C'est entendu.

jeudi 13 janvier 2011

[Nuit blanche] Nurse With Wound — Soliloquy for Lilith

Il y a des musiques qui glacent le sang, d'autres qui donnent envie de se flinguer. Il est des musiques encore qui semblent accueillir la personne qui les écoute dans un cocon de pénombre… Mais il y a peu de musiques qui ressemblent à "Soliloquy for Lilith" de Nurse With Wound, une œuvre abyssale, atemporelle, apparemment impénétrable et qui pourtant attire irrémédiablement par son étrangeté et sa noirceur. Six pièces sans titre (*1) qui semblent pouvoir durer éternellement et sont étrangères à toute évolution ou toute distinction entre harmonie et dissonance.

(Soliloquy for Lilith, part V)

Pas que le disque soit particulièrement bien (ou mal) composé, ou joué par un malade mental, ou quoi que ce soit. En fait, il s'agit simplement d'un synthétiseur défectueux qui s'est mis à agir comme un theremin et avec lequel Steven Stapleton a expérimenté… encore une preuve que parfois, des concepts extrêmement simples peuvent donner des résultats puissants. Et finalement, le fait que cette musique provienne d'une erreur, d'une anomalie, paraît presque approprié — comme si ce disque était une aberration, avec ses drones d'une inquiétante étrangeté (*2) qu'on croirait entendus à travers un rêve malade. ("Soliloquy for Lilith" est d'ailleurs un disque à part dans la discographie de Nurse with Wound, dont je vous reparlerai sans doute.)


Quant au titre, il se réfère au mythe de Lilith, démone associée à la nuit, au vent et à certains animaux (son nom peut apparemment se traduire par "chouette" ou "oiseau de nuit" dans certains cas). Lilith aurait été à l'origine la toute première femme, créée en même temps qu'Adam voire avant lui, et elle se serait rebellée contre ce premier homme (on peut donc voir en elle un symbole du féminisme, mais c'est là une autre histoire… enfin, je crois). La fille de Steven Stapleton s'appelle aussi Lilith. (Si Steven lui a joué cette musique comme berceuse quand elle était petite, euh… j'aimerais bien savoir ce qu'elle écoute aujourd'hui.)

"Soliloquy for Lilith" n'est pas un disque à écouter tous les jours, mais si jamais vous avez une longue nuit de solitude devant vous et que vous aimez l'étrange et/ou l'occulte, c'est une musique à nulle autre pareille ! Préparez-vous simplement à avoir des rêves inhabituels…


— lamuya-zimina



(*1) À noter que les éditions récentes de l'album (depuis 2003) rajoutent aux deux CDs de l'édition précédente un troisième disque de deux pistes, plus complexes et plus évolutives, très belles également.

(*2) À lire si ce n'est pas déjà fait : Das Unheimliche de Freud. Ça n'est pas très long et c'est intéressant !

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