C'est entendu.

vendredi 22 avril 2011

Page Blanche #5


par Joe Gonzalez
art par Jarvis Glasses



Si vous pensiez que c'en était fini, vous aviez tort.


Il y a quelques jours, Ed O'Brien a annoncé par voie d'interview qu'il n'était pas utile d'attendre un autre disque : il n'y en aura (presque) pas. Je vais y revenir. Laissez-moi tout d'abord faire un saut en arrière.


Malgré de pressantes velléités de guérilla vis à vis de ce disque, j'ai décidé de suivre les sages conseils de mon confrère Joseph Karloff, de prendre un peu de recul et d'attendre quelques jours de plus avant de publier cette critique. Puis un mois entier. Puis deux. Admettons donc que tout le monde a pu écouter "The King of Limbs", lire une dizaine d'articles à son sujet et se renseigner à propos de la fameuse controverse, que je vais tout de même rappeler pour les moins cinglés parmi vous. C'est simple, l'album était sensé paraitre le 19 Février, un Samedi, au format digital, c'est à dire via le téléchargement payant, et ce avant sa sortie physique le 9 Mai suivant sous la forme d'un "album journal" (ne me demandez pas ce que ça signifie (*)).

Or Ed O'Brien annonça le Vendredi 18 que le téléchargement était lancé plus tôt que prévu.
Or l'album, attendu depuis quatre ans, ne dure que 38 minutes.
Or ces 38 minutes ne sont réparties que sur 8 chansons.
Or parmi ces 8 chansons, l'une est instrumentale, l'autre est une composition vieille de bien dix ans.
Or la dernière de ces chansons laisse attendre une suite ("If you think it's over / Then you're wrong", in Separator).
Or et surtout or, les compositions proposées sonnent moins comme le nouvel album de Radiohead que comme un second album solo de Thom Yorke.


1) 8 chansons, 38 minutes. Quatre ans pour ça ?

La théorie underground du complot voulait donc que tout cela ne soit qu'une collection de chansons annonciatrice de l'œuvre véritable, un magnum opus gardé au frais histoire de mieux surprendre son monde, de clouer le bec aux critiques acerbes (qui firent rapidement surface par delà le Net) et si une telle théorie a pu naître simultanément dans l'esprit d'auditeurs aux quatre coins du globe, sans consultation aucune (au début en tout cas), ça n'est pas pour rien. Les quatre ans d'attente entre "Hail to the thief" et "In Rainbows" avaient accouché d'un album "gratuit" doublé d'un disque bonus, soit un peu moins d'une vingtaine de chansons publiées et l'attente se voyait en un sens "justifiée". Cette fois-ci, quatre ans d'attente supplémentaire ont abouti à... pas assez. L'accumulation d'indices (volontairement ou non disposés par Radiohead, et si c'est de leur fait, cela n'annonce même pas forcément une suite, mais peut-être seulement un jeu de leur part) en a rendu fou plus d'un, et notamment ce type qui s'est pris pour Jim Garrison et a rassemblé pour vous tous les indices.


Mais l'attente est terminée, il n'y aura pas d'album-caché-surprise-génial. En guise de lot de consolation, Radiohead a publié lors du Disquaire Day un single comprenant deux nouvelles chansons, certes déjà rodées sur scène depuis des mois, mais néanmoins toutes neuves d'un point de vue discuscrit (de ce qui est gravé sur disque). Voilà pour le contexte. Maintenant, que valent-elles ces dix chansons ? Marquent-elles réellement un retour du valeureux guerrier Radiohead après quatre années d'exil ? Pas vraiment.



2) Un biopic sur la vie d'Ed O'Brien

D'abord parce que l'album ne donne pas vraiment à entendre Radiohead, pas comme sur, disons Dollars and Cents, par exemple. Je sais je sais, il a été dit et redit que les musiciens n'avaient pas, lors des sessions d'enregistrement, un rôle défini. Je sais que la basse que l'on entend sur telle ou telle chanson n'est pas FORCEMENT l’œuvre de Colin Greenwood, je veux bien le croire, m'enfin vous n'allez tout de même pas me faire gober qu'un bassiste (aussi doué que Colin) n'est pas responsable de la majorité des basses sur les disques du groupe. Et la même chose vaut pour la guitare de son frère Jonny, la batterie de Phil Selway et les... ah non, ça ne marche pas pour Ed O'Brien, mais d'un autre côté, à la question (que je ne poserai pas) "Où est Ed ?" la réponse est évidemment qu'on ne sait pas, mais c'est le cas depuis des années, alors à quoi bon s'en faire.

J'imagine très bien Ben Affleck reprendre le rôle.

Ed O'Brien est le type le plus veinard au monde : il fait partie de Radiohead, n'en branle pas une (ou en tout cas il ne se vante pas de ses trouvailles), et comme c'est le moins moche (est-ce pour cela qu'on l'envoie si souvent répondre aux interviews ?) il a du tirer plus de groupies que les autres et ça c'est la vie rêvée d'Ed O'Brien. Ensuite que la majorité des lignes de basse pas trop trafiquées et les quelques batteries non-machine soient jouées par Colin Greenwood et Phil Selway, ça parait quand même plausible, non ? La question n'est pas là, elle est ici : Où est Jonny Greenwood dans tout ça ? Vous l'entendez, vous ? Même au plus fort de la cohésion artistique entre ses membres (de 97 à 2001 en tout cas), Radiohead était avant tout la collision créatrice entre l'esthète punk fana d'électronique (Thom Yorke) et l'élément perturbateur mettant le feu aux poudres, dont les ondes martenots et les soli de guitare faisaient l'atmosphère et le son du groupe (Jonny Greenwood, dont le tchac tchac nerveux de guitare sur Creep visait à la saboter et en fit le début de tout). Vous entendez Jonny sur "The King of Limbs" ? Moi pas.

Colin Greenwood, las de la mainmise de Yorke, a récemment décidé de l'empaler sur scène, mais le malheureux a oublié de se munir d'un pied de micro aiguisé.

Et c'est là que je veux en venir, avant même de vous parler des chansons, de leur qualité intrinsèque. Je veux parler de Radiohead, mon Radiohead, le premier groupe dont je puisse avouer avoir été un fanatique dévolu (pas de quoi s'en vanter, mais je ne regrette rien, c'est un sentiment assez agréable tant qu'il ne dure pas et ne fait de mal à personne). Et Radiohead sans Jonny n'est qu'un backing band de luxe pour Yorke.


Je ne dis pas ça par rapport au clip de Lotus Flower, dans lequel Thom apparait seul, ça n'est certes pas le premier du genre, souvenez-vous ne serait-ce que de No Surprises et la liste est longue mais "The King of Limbs" est plus proche de "The Eraser" (le premier album solo de Yorke, en 2006) que d'"In Rainbows". Court, il sonne davantage comme l'électropop claire-obscure de Yorke que comme les tubes post-modernes du double LP de 2007. D'ailleurs, ce dernier était peut-être un mauvais album de bonnes (voire très bonnes, ne réécoutez-vous pas Bodysnatchers en montant le volume au max, de temps à autres ?) chansons mais s'il était inégal ça n'était que naturel venant de Radiohead, dont le propos d'alors n'était pas d'enregistrer un grand album (ils l'avaient déjà fait au moins deux fois et pour un groupe avec quinze ans de carrière ça n'est pas mal du tout - et puis de toute façon, l'enregistrement de "Hail to the Thief", ce best-of à peine déguisé, leur avait prouvé qu'il leur serait difficile de recommencer) mais plutôt de graver de bonnes chansons et de changer leur statut. Comme si le succès de 2+2=5, leur véritable tube de la première moitié des années zéro, leur avait donné l'envie de passer à autre chose, de chasser l'introspection, l'expérimentation et l'aura de gourous avant-gardistes à coups de balai pour revenir sur le devant de la scène comme des musiciens au savoir-faire pop indiscutable. Leurs vies n'étant plus les mêmes (Jonny Greenwood s'était enfin affirmé à travers des bandes originales et des collaborations et Thom Yorke n'était plus l'homme le plus triste au Monde et commençait déjà à poser sa voix sur tous les disques les plus cools du marché), il leur fallait montrer aux innombrables jeunots qui étaient les patrons et en cela, "In Rainbows" fut une réussite totale : Pitchfork adorait, les tournées continuaient d'abonder, Radiohead n'était même plus "ce groupe culte qui a amené la pop plus loin", ils étaient devenus tout simplement cools, proposant des chansons non pas en avance de dix ans sur la concurrence mais au contraire PILE dans la tendance ("In Rainbows" était parfaitement à sa place aux côtés de "Sound of Silver", "We were dead before the ship even sank" ou "Andorra", personne ne pouvait le nier).


3) Pourquoi ?

Alors où va Radiohead en 2011 ? En publiant quelque chose de plus audio-unifié, des chansons qui semblent davantage se suivre et former un tout, un petit, un tout petit tout, c'en est fini de l'attitude de vache-à-lait-pour-hipsters consistant à offrir de la matière tubesque dans tous les registres pour que chacun puisse se la donner grave. Radiohead (ou Thom Yorke, peu importe finalement, l'absence de multi-individualisme sur cet album est un défaut selon moi mais n'empêche pas les chansons d'être intéressantes) a donc enregistré un ALBUM. Comme avant "HTTT". Pas de stratégie commerciale à l'horizon mon capitaine. En dehors de tout le foin autour de la parution elle-même, les chansons et le disque ne semblent pas découler d'un désir de Radiohead d'aller dans une direction par rapport aux médias et aux auditeurs. Ce qui signifie que la volonté du groupe de faire un véritable album et de ne pas le surcharger de chansons obsolètes (enfin, attendez que je vous parle des chansons) est une décision artistique, que l'on peut prendre... bien. Comme une envie de refaire de la musique pour l'idée de faire de la musique. Mais pour quoi faire ?

En 10 ans, les concerts ont rigoureusement changé d'ambiance.

N'ayant plus rien à prouver, gagnant certainement très bien leur vie avec les royalties de leurs disques et les innombrables concerts à guichets fermés qu'ils donnent depuis des années, touchant à tout ce qui leur tombe sous la patte pour ne pas s'ennuyer (Yorke apparait en guest partout, fait le DJ à des soirées très sélect, a un groupe de scène avec Flea des Red Hot dedans, pendant que Phil Selway sort un album de soft rock, etc), à quoi bon continuer d'enregistrer ensemble ? Pour le plaisir ou que l'on parle d'eux ? Allons, ils n'ont pas besoin de ça. C'est donc peut-être qu'il y a derrière ce disque autre chose, un message politique peut-être (on connait les lubies activistes de Yorke) ? La réponse est non, une fois de plus.

Pendant que Polly Jean Harvey, qui n'avait jusque là parlé que d'elle (ou de sa condition de femme), dédie son meilleur album à l'Angleterre et se tourne vers le (ou se ferme au, c'est selon) Monde, Thom Yorke semble avoir pour l'instant abandonné toute velléité politique, en tout cas par le biais de ses paroles puisqu'on n'avait jamais vu, de toute la carrière de Radiohead, disque plus ego-centré (où l'ego est celui du groupe). Son propos, si on peut appeler propos les thèmes abordés par Yorke dans les paroles, est davantage expressionniste qu'humaniste. Le chanteur semble s'être finalement désintéressé des turpitudes des rapports sociaux universels et son interlocuteur ne reçoit pas d'autre conseil que celui de ne pas chercher à comprendre ("Don't blow your mind with why" in Bloom). En fait, Yorke semble philosopher sur Radiohead, sur sa situation médiatique compliquée ("Never be an artist never get judged" in Little by Little ou "I will sink and I will disappear" in Lotus Flower) et tenter de dédramatiser la pression qu'il sent peser sur ses épaules en imageant plus que d'habitude son propos ("Just dragonflies, fantasize / No one gets hurt, we've done nothing wrong" in Codex). Comme si avec ce disque, Radiohead passait un nouveau cap, tentait une fois de plus de liquider son image (après celle du groupe déprimé, celle du groupe superstar qui ne peut rien louper), et qui bourgeonne (en anglais "to bloom") lentement ("Slowly we unfurl as lotus flowers" in Lotus Flower), comme en gestation prolongée avant une nouvelle vie, puisque comme il le chante dans Separator, "Si vous croyez que c'est fini, vous avez tort". Si Yorke parle pour les quatre autres musiciens, c'est plutôt une bonne nouvelle : pas de split en vue, les choses ne font que (re)commencer, Radiohead fait une pause en 2011, le temps d'un album sans contenu mais rempli d'un désir de création renouvelé, ce qui, en plus d'expliquer le peu de chansons et l'absence de ce disque-bonus-espéré (mais totalement illogique si l'on écoute les paroles de Yorke) augurerait (revenons au conditionnel, soyons sérieux, l'enthousiasme est peut-être prématuré) d'une suite intéressante, voire passionnante, qui ne dépend que du baiser d'un Prince métaphorique sur les lèvres de la demoiselle Radiohead, qui ne demande qu'à se réveiller ("When I ask you again, wake me up" in Separator), pour de bon cette fois, et dans un futur proche, espérons-le.


(Separator)



4) Un bond en avant pour un marathon en arrière

S'il n'est aucun concept, aucune idéologie particulière, aucune autre envie derrière "The King of Limbs" que celle de créer, on ressent très vite les velléités du groupe à s'inspirer des dernières tendances, ou en tout cas des avancées stylistiques qui étaient à la pointe de l'actualité lorsque l'album était en plein processus créatif, à savoir le glitch de Flying Lotus et le dubstep anglais de Burial.

De ce fait, l'album ne sonne pas "comme du Radiohead" (les moins aguerris vous diront que si, mais c'est simplement qu'ils ne parviennent pas à se dépêtrer de la voix de Thom Yorke). La glitch pop (si si, le terme existe), cette musique saccadée, conçue à partir de samples et de collages, dont la batterie semble constamment tressauter, la basse tourner en boucle, cette sensation de disque qui saute, on l'entend sur les meilleures chansons de l'album et c'est là que se trouve la part de réussite de "The King of Limbs". Le son et la conception-même de la construction musicale de Radiohead (et Yorke en solo) sont pour le coup bouleversés, révolutionnés pour le meilleur, pour la nouveauté et ça fonctionne. Les plus grandes victoires du disque sont de cet acabit : Bloom, dont la basse ronde vous tient par le col jusqu'après son dénouement, tandis que la batterie sèche racle le sol à intervalles continus comme pour labourer la terre fertile d'un Nouveau Monde. Feral, qui va jusqu'au bout du concept et entraine le chant dans cette mécanique du collage à tout prix (même à celui de ne pas valoir pour autre chose que sa conception structurelle - de la musique méta-discursive en somme). Ou bien Separator, probablement la meilleure chanson du lot, qui amène le bégaiement plus loin encore en le noyant dans la mélodie et en l'ornant délicatement de belles parures (les guitares - peut-être l’œuvre de Jonny ? - cristallines à la fin) et où les mots répétés par Yorke sont incroyablement forts.


(Bloom)

Et puis il y a le reste. Little by Little, Supercollider, Lotus Flower et Morning Mr Magpie, loin d'être loupées (ce sont même quatre chansons réussies, et particulièrement en ce qui concerne le single), déçoivent en n'étant que dans le prolongement de "In Rainbows" : des popsongs malines, modernes et usant de ressorts unanimement considérés cools (le krautrock sur Magpie et Supercollider, l'électronique anglaise sur Lotus Flower...).

Enfin viennent les ratés. Codex, d'abord, qui n'est rien sinon une nouvelle mièvrerie "à la Yorke", un nouvel attentat de la Grande Chialerie Internationale, un marathon (dix ans) en arrière après le bond en avant de la première face de l'album. The Butcher c'est Thom Yorke vraiment pas au mieux de sa forme puisqu'il reprend la formule-type de "The Eraser" : une basse minimale, pas grand chose de plus, et il n'a plus qu'à chanter et faire des "ooh ooooo" et à appeler ça une chanson. Give up the ghost a au moins le mérite, comme en général les moins bonnes chansons de Radiohead, de parvenir à convaincre sur un détail grâce au chant (à partir du moment où l'on n'y est pas réfractaire), mais que d'efforts fournis avant d'arriver à ce "Into your arms" final, beau mais presque anecdotique. Avant d'y parvenir, on s'est tout de même fadé Thom Yorke ressortant la guitare (qu'il laisse ça à Jonny Greenwood !) pour jouer une chanson que Robin Pecknold aurait aimé écrire pour le second LP de Fleet Foxes (qui n'est pas fameux) en grand fan de Radiohead qu'il est et alors le coup du serpent qui mord la queue du serpent qui lui mord la queue, c'est d'un ennui !

(La descente du Christ dans les Limbes, de son plein gré, s'est faite entre le Vendredi Saint et le jour de Pâques. Coïncidence ?)

"The King of Limbs" est exactement ce que son titre indique (les Limbes, dans la religion catholique, sont une métaphore pour le flou, un état intermédiaire dans l'au-delà entre la mort et l'après-vie), un temps d'arrêt d'une durée indéfinie, marqué par un groupe qui avait certainement besoin de livrer un album "mineur" loin d'être entièrement réussi. De se laisser le confort de ne plus être au-dessus de l'échec, de s'extirper une pression insupportable, avant d'enfin, bientôt, se sentir à nouveau capable de créer, sans la croix marquée "KID AMNESIAC" à se trimballer avant de faire le moindre pas en avant. Tout comme le rythme lancinant et saccadé des chansons les plus significatives qui le composent, c'est un disque qui n'avance pas plus qu'il ne recule, qui bégaie pour se laisser le temps de mieux prononcer, bientôt, un nouveau discours historique. Pour toutes ces raisons, la note qu'il convient de lui attribuer ne peut-être que

On y verra peut-être une sous-estimation. Est-il juste de hausser la barre de nos espérances simplement parce qu'il s'agit de Radiohead ? Certains penseront que non. Que Thom Yorke et ses amis ne méritent pas d'être si régulièrement remis en question. Qu'après tout, ils ont déjà fait leurs preuves plus d'une fois, ce qui devrait au moins leur assurer un peu de répit. Permettez-moi de penser différemment. En jugeant Radiohead plus sévèrement que d'autres, j'ai l'impression d'abonder en leur sens, de leur faire une fleur. Il m'est arrivé d'être indulgent, parfois laxiste mais aujourd'hui je considère qu'il est de mon devoir d'évaluer le travail de Radiohead et pas celui d'un groupe lambda. Pour n'importe qui d'autre, "The King of Limbs" et son single seraient des réussites, pas pour Radiohead. Ils n'avaient pas envie d'enregistrer un chef d’œuvre, mission accomplie.


(*) : Avez-vous eu votre exemplaire ? Il en était distribué aux quatre coins du monde circa le 28 Mars dernier, et si vous n'étiez pas là, il vous faudra casquer sur e-bay pour acquérir votre numéro unique de The Universal Sigh. Ou alors imprimer la version numérique gracieusement fournie par l'Internet. Je vous préviens d'emblée : c'est une affaire de collectionneurs fanatiques et le contenu ne changera la vie de personne.

24 commentaires:

  1. Je comprends en effet le point de vue qui consiste à juger l'album à l'aune de la discographie de Radiohead, et que l'on attende un peu plus de ce groupe que d'un autre - surtout compte tenu de l'état de la pop anglaise... - cependant, est-ce possible de chroniquer de nos jours un album de Radiohead sans se livrer à une méta-critique ? Ils n'ont pas de chance les Radiohead, ils n'ont plus le droit à l'erreur. Et si The King of Limbs (aucun rapport avec les "limbes", soit dit en passant), n'était qu'un disque sans grande prétention, de la musique à prendre ou à laisser ? C'est frustrant de ne pouvoir lire la moindre chronique autour de ce disque qui ne parlerait que de la musique, sans s'interroger et discourir sur la façon d'appréhender la musique... Bordel, ce n'est que de la pop !

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  2. Les limbes : in limbo.
    Les branches : limbs.
    D'où la photo du groupe près de l'arbre mythique, "the king of limbs".

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  3. Tout comme le rythme lancinant et saccadé des chansons les plus significatives qui le composent, c'est un disque qui n'avance pas plus qu'il ne recule, qui bégaie pour se laisser le temps de mieux prononcer, bientôt, un nouveau discours historique.

    Un nouveau discours historique?!

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  4. Anonyme 1 : Je pense avoir été suffisamment loin dans mon approche pour que ta question reste sans réponse : si l'on est de ceux qui n'ont pas envie de réfléchir autour de la musique, si l'on ne veut QUE parler de ce que l'on entend, d'une part il ne faut pas lire une Page Blanche (ça tombe sous le sens) et d'autre part, il suffit de ne lire que la quatrième partie de l'article pour se rendre compte que même sans le contexte, les trivias, les paroles, les interprétations et les théories fumeuses, je parle de leur musique pour ce qu'elle est : du son. Et la note donnée à l'album découle avant tout de la partie 4, pas des autres.

    Anonyme 2 : C'est gentil de me donner un cours d'anglais, mais ça n'est pas vraiment la peine (in limbo = dans les limbes, d'ailleurs). Je pensais que mon jeu de mot limbs/limbes serait compris comme étant une volonté de ma part d'ajouter de l'eau à un moulin théorique fumeux :D

    Raph : C'est une métaphore. Kid Amnesiac était un discours historique à sa manière. Peut-être pouvons-nous attendre de Radiohead autre chose qu'un "disque sans grande prétention", un nouveau "statement" comme disent les anglais, qui marquerait l'histoire de la musique. Peut-être suis-je beaucoup trop naïf, aussi.
    AH et puis "discours historique", "bégaiement" >> Colin Firth.

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  5. Très fameuses tofs.

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  6. TLDR.

    Non sérieusement:

    "Pour n'importe qui d'autre, "The King of Limbs" et son single seraient des réussites, pas pour Radiohead."

    Disagreed.

    Au contraire, justement parce que c'est un album de Radiohead certains lui ont laissé du temps, l'ont laissé murir en eux et au final ont réussi à faire un travail sur eux-même pour l'aimer.
    Un groupe lambda n'aurait pas eu cette chance, et son album serait tombé dans l'oubli, tant celui ci est quelconque, à deux doigts d'être ennuyeux.
    C'est vrai quoi, on n'a plus le temps aujourd'hui d'écouter dix fois un album dont on n'attend pas grand chose à la base, qui en plus ne nous a pas accroché à la première écoute, tout ça pour voir s'il ne se révèlera finalement pas être un grand album.
    Qui attendait quelque chose de cet album franchement? Oui... On pouvait être curieux de ce qu'ils allaient faire. Mais en deux écoutes on avait compris. Et on n'y revenait plus.

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  7. Théories fumeuses, effectivement.

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  8. Blondin : Disagreed too.

    Je ne prétends pas agir comme la majorité, mais j'ai tendance à donner plusieurs chances aux disques, même s'ils me paraissent mineurs ou inintéressants en première écoute, et même s'ils ne viennent pas d'un dinosaure tel que Radiohead.

    Par ailleurs, j'ai beau considérer TKOL mineur et un peu raté, je l'écoute énormément. Disons plutôt que j'en écoute les meilleures chansons très régulièrement (Bloom-Lotus Flower-Separator surtout).

    En fait tu sembles dire que si l'on reconnait un album mineur ou semi-raté, on l'oublie. Je ne suis pas d'accord du tout ! L'album de Obits dont j'ai parlé il y a quelques jours (et qui a obtenu la même note que TKOL) tournera encore un moment sur ma platine, c'est d'ailleurs toute la théorie que j'échaffaudais dans cet article-là : parfois un disque mineur est indispensable.

    Pour revenir à ce que tu dis, j'ajoute que j'en attendais quelque chose, de cet album. Pas ça, mais peu importe, car je suis finalement assez heureux qu'il ne soit "que" ça. Et mes deux premières écoutes ont été aussi peu ragoutantes que les tiennes, décevantes, au point d'en dire énormément de mal à chaud (la passion brulante).
    Mais (et ça n'est pas PARCE QUE c'est Radiohead), je l'ai écouté, encore et encore et il m'a fallu deux mois (comme il a fallu quatre ans au groupe) pour publier cet article, qui certes n'est pas sorti JUSTE après la parution des mp3s (pour en dire du mal, DONC, LOGIQUEMENT, sans recul) mais après une certaine réflexion. Pas parce que c'est Radiohead. Mais parce que lorsque l'on s'intéresse un peu à la musique pour autre chose que les notes, il est nécessaire d'avoir pas mal de recul, selon moi, pour décortiquer un disque qui, en plus d'être intéressant du point de vue de la musique qui est jouée et des mots qui sont prononcés, est digne d'une étude conséquente en cela qu'il parait dans des conditions extraordinaires, et surtout, qu'il est le HUITIEME disque d'un groupe.

    Ecouter deux fois le premier album mineur d'un groupe qui vient de débarquer et qui n'a rien à prouver ni rien prouvé, avant de l'oublier, ça n'a selon moi rien à voir avec écouter deux fois un huitième album mineur d'un groupe au passif lourd et que l'on sait avoir des penchants avant-gardistes. Difficile d'en reste là, dans ce cas-là, non ?

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  9. D'abord, permets moi de remettre en cause le fait que tu n'aies pas été plus patient avec cet album qu'avec d'autres. Le fait même que tu en fasses un article "Page Blanche" abonde dans ce sens je crois. Mais ça ne change rien de toute façon.

    Que ce soit le 8ème album du groupe ne change rien pour moi. Je crois qu'on laisse du temps à un album parce que d'une certaine manière on croit en lui. Pour ce qu'on en a retiré dès les premières écoutes, parce qu'un ami en a dit du bien, ou parce qu'on s'attend à y trouver quelque chose d'intéressant pour une raison ou une autre. Premier ou 15ème album.

    Le penchant avant-gardiste que l'on connait au groupe est effectivement quelque chose qui aurait pu me faire insister, mais là où Kid Amenesiac était captivant, je trouve TKOL neutre. Pas mauvais mais neutre. Oublié sitôt écouté. Et ce après la première comme la dixième écoute. Peut-être que le temps me donnera tord, mais j'en doute.

    Mais que ce n'est pas parce qu'un album est mineur ou contient un paquet de chansons ratées que je l'oublierai. Je suis plutôt de ton avis pour le coup. Les Moldy Peaches, The Van Pelt, ou même Obits dont j'ai écouté les pistes de ton article rentrent dans cette catégorie par exemple. Mais je peine à trouver des "meilleures chansons" dans TKOL, et je ne le range pas à coté de ces derniers...

    Je reconnais cependant que je n'ai généralement pas cette sensibilité que tu as par rapport au propos d'un album. Je ne m'y intéresse souvent qu'après avoir été conquis par la musique (sauf pour le rap évidemment) et c'est peut etre dommage.

    Aussi, il y a un consensus général parmi les gens que je fréquente pour dire que j'écoute de la musique bizarre, mais je reste toujours étonné de voir des gens aimer la drone music, le noise, la minimal, the effect of 333 de BRMC ou cet album de Lou Reed dont vous aviez parler un jour. J'ai systématiquement envie de passer à la piste suivante, et je n'arrive pas à écouter ce genre d'album en entier. Enfin tout ça pour dire que certains albums me laissent froid. C'est le cas de TKOL.

    Tant pis et tant mieux.

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  10. Juste une petite précision concernant l'astérisque : le journal The Universal Sigh distribué le 28 mars n'est PAS l'album journal qui lui sera expédié en mai. ;) (c'est marqué à la fin)

    Fameuse analyse, sinon, et bien plus intéressante que les indénombrables "c'est chiant, etc.." qui n'apportent rien de plus. Même si je ne suis pas d'accord sur la note finale (en fait je lui mettrai 4 justement parce que le fait de ne faire qu'un album "sympa" contrairement aux attentes placées en eux je trouve ça couillu, et qu'enfin même si je ne retrouve pas vraiment le groupe que j'aime le contenu musical en lui-même me plait beaucoup finalement. En fait j'en arrive à la conclusion inverse de toi : j'ai envie de les juger sans penser au passé - d'ailleurs HTTT est mon préféré, en plus).

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  11. Fameux article. Bravo chef. Même si je ne partage pas ton aversion pour Codex, que je trouve magnifique et pas du tout geignarde comme tu le suggères. C'est marrant parce que je lis beaucoup que cette chanson est nulle parce qu'elle serait du une caricature de Radiohead : je mets au défi quiconque de trouver la moindre chanson de Radiohead qui serait semblable à Codex.

    Par contre j'avoue avoir eu très peur quand en 2008-2009 on a eu droit aux pires chansons de RH depuis Pablo Honey, à savoir les abominables The Hollow Earth (eurk !) et Harry Patch (re-eurk !). TKOL est bien loin de ça heureusement.

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  12. Il faudrait arrêter d'employer "Fameux" à tout bout de champ. Il y a un gars qui a employé ce mot une fois et depuis tout le monde se croit décalé en l'utilisant.

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  13. +1 ! Je plussoie ce fameux commentaire ! Spa mal vu... ou pas.

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  14. Qui a parlé des Van Pelt ?!

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  15. Blondin : Je précise que si j'ai fait une Page Blanche de la chronique de ce disque, c'est avant tout parce que l'article était extrêmement long.


    Matt : Mea culpa, je pensais que la version "journal" de l'album serait accompagnée du même journal.

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  16. page blanche, blanche page, article extremement long...

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  17. Il a pas l'air en super forme Ed là-dessus !

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  18. Super article !

    J'ai pas écouté le cd et à vrai dire j'en ai rien à foutre, mais n'empêche que j'ai lu l'article en entier avec plaisir, ce qui prouve sa qualité. Fort bien écrit et bien articulé, très intéressant. Bravo.

    Une seule question, pas tellement sur cet article ou sur cet album d'ailleurs, une question générale.

    A un moment tu écris :

    "Or parmi ces 8 chansons, l'une est instrumentale, l'autre est une composition vieille de bien dix ans."

    J'ai déjà lu ou entendu ça quelques fois et à chaque fois ça me laisse un peu circonspect, car dans ce type de remarque on a le sentiment qu'un morceau "instrumental" est nécessairement peu important. Comme si c'était forcément un truc secondaire voué à remplir le disque ou à combler des manques. Un truc vite fait dans tous les cas, superflu, ou facile, que sais-je ? J'ai du mal à qualifier la chose parce que précisément je ne la comprends pas. Je vois mal en quoi un morceau sans "voix" serait un morceau moins bon... Peut-être que c'est parce qu'en général sur les albums de pop, ou sur les albums majoritairement chantés, les morceaux instrumentaux sont du remplissage bien pratique et peu soigné ? Bizarre...

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  19. Cela est d'autant plus étrange qu'il n'y a pas de morceaux purement instrumentaux sur cet album. Il y a certes peu de mots sur Feral, mais il y a des mots tout de même, ce qui illustre l'attention accordée à l'album par le rédacteur de l'article...

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  20. Rémi : Tu as la réponse. En général, dans un album rempli de "popsongs" (chantées), les instrumentaux sont souvent des interludes, des introductions, des outros, ou parfois même des expérimentations... Ca n'est pas qu'il est une règle disant que ces morceaux-là sont moins bons, c'est surtout que les groupes pop ont souvent tendance à y mettre moins de soin qu'avec un morceau chanté.

    En l'occurrence, ça n'est pas le cas ici, (je dis ça pour l'anonyme idiot qui n'a pas l'air d'avoir lu l'article qu'il critique) et comme je l'ai dit, Feral fait partie des meilleurs morceaux de l'album, ceux qui vont de l'avant.

    Cependant, mes remarques de début d'article (celles qui commencent en "or"), n'étaient que des préjugés communs, des remarques que se sont faites (ou qu'ont pu se faire) les fans lors de la découverte de l'album. Dans ce cadre précis, en voyant que sur 8 chansons, il y avait une très vieille compo et une instrumentale (qui est aussi la moins longue piste du disque), le fan pouvait se trouver interloqué.

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  21. On en avait déjà parlé sur CMO mais, même si je ne suis pas d'accord avec toi sur la qualité finale de l'album, je trouve moi aussi que l'article est très intéressant et bien écrit. Je te dis donc bravo.

    Mais je voulais préciser que Codex est ma préférée, sinon de l'album, et même peut-être de toutes les chansons de Radiohead! Je trouve qu'elle dégage quelque chose de sincèrement émouvant, j'adore les arrangements de cuivres, je suis vraiment subjugué par ce morceau!

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