Chères lectrices et chers lecteurs, aujourd'hui, vous allez tous bondir de joie : je vais vous parler d'un album de musique électroacouastique !
…
Je sais, je sais — si vous vous êtes déjà frottés à ce genre de musique et que vous n'avez pas aimé, vous gardez sans doute le souvenir d'un genre hermétique (ou d'une charlatanerie ridicule, voire d'un générateur de migraines). Une bonne partie des disques de musique électroacoustique sont remplis de dissonances et de bizarreries difficiles à apprivoiser, sans parler de l'improvisation électroacoustique (et ses genres jumeaux que sont l'onkyo et la lowercase music), variante(s) dénuée(s) de rythmes et de mélodies que des musiciens très sérieux composent à partir de longues plages de silence, de bruits et de sons stridents. Tout ce que la majorité des auditeurs détestent, en gros.
Je ne vais pas vous mentir : il m'est plusieurs fois arrivé de rester perplexe face à des disques de ce genre et de chercher des "explications", des clés qui pourraient m'aider à comprendre et, avec un peu de chance, apprécier ces disques-énigmes (d'où épluchage de nombreuses critiques, chez Dusted Magazine, Foxy Digitalis, etc.). Parfois en vain. Pourtant, ce monde de la musique électroacoustique vaut le coup d'être exploré, non seulement parce qu'il est souvent radicalement différent de tous les autres mais aussi parce qu'il peut être tout aussi émouvant ; et si je vous parle aujourd'hui de "Forma II" (première collaboration entre Thomas Ankersmit et Valerio Tricoli), c'est parce que ce disque-là, entre autres qualités, est singulièrement évocateur et… étonnamment accessible.
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Je sais, je sais — si vous vous êtes déjà frottés à ce genre de musique et que vous n'avez pas aimé, vous gardez sans doute le souvenir d'un genre hermétique (ou d'une charlatanerie ridicule, voire d'un générateur de migraines). Une bonne partie des disques de musique électroacoustique sont remplis de dissonances et de bizarreries difficiles à apprivoiser, sans parler de l'improvisation électroacoustique (et ses genres jumeaux que sont l'onkyo et la lowercase music), variante(s) dénuée(s) de rythmes et de mélodies que des musiciens très sérieux composent à partir de longues plages de silence, de bruits et de sons stridents. Tout ce que la majorité des auditeurs détestent, en gros.
Je ne vais pas vous mentir : il m'est plusieurs fois arrivé de rester perplexe face à des disques de ce genre et de chercher des "explications", des clés qui pourraient m'aider à comprendre et, avec un peu de chance, apprécier ces disques-énigmes (d'où épluchage de nombreuses critiques, chez Dusted Magazine, Foxy Digitalis, etc.). Parfois en vain. Pourtant, ce monde de la musique électroacoustique vaut le coup d'être exploré, non seulement parce qu'il est souvent radicalement différent de tous les autres mais aussi parce qu'il peut être tout aussi émouvant ; et si je vous parle aujourd'hui de "Forma II" (première collaboration entre Thomas Ankersmit et Valerio Tricoli), c'est parce que ce disque-là, entre autres qualités, est singulièrement évocateur et… étonnamment accessible.
(Une version alternative de Zwerm voor Tithonus)
Bon, "accessible", tout est relatif : les repères habituels (rythmes, mélodies) restent absents, et les fréquences aiguës sont toujours de la partie. Mais ce que l'on entend sur "Forma II", c'est un réseau dense, un maillage d'innombrables sons qui ne manque pas d'intriguer : drones qui donnent profondeur, hauteur et corps à la musique, textures qui touchent à l'acousmatique, et surtout de multiples tonalités, parfois de simples alternances, parfois des motifs plus incertains ou plus complexes, dont la superposition rappelle un effet de moirage sonore et présente une belle spatialité. La richesse de l'ensemble est étonnante et on est loin de l'épure extrême ou des dissonances que l'on peut entendre ailleurs.
Le disque fait preuve d'originalité mais aussi de dynamisme (là encore, plus accentué que dans bon nombre de disques du genre) : pas une piste qui ne se repose sur une seule structure tout le long, même si chacune a ses propres caractéristiques. Ainsi, après l'explosion-éclosion au début de Zwerm voor Tithonus (qui évolue ensuite de manière entropique — le seul point faible de l'album à mon avis), Brent Mini joue la carte de la sobriété et de l'élégance en partant de presque rien ; ses différents éléments sont introduits très progressivement, forment de beaux et discrets motifs, puis se retirent pour n'aboutir à un sentiment de vide qu'à la toute fin. Hunt est à l'image de son titre, sombre (avec son drone aussi grave que discret au début), inquiétante et presque agressive ; et après Plague #7, qui laisse imaginer une certaine tension et une certaine urgence, le changement de son est radical : Takht-e Tâvus, final de l'album, est joué à l'aide non de synthétiseurs mais de saxophones, un essaim de saxophones alto superposés produisant un son quasi-méconnaissable, mouvant, tour à tour chaud et dissonant.
Le disque fait preuve d'originalité mais aussi de dynamisme (là encore, plus accentué que dans bon nombre de disques du genre) : pas une piste qui ne se repose sur une seule structure tout le long, même si chacune a ses propres caractéristiques. Ainsi, après l'explosion-éclosion au début de Zwerm voor Tithonus (qui évolue ensuite de manière entropique — le seul point faible de l'album à mon avis), Brent Mini joue la carte de la sobriété et de l'élégance en partant de presque rien ; ses différents éléments sont introduits très progressivement, forment de beaux et discrets motifs, puis se retirent pour n'aboutir à un sentiment de vide qu'à la toute fin. Hunt est à l'image de son titre, sombre (avec son drone aussi grave que discret au début), inquiétante et presque agressive ; et après Plague #7, qui laisse imaginer une certaine tension et une certaine urgence, le changement de son est radical : Takht-e Tâvus, final de l'album, est joué à l'aide non de synthétiseurs mais de saxophones, un essaim de saxophones alto superposés produisant un son quasi-méconnaissable, mouvant, tour à tour chaud et dissonant.
Si je ne m'aventurerai pas jusqu'à dire que "Forma II" est mon disque électroacoustique préféré (il y a quand même de vrais chefs d'œuvre, plus "abstraits" et plus difficiles d'accès, qui lui font concurrence), c'est un album qui se démarque par de nombreux aspects et qui vaut largement le détour — pour les nouveaux venus tout autant que pour les amateurs. Une autre raison d'écouter ce genre, pas très "glamour", certes, mais fascinant.
— lamuya-zimina
N.B. "Forma II" est édité en CD chez Pan, en édition limitée de 1000 exemplaires (et dans un beau packaging).
— lamuya-zimina
N.B. "Forma II" est édité en CD chez Pan, en édition limitée de 1000 exemplaires (et dans un beau packaging).
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