C'est entendu.

mercredi 24 juin 2009

Page Blanche # -2

par Joe Gonzalez
art par Jarvis Glasses


La Fête de la Musique, les filles et la laideur de l'Internet


C'est la dèche. Sérieusement, je n'ai plus deux balles devant moi pour m'acheter des disques. J'aurais pu aller faire un tour en ville, l'autre soir, c'était la Fête de la Musique, c'était gratuit. Je ne suis pas sorti. Vous êtes sortis, vous ? Cette fête, j'y croyais au début. J'ai même passé de très bons moments grâce à elle, mais plus les années passent, plus je la considère avec dédain.

Je méprise les villes (enfin, celles dans lesquelles j'ai élu résidence depuis que je suis en âge de) pour leur non communication sur l'évènement - les places sont pourtant réservées à l'avance par les groupes, et il ne serait sans doute pas infernal que d'envisager un programme et de le publier, mais non, c'est toujours extrêmement vague, et quand le plan est publié sur Internet, il fait tièp. Et puis ce n'est quand même pas si compliqué d'inviter une ou deux "célébrités," un ou deux groupes un peu connus, histoire de fédérer Roger le citoyen lambda - ceci évidemment ne tient pas debout pour les parisiens, mais est tellement vrai pour nous autres provinciaux.

Je méprise aussi les groupes, pour la plupart, parce que ce que l'on trouve à coup sûr ce soir-là, ce sont des stands (je dis bien "stand," comme on parlerait d'un stand de forain) de hardtek, des groupes de métal, néo métal ou autre avatar foireux de Lofofora et Aqme (j'avoue, je n'ai pas de chance sur ce coup-là, Toulouse étant littéralement envahie par ce genre de mauvaise herbe). Et puis les groupes de reprise, évidemment. Il y a deux catégories de groupes de reprises. Il arrive que ce soient de vieux types qui ne jouent plus que pour ce genre d'évènements et qui sont tous heureux de ressortir leurs instruments pour jouer les tubes de leur jeunesse (Pink Floyd, Sabbath, Zep, ce genre-là), et dans ces cas-là, je pardonne de tout mon cœur. J'applaudis même volontiers si c'est bien fait, et je suis content pour eux. Par contre, les groupes de reprises constitués de membres jeunes, et qui ne jouent QUE ça (aucun original), je ne peux plus les supporter. D'abord parce que leurs sets ne comportent jamais aucune surprise (Bloc Party, White Stripes, et à chaque fois les singles, souvent jouées à l'identique et ratés), et surtout parce que ça n'est quand même pas compliqué, si l'on a pour ambition de faire de la musique, que de composer un minimum ! On a toujours l'impression que les types n'ont répété qu'une ou deux fois, se foutent de leur public et de leurs chansons, et qu'on aurait gagné à passer un disque sur la sono. Et ça c'est triste. Bougez-vous les jeunes ! Faites la musique de demain ici, en France, et jouez-là nous. Rien à foutre d'entendre de mauvaises reprises foirées. N'importe quel(le) idiot(e) peut faire de la musique ! Regardez cette gourde de Kria Brekkan (ex Mùm, nouvelle petite amie d'Avey Tare, d'Animal Collective), qui a décidé de sortir une série de 45 tours en 2009, et dont la première face A vient de paraître... Est-ce qu'elle vous semble meilleure que vous ? Ne me dites pas que vous ne pouvez pas en faire autant ! Écoutez ça :



Les seules fois où j'ai pris mon pied lors de ce soir-là, c'était devant de jeunes groupes originaux, qui, s'ils glissaient des reprises dans leurs setlists, les jouaient avec ferveur et à leur sauce. J'ai trop de respect pour la musique pour sortir le soir de la Fête de la Musique, qui devrait être le jour le plus cool de l'année, et qui est souvent le plus déprimant.

D'un autre côté, peut-être que je n'ai tout simplement pas de chance, et que vous avez eu droit à une soirée d'enfer du côté de chez vous. Ça c'est à vous de me le dire. Détrompez-moi. Dites moi qu'il y encore de l'espoir pour cet évènement. Faites moi plaise !

Toujours est-il que c'est la dèche pour moi. J'ai mes créanciers sur le dos, mon banquier, même mon reufré me réclame les DVDs qu'il m'a prêtés, de peur que je ne les revende pour m'acheter un pain au chocolat. J'ai été obligé de prendre le premier job qui se présentait : je suis doomed. Ça me laisse moins de temps pour mes passe-temps favoris que sont la lecture des lyrics d'Africa (de Toto) plusieurs fois par jour, la confection d'un boxer fait main (la mienne) et la rédaction d'articles visant à vous distraire. Il faut se montrer pragmatique une fois l'an, et le fait est que mon job va payer mon loyer, et d'ici trois mois j'aurai peut-être même un peu d'argent de poche pour me payer un disque ou deux, ce qui tombe plutôt bien, vu que le premier album de Girls sortira aux alentours du 21 Septembre ! Vous vous souvenez, je vous avais dit beaucoup de bien de ces californiens, il faudra écouter ce disque ! D'ailleurs, le clip de leur troisième single, Hellhole Ratrace, vient de sortir, et le voici :



Il y a des disques comme cela, que l'on attend avec une impatience non dissimulée, et ces disques-là sont rares par les temps qui courent. Les temps a-changin' de la chute de Christine Albanel et de son hadopi, les temps de Spotify, Grooveshark, LastFM, Deezer, et tous ces trucs qui rendent le digital si facile d'accès. Un disque, un vrai, avec sa pochette en plastique ou carton, ses notes de pochette, un BIEN MATÉRIEL, a bien du mal à concourir face à tous ces trucs. Mais pas face à Myspace, en tout cas pas pour moi. Depuis des mois je me dis régulièrement "mais QUI utilise encore Myspace pour autre chose que se faire une idée sur le look ou le son d'un groupe peu connu ?!" Pas vous ? Sérieusement, a-t-on meilleure exemple d'un site aussi "célèbre" ou célébré qui soit moins bien bâti que celui-ci ? Moins souvent mis à jour ? Aussi ringard ? Depuis l'arrivée de Facebook, il est devenu quarante fois plus évident que Myspace n'avait aucun intérêt en ce qui concerne le développement d'un réseau social. J'ai notamment trouvé très intéressant cet article paru sur le chouette webzine Goûte mes Disques. Allez-vous encore régulièrement sur Myspace ? Ça fait bien deux ou trois ans que je n'y ai pas foutu un orteil. J'aimerais beaucoup avoir votre avis là-dessus, n'hésitez pas à vous exprimer dans les commentaires.

Je vous laisse méditer sur tout ça, et m'en retourne à mon boxer en lin.

lundi 22 juin 2009

[45 Tours] The Vapors - Turning Japanese (1980)

Après deux semaines sans aucun 45 Tours poussiéreux des années 80 à vous mettre sous la dent, je vois bien que vous avez la bave aux lèvres. Certains d'entre vous sont bientôt en vacances, d'autres finissent de passer le Bac, ou leurs examens, et d'autres s'apprêtent à bosser tout l'été, mais qui que vous soyez, où que vous soyez, vous êtes arrivés au bout de l'année, une de plus, et vous avez chaud, vous êtes moites, vous suez, et vous n'avez envie que d'une chose : une chanson ultra con qui vous fasse marrer.
Les Vapors étaient anglais, jeunes, influencés (à mort) par la power pop des débuts (The Nerves et tout le bazar), mais aussi le punk et la New Wave (Elvis Costello etc), et en déclarant à maintes reprises qu'il pensait être en train de devenir Japonais, Dave Fenton signait leur plus grand tube, et possiblement la chanson la plus bête de 1980. Je vous laisse admirer ce fameux live, entrecoupé de cliché japonais, mais vous invite aussi à regarder le clip original, presque mieux (visible ici).