Le Rock n’est pas mort et ce constat n’en finit pas de me stupéfier. On pense que c’est fini, qu’il est peut-être temps de passer à autre chose, que le reggae et le jazz c’est bien aussi, pourquoi ne pas mettre des cravates finalement et regarder l’athlétisme le dimanche à la télé, puis heureusement une poignée de groupes émergent du néant pour nous ramener à la raison. Il faut cependant nous rendre à l’évidence sur un point : après plus de soixante ans d’évolutions, bifurcations, revivals de plus ou moins bon goût et régressions jouissives, la liste des noms à disposition s’amenuise dangereusement. D’où Cheveu. Après la vague des "The" en début de décennie dernière et la saturation sur-consommée de l’adjectif "Black" peut-être entrons-nous dans l’ère des dénominations capillaires. Une situation à méditer.
(Like A Deer In The Headlights)
(Like A Deer In The Headlights)
Par chance Cheveu a pour lui autre chose que son nom, à la différence de glorieux ancêtres tels que les cultes Question Mark And The Mysterians. Le groupe évoque énormément Liars dans sa façon particulière de marier l’apocalypse à une certaine légèreté. Signés chez Born Bad Records, ces mecs nous ont pondu un album qui présente d’étranges similitudes avec un carton d’invitation gaiement serti de dessins d’enfants dans l’intention de promouvoir un suicide collectif. Le tout avec une nonchalance absolue. On navigue à vue entre chansons à hurler en concert, hymnes à la gloire de Charlie Sheen et morceaux lourds psalmodiant des diatribes incompréhensibles. La meilleure illustration de cette ambiance ironique et désespérée est entièrement contenue dans un morceau issu d’un enregistrement isolé, C'est ça L’amour, pour lequel je ne parviens toujours pas à affirmer si David Lemoine nous fait part de sa félicité ou de sa désillusion la plus totale devant ce truc dont ils parlent tous là, l’amour. Où l'on hésite constamment entre joie et abattement devant cette ode déçue aux grands sentiments, cette blague.
Et l’album en lui-même ? Des tubes imparables (Quattro Stagioni), des morceaux à sauter contre les murs (The Return Game), de l’indus dans le propos (Ice Ice Baby) et parfois les trois mêlés (Like A Deer In The Headlights). Cheveu ose tout, enchainant les parties de basse grasses aux phrasés hip-hop avec une inventivité jubilatoire. Et autant vous prévenir dès maintenant : on entend parfois des cordes. Mais même avec cet ajout à priori particulièrement casse-gueule Cheveu s’en sort avec les honneurs, car ici on fait parfois dans le second degré mais jamais dans l’ornemental.
(No Birds)
Si ce groupe est encore loin d’avoir sorti son "Sisterworld" malgré un potentiel répulsif semblable auprès de mes amis (bien qu'il fasse appel à cette perversité qui consiste à placer les morceaux les plus pop en début d'album pour mieux leurrer les oreilles chastes), Cheveu a l’immense mérite de faire sortir une frange du rock français de ses complexes avec ce disque protéiforme et jamais chiant.
Arthur
Et l’album en lui-même ? Des tubes imparables (Quattro Stagioni), des morceaux à sauter contre les murs (The Return Game), de l’indus dans le propos (Ice Ice Baby) et parfois les trois mêlés (Like A Deer In The Headlights). Cheveu ose tout, enchainant les parties de basse grasses aux phrasés hip-hop avec une inventivité jubilatoire. Et autant vous prévenir dès maintenant : on entend parfois des cordes. Mais même avec cet ajout à priori particulièrement casse-gueule Cheveu s’en sort avec les honneurs, car ici on fait parfois dans le second degré mais jamais dans l’ornemental.
(No Birds)
Si ce groupe est encore loin d’avoir sorti son "Sisterworld" malgré un potentiel répulsif semblable auprès de mes amis (bien qu'il fasse appel à cette perversité qui consiste à placer les morceaux les plus pop en début d'album pour mieux leurrer les oreilles chastes), Cheveu a l’immense mérite de faire sortir une frange du rock français de ses complexes avec ce disque protéiforme et jamais chiant.
Arthur
Il a des bollocks ce disque.
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