C'est entendu.

jeudi 4 août 2011

[Réveille Matin] Times New Viking, Psychedelic Horseshit, rescapés du shitgaze ?

On a déjà fait le tour du shitgaze suffisamment de fois (*) pour que j'en rajoute une couche. C'est un sous-genre qui n'a jamais vraiment existé, et s'il a bel et bien eu lieu, c'est désormais fini de chez fini. Pourtant, deux de ses plus "solides" représentants ont publié de nouveaux LPs ces derniers mois. Non, je ne parle pas de Wavves, bien sûr, ces trois-là étant bien trop fainéants pour enregistrer des chansons de façon régulière, ils doivent à l'heure où je vous parle être en train de fumer de la ganja en jouant à la X-Box. Je voulais parler de Psychedelic Horsehit (le groupe à qui l'on doit le terme shitgaze) et de Times New Viking, plus pour prendre des nouvelles que dans le but de déterrer les morts.


(Psychedelic Horseshit - Laced, sur "Laced")

Les crottins psychédéliques ont le mérite d'avoir mis sur pied une sorte de rock lo-fi monté sur des boucles de bruit assez étonnantes, comme en témoigne Laced. Vachement plus poussé que le vacarme lo-fi assez brouillon qu'ils produisaient il y a trois ou quatre ans, il faut bien l'avouer. Une évolution est toujours un bon point, à condition que les chansons suivent. Je l'ai déjà dit et je le répète encore une fois : quand on est un groupe dont le matériau est la chanson, il ne faut pas oublier d'écrire des chansons. C'est la grosse différence qui existait déjà entre Psychedelic Horseshit et Times New Viking, Wavves ou Best Coast (souvenez-vous, les premiers EPs de Bethany étaient considérés comme du shitgaze !) était que les autres savaient déjà écrire des chansons. Je peux vous siffler des singles de Bethany, les "classiques" merdeux de Nathan Wavves et une ou deux chansons de Times New Viking (Martin Luther King Day était un tube !) mais AUCUNE ne me vient du Crottin. Et "Laced" n'aura pas changé la donne puisqu'encore une fois et malgré cette fois une possible envie de prendre le large, il n'y a rien qui accroche l'oreille, rien qui colle au cervelet et rien qui ne marque vraiment. Il ne reste plus qu'une chose à faire pour ces musiciens : arrêter d'essayer et se lancer dans l'expérimentation bruitiste, le dub, ce qui leur conviendra le mieux mais qu'ils arrêtent d'essayer le format chanson.



(Times New Viking - , Ever falling in love sur "Dancer Equired")


Au premier coup d’œil, le nouvel album, "Dancer Equired" est du même calibre que son prédécesseur, réussi "Born Again Revisited" : un album de courtes chansons rock qui tiennent la route, enregistrées avec les moyens du bord (et chez Times New Viking on n'a pas de matériel de qualité). A priori, seulement car une fois les points communs définis (Beth Murphy et Adam Eliott chantent toujours faux, l'un beuglant pendant que l'autre tente d'amener la chanson quelque part et vice versa, les compositions ne reposent toujours que sur un seul et unique simple riff de guitare sur lequel se greffent batterie et clavier), on ne peut s'empêcher de remarquer que le disque est beaucoup plus propre que tout ce qu'avaient jusqu'ici sorti ces trois-là. Lo-fi, certes, le disque conserve le droit de boxer dans cette catégorie mais le terme shitgaze n'a vraiment plus rien à fiche sur le ring et, encore une fois à priori, ça n'est pas vraiment une mauvaise chose. Une bouffée d'air frais non saturé pourrait être une bonne idée pour le groupe, de quoi donner à mieux se figurer leurs chansons. Or c'est là que le bât blesse. Sans la dose habituelle de crasse, on n'a plus non plus la même énergie et si certains titres fonctionnent pile comme avant (Ever falling in love), d'autres tombent à plat et rappellent la soixantaine de groupes d'indie pop qui se rêvaient "garage" il y a trois ans (Wave Pictures, Love is All, Speedmarket Avenue et des tonnes d'autres). Ça n'est pas une critique du genre "ils ont laissé tomber leur son ces sales vendus !" non et si leur nouvel album leur a permis de rencontrer un plus grand public, tant mieux pour eux, mais ce groupe qui a toujours été mineur n'aura pas accompli de miracle en se nettoyant les mains avant de manger, il n'aura fait que nous rappeler ses limites et que malgré quelques bonnes chansons supplémentaires, il n'apporterait pas grand chose au schmilblick. Au moins, ils ont l'air d'être des gens sympathiques, et c'est déjà ça.


Joe Gonzalez


(*) : Si vous n'êtes pas convaincus, (re)lisez cette série de trois articles publiés sur C'est Entendu par notre ex-collaborateur Emilien Villeroy.

2 commentaires:

  1. J'avais pas le rapprochement quand j'ai écouté l'album mais le morceau de Times New Viking me fait vachement penser à Beat Happening.

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  2. Oui c'est ça. Maintenant que le voile de bruit a été levé, on se rend enfin compte que TNV n'est rien d'autre qu'un autre avatar de l'indie pop 80's. Tout comme les Pains of Being Pure at Heart et autres Dum Dum et Vivian Girls.

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