Imaginez-vous une minute musicien expérimental prolifique, ayant collaboré avec des personnalités aussi diverses que Damo Suzuki ou cEvin Key, accompagné d'un collègue de longue date avec lequel vous auriez passé dix ans à créer des musiques qui jouent sur la défamiliarisation et semblent venir d'ailleurs… Imaginez-vous ainsi en train de passer un hiver gris, humide et morne dans le nord de l'Angleterre. Qu'auriez-vous envie de faire ? (À part aller au pub, bouquiner et jouer aux jeux vidéo ?) Si vous avez pensé à "écouter des disques", "faire de la musique", "inviter des amis" et "partir en voyage", bingo, vous avez trouvé. C'est exactement ce que Robin Storey et Mark Spybey (encore lui) ont fait il y a de cela quatre ans, et le résultat a été un album hors du commun.
A l'origine, "I am the source of light, I am not a mirror" n'était à vrai dire pas censé devenir un album : Spybey et Storey ont simplement enregistré de la musique librement, sans but particulier, avec divers collaborateurs (trois groupes différents, une artiste de Dresde — Ira Tannhäuser — et un marchand afghan ont participé à la création de l'album). Et les pistes qui ont résulté de ces sessions libres ont été assemblées par la suite en trois longs ensembles, chacun sur un disque… ce qui aurait pu donner un collage sans queue ni tête, une curiosité intéressante mais qui n'irait nulle part, s'il s'était agi simplement d'une série d'expérimentations sans but, inachevées et juxtaposées. Vous vous doutez bien, si je vous parle de ce disque quasi-inconnu aujourd'hui deux ans après sa sortie, qu'il n'en est rien.
(Televisionaries)
Si aucune piste ne se démarque réellement par rapport aux autres, les sons et l'évolution de la musique le long des disques font que l'album tient étonnamment bien la route et procure même une fascinante expérience. Outre les talents de Spybey (:zoviet*france:, Dead Voices on Air, Download, Damo Suzuki's Network, Beehatch…) et de Storey (:zoviet*france:, Rapoon) pour créer des musiques à la fois inhabituelles et à forte personnalité, le groupe a ici pris une totale liberté quant aux genres musicaux ; Mark et Robin ont déterré leurs instruments rock et se sont mis à explorer noise, krautrock, musique psychédélique, techno, jazz, industriel, ambient, musiques de diverses origines et bon nombre d'autres genres (qui parfois n'émergent que sur une seule piste).
Pour vous donner une idée : l'album commence par du bruit, puis apparaît une nappe ambient lointaine et éthérée, des samples de conversations, le bruit se retire progressivement, un rythme vient s'inscrire sur d'autres voix et couches sonores, on entend des notes de basses, une tension commence à apparaître avant de bifurquer sur un jeu de sitar et de drone, l'ambiance devient psychédélique et mystérieuse, en conservant par la tonalité la tension de la piste précédente sous une autre forme… trois pistes sont déjà passées sans qu'on s'en rende compte. La quatrième est quasiment indescriptible, la cinquième semble jeter les fondations d'une piste rock au niveau de la batterie mais en lieu et place de la guitare des voix viennent de nulle part, et les surprises se suivent sans discontinuer (cuivres, rythmes quasi-dance, tempos lents et carillons…).
Pour vous donner une idée : l'album commence par du bruit, puis apparaît une nappe ambient lointaine et éthérée, des samples de conversations, le bruit se retire progressivement, un rythme vient s'inscrire sur d'autres voix et couches sonores, on entend des notes de basses, une tension commence à apparaître avant de bifurquer sur un jeu de sitar et de drone, l'ambiance devient psychédélique et mystérieuse, en conservant par la tonalité la tension de la piste précédente sous une autre forme… trois pistes sont déjà passées sans qu'on s'en rende compte. La quatrième est quasiment indescriptible, la cinquième semble jeter les fondations d'une piste rock au niveau de la batterie mais en lieu et place de la guitare des voix viennent de nulle part, et les surprises se suivent sans discontinuer (cuivres, rythmes quasi-dance, tempos lents et carillons…).
(I am not a mirror)
Ça vous paraît n'avoir aucun sens ? Certes, le disque est imprévisible. Mais des liens font tenir tout cela ensemble, de la nature des sons utilisés aux tonalités en passant par certains samples récurrents, et l'effet qui découle de ce disque est celui d'un voyage à travers des contrées innombrables, d'une transmigration perpétuelle qui rend la musique prenante tout le long (et l'écoute d'une seule piste quasi-impossible). Il y a certes quelques expériences moins réussies là-dedans, des passages moins bien finis, mais ceux-ci restent assez rares pour ne pas entacher l'écoute ; et par la profusion des genres, la longueur du disque et la richesse des sons, il y a toujours quelque chose à découvrir dans cet album. Si certains préféreront le LP précédent ("The War Against…"), moins surprenant de la part du duo mais aussi admirable et peut-être plus accompli, "I am the source of light, I am not a mirror" est une superbe œuvre kaléidoscopique, unique, dans laquelle on peut se perdre des heures. Si vous tentez l'expérience, vous n'aurez pas fini d'en faire le tour.
— lamuya-zimina
N.B. : L'album est disponible en MP3 un peu partout, mais il reste encore quelques copies de la deuxième édition CD, éditée dans un packaging dont la description mériterait son propre paragraphe, chez Soleilmoon.
— lamuya-zimina
N.B. : L'album est disponible en MP3 un peu partout, mais il reste encore quelques copies de la deuxième édition CD, éditée dans un packaging dont la description mériterait son propre paragraphe, chez Soleilmoon.
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