C'est entendu.

mardi 5 avril 2011

[Vise un peu] Burial, Panda Bear, Pantha Du Prince & Justice


Burial - "Street Halo" (EP)

La musique est belle, et c'est parfois tout ce qui importe. Burial, de son vrai nom William Bevan, signe "Street Halo" (chez Hyperdub, comme toujours) et offre aux aficionados de l'ambient dubstep un EP des plus riches et raffinés. Depuis 2007 et le splendide "Untrue", on attendait le retour du génie anglais et c'est avec trois plages éthérées qu'il réintègre nos lobes endoloris. "Street Halo" prouve une fois de plus le talent de son créateur et donne la parole aux voix angéliques, tellement caractéristiques de son œuvre. L'EP sillonne des ruelles sombres, feutrées, où motifs et odeurs évoquent une noire Sibérie. Émotif sans être sentimental, "Street Halo" est une pièce qui se joue de la tristesse et s'enivre de beauté. Une œuvre majeure !









Panda Bear - "Surfer's Hymn" (Single)

La pochette l'annonce haut et fort : "TECHNO". Noah Lennox, mieux connu sous le pseudo de Panda bear, a choisi de sortir ce nouveau single sous l'égide du prestigieux label allemand Kompakt. Le titre n'a pourtant rien de techno. Chose peu étonnante puisqu'on sait que le label teuton ne se limite plus, depuis longtemps, aux descendants de Plastikman mais ouvre ses studios à divers genres. Surfer's Hymn évoque des vagues qui se fracassent avec nonchalance sur une côte ensablé. Une mélodie déstructurée et la voix psyché, droguée aux mille effets, de Noah inondent de chaleur une plage désertique. Ce morceau n'est certainement pas ce que le chanteur d'Animal Collective a offert de plus pervers ou subversif, mais il développe une atmosphère atypique et addictive. Le remix de Actress Primitive Patterns se veut, quant à lui, beaucoup plus techno et plane langoureusement dans les airs aux rythme de beats soutenus. Surfer's Hymn est l'énième single qui annonce l'arrivée prochaine de "Tomboy", le second LP de Panda Bear. Comme toujours avec lui, si vous n'adorez pas, vous risquez de détester.









Panta Du Prince - XI Versions of Black Noise (LP)
(ici, le remix de Moritz Von Oswald de Welt Am Draht)

Je vous avais déjà expliqué l'absurdité et la non-nécessité d'un album-remix, concept nul visant davantage à renflouer les caisses qu'à satisfaire les oreilles. Pourtant, comme toujours il y a des exceptions à la règle. "Black Noise" de Pantha Du Prince était l'un des grands albums électroniques de 2010. Il dessinait avec allégresse des paysages flous, sombres et amers et nombres des pistes portaient en elles un véritable potentiel. Cette relecture parvient à rendre enfin viable le concept d'album-remix. Pourquoi ? Parce que des gens tels que Moritz Von Oswald, Four Tet, Animal Collective ou encore Efdemin se sont prêtés au jeu. On ne retrouve que cinq tracks de l'album original, déclinées chacune en remixes tous plus diversifiés les uns que les autres. L'album nous montre les possibilités infinies qu'offre le remix de qualité et donne à écouter les morceaux différemment. Les grands moments sont créés par Moritz Von Oswald, Die Vogel, Carsten Jost, ainsi qu'Animal Collective. Certes, ils n'y transforment pas l'or en étoile mais au moins, rien n'est raté.









Justice - "Civilization" (Single)

Vous vous souvenez de 2007 ? Ed banger confondait rock et électro dans les boites branchouilles, et ce pour le plus grand plaisir (?) de ceux qui étaient encore trop frileux pour s'aventurer sur des dancefloors trop électroniques. 2007 fut un grand moment pour ce label, car ils signèrent un album qui allait devenir "universellement" connu (ainsi qu'il est dit dans le prétentieux album live consécutif). Je parle bien sûr de "Cross" de Justice qui, s'il sombre dans une certaine naïveté vulgaire, porte son lot d'efficacité. Seulement voilà, 2007 c'est fini. Le monde évolue, pas Justice. Civilization donne au bon gout ses lettres de roturier et fait affront au terme "d'esthétisme". Une guitare ultra-saturée, un charleston copié sur Black Sabbath, une voix semblable à mille autres productions du genre... Si certains diront que "le but est de faire danser les gens", reste à savoir quels cochons sans oreilles oseront remuer leurs graisses molles sur ces mélodies grotesques ? On ne danse décemment pas dans la boue... On s'y tache.






Julien Masure

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