C'est entendu.

samedi 24 septembre 2011

[45 Tours] Riot Grrrl #3 : Le Tigre - Deceptacon

Après presque une décennie de hurlements féministes et de guitares rageuses, l'énergie du mouvement riot grrrl s'essoufflait. Le punk-rock joué par ces groupes de filles d'un bout à l'autre des nineties tournait forcément en rond tandis que certaines, comme Sleater-Kinney, s'éloignaient de la contestation ouverte pour avancer dans leur propre direction, souvent vers un indie rock plus sage ou plus arty. Il faut dire qu'en 1999, les filles n'étaient plus des parias dans le monde du rock'n roll. PJ Harvey avait démontré en Angleterre que les femmes à grandes gueules pouvaient se faire entendre en dehors des États Unis et des tas de groupes se formaient où l'homme n'entrait même pas en ligne de compte. En 2000 devait paraitre le premier album d'Electrelane, et avec lui l'un des meilleurs groupes de rock de la décennie naissante naissait, qui n'était composé que de filles. Cependant, il restait des activistes convaincues que le combat ne devait pas cesser. Les femmes avaient certes gagné leur place dans un milieu d'hommes, leurs voix étaient entendues, mais l'égalité ? On n'y était pas encore. Kathleen Hanna, la hurleuse de Bikini Kill, était de ceux-là.





En 1999, comprenant sans doute l'impasse dans laquelle se trouvaient les riot grrrls à guitares et l'obligation pour un groupe désirant se faire entendre de ne pas être trop statiques, Hanna monta Le Tigre, un trio de punk synthétique. Avant que l'androgyne moustachue JD Samson ne remplace Sadie Benning l'année suivante, Le Tigre publia un premier album qui devait devenir le manifeste de ce que l'on appela (brièvement et sans grand fondement) l'electroclash. Un sous-genre musical auquel fut rattaché tout et n'importe quoi au début des 00's, de Peaches (pourquoi pas) à Miss Kittin en passant par Ladytron (n'importe quoi), des groupes utilisant en général des synthétiseurs à des fins plus ou moins remuantes, que ce soit pour faire danser en club ou, dans le cas de Le Tigre, pour faire remuer des filles remontées, des lesbiennes ou des garçons attirés par les lesbiennes. Les paroles étaient toujours aussi chicaneuses mais en faisant danser l'auditeur, Hanna tuait le mouvement riot-grrrl originel et offrait à de futures nanas revendicatrices d'amener le combat sur des terrains différents et le féminisme musical pouvait devenir une perpétuelle guérilla, sans ancrage et donc sans fin.


Joe Gonzalez

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