" et de la "Diversité" tout ça sur fond de bonheur artificiel rose bonbon. A ce titre, c'est clairement inférieur au carnaval de Venise (qui est une coutume) ou aux grands festivals musicaux (dans lesquels la création reste plus importante que la jouissance de faire partie de la foule).
    Et puis, le problème c'est aussi que la musique y est prise comme un art démocratique, accessible à tous sans aucun effort, ce qui est évidemment faux. Cette fête met implicitement sur le même pied toutes les formes de musique, de Liszt à Yannick Noah, en nous disant que tout ça c'est de la "culture" et que ça a donc la même valeur. Ce genre de conception ne peut que dévaloriser l'effort artistique réel.

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  18. Je suis méga d'accord avec le candidat libéral des classes moyennes !

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  19. Je suis d'accord avec l'anonyme ci-dessus qui est d'accord avec Joe Gonzalez ; je suis donc d'accord avec le candidat libéral des classes moyennes.

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