C'est entendu.

jeudi 21 avril 2011

[Réveille-Matin] Miles Davis - Maiysha

Bonjour à tous ! Ce matin, le room service, c'est à dire ma veste blanche, mes épaulettes dorées, mon nœud pap' et moi-même, vous a apporté de la fusion (appelez ça du jazz rock si vous préférez), cette mouvance apparue vers la fin des années 60 qui mêle les éléments de base de l'héritier du blues et du ragtime (le jazz, donc) avec ceux du rock à proprement parler et parfois même ceux du funk.

De toute façon, Miles a toujours eu un charisme de rockstar.

La trompette ainsi que la batterie, si caractéristiques du jazz, sont toujours là, mais par exemple on va troquer la contrebasse pour une basse électrique, et le piano va laisser son siège au synthétiseur. La structure et le ton même des morceaux vont s'en trouver modifiés, du fait de l'utilisation plus notoire de la guitare électrique, entre autres, mais laissons là la théorie, et voici Maiysha, de Miles Davis.

(Maiysha, partie I)

Le morceau se trouve ici tel que l'on peut l'entendre sur l'album "Get Up With It", sorti en 1974, mais vous pouvez également le retrouver, dans une version identique, sur le disque n°5 de "The Complete On The Corner Sessions", un coffret sorti en 2007 chez Columbia qui regroupe tous les enregistrements studios de Davis entre 72 et 74. Enfin, une version de Maiysha, arrangée différemment, se trouve sur l'album "Agharta" (1975), et vaut également le détour.

Si j'ai choisi de vous parler de ce morceau, ce n'est pas anodin. C'est parce que traversant une période pas facile facile, sur différents plans, Maiysha est pour l'instant la seule vraie réponse que j'ai trouvée, la seule du moins qui arrive à me happer assez fort et qui me fasse me concentrer pleinement et durablement sur autre chose que des problèmes, encore et toujours des problèmes. Le son du synthétiseur m'apaise, et les notes jouées par Davis à sa trompette visent on ne peut plus juste, comme à chaque fois me direz-vous. D'une manière générale, tous les éléments sont interprétés avec une justesse incroyable, telle la batterie légère à laquelle un tam-tam répond de la manière la plus cosy qui soit. La basse apporte, elle, ce qu'il faut de fondations, et avec ça le morceau peut s'étendre à perte de vue.

Il faut maintenant construire, et pour ça non plus, aucun problème. Il y a le synthé, déjà évoqué, mais aussi les accords soul à la guitare, plaqués avec maîtrise et revêtant un son des plus confortables, la recette étant agrémentée de soli de trompette apaisés, planants. Pas besoin de plus, à vrai dire. La structure est malléable, le rythme se casse, on joue plusieurs fois sur les silences, et tout semble comme couler de source, bercé par le doux son des cymbales, pendant un petit quart d'heure que l'on voit tout juste passer.

(Maiysha, partie II)

Vers la fin du morceau toutefois, Davis nous surprend avec une emphase sur les guitares, qui virevoltent à présent au gré de longs soli et qui viennent renforcer davantage encore l'idée de rencontre entre les genres. Parce que dans le fond, Maiysha sublime ce mélange habile entre éléments jazz et éléments rock, et voilà un chef d’œuvre, tant techniquement et musicalement qu'au sens du concept qu'il représente, que je ne me lasse désormais plus d'écouter. J'espère que vous en ferez tout autant.


Hugo Tessier


N.B : Ne vous fiez pas à Youtube, Maiysha n'est bien sûr pas scindée en deux parties.

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