Entre Aphex Twin, Orbital, Global Communication, Autechre, Underworld, The Future Sound of London, The Chemical Brothers et j'en passe, on peut dire qu'il y a eu un "âge d'or" de la musique électronique au milieu des années 90… C'est comme si tous ces artistes avaient atteint leur apogée ensemble, de 1994 à 1997, en sortant des albums définissant des sons nouveaux, des albums dont plusieurs méritent aisément le titre de chef-d'œuvre. Certains de ces artistes ont continué sur leur lancée, d'autres ont plus ou moins disparu de la scène ; plusieurs ont fait des émules, mais rares sont ceux qui ont été finalement détrônés dans leurs styles respectifs. The Future Sound of London garde à mon avis toute son originalité aujourd'hui, et je n'ai toujours pas trouvé de disque qui rivalise avec "Dead Cities" dans son genre.
Mais commençons par les présentations — The Future Sound of London, plus que des pistes individuelles, c'est d'abord un son. Un son et même une esthétique complète, un certain psychédélisme futuriste, dont les bases se révèlent et s'entendent déjà sur "Accelerator" (le premier album du groupe sous ce nom-là) mais qui s'est surtout développé avec "Lifeforms", double album quasi-ambient aux sons extrêmement organiques, associé à une imagerie qui (à l'image de la musique, même si les images ont nettement moins bien vieilli que les sons) présente une sorte d'écosystème à la fois familier et étrange, une faune et une flore qui semblent en perpétuelle mutation, une "nature" étrangère qui envahit voire déforme notre quotidien. Ce son et ces images suivront le groupe pendant toute sa carrière…
Mais commençons par les présentations — The Future Sound of London, plus que des pistes individuelles, c'est d'abord un son. Un son et même une esthétique complète, un certain psychédélisme futuriste, dont les bases se révèlent et s'entendent déjà sur "Accelerator" (le premier album du groupe sous ce nom-là) mais qui s'est surtout développé avec "Lifeforms", double album quasi-ambient aux sons extrêmement organiques, associé à une imagerie qui (à l'image de la musique, même si les images ont nettement moins bien vieilli que les sons) présente une sorte d'écosystème à la fois familier et étrange, une faune et une flore qui semblent en perpétuelle mutation, une "nature" étrangère qui envahit voire déforme notre quotidien. Ce son et ces images suivront le groupe pendant toute sa carrière…
(My Kingdom)
Si "Lifeforms" montre l'aspect le plus paisible du groupe et est l'album où la nature mutante et futuriste imaginée par Cobain et Dougans semble la plus présente, (*), "ISDN" (édité à partir de transmissions radio en direct, un album quasi-live en quelque sorte) est chargé d'une plus grande énergie et traverse plusieurs genres d'une manière spontanée ; "Dead Cities", enfin, présente un panorama plus sombre et même conflictuel, entre paysages urbains et mutations nouvelles.
L'album commence d'ailleurs d'une manière violente avec Herd Killing, à la fois chaotique et répétitive, bataille de percussions martiales et de cris — les mêmes sons qu'on retrouvera deux pistes plus loin sur We Have Explosive, piste étonnamment répétitive et abrasive, très "techno" (peu représentative du son du groupe et à mon avis moins réussie, mais qui a sa place dans l'idée de l'album). Après cette intro déstabilisante vient Dead Cities, piste à l'ambiance noire et urbaine, chargée de tension, évocatrice d'un danger imminent…
L'album commence d'ailleurs d'une manière violente avec Herd Killing, à la fois chaotique et répétitive, bataille de percussions martiales et de cris — les mêmes sons qu'on retrouvera deux pistes plus loin sur We Have Explosive, piste étonnamment répétitive et abrasive, très "techno" (peu représentative du son du groupe et à mon avis moins réussie, mais qui a sa place dans l'idée de l'album). Après cette intro déstabilisante vient Dead Cities, piste à l'ambiance noire et urbaine, chargée de tension, évocatrice d'un danger imminent…
(Everyone In The World Is Doing Something Without Me)
Et partout sur la première moitié du disque, les présences humaines que l'on rencontre sont des voix troublées, aggressives ou empreintes de regret (les cris dont j'ai parlé plus haut, le sample qui ouvre Dead Cities, le chœur féminin sur Everyone In The World Is Doing Something Without Me…), brossant un portrait fascinant mais bien sombre de ces cités (mortes ou résurgentes ?) qu'on imagine tentaculaires. Là où la nature de "Lifeforms" était auréolée d'un brin d'idéalisme et d'un certain ésotérisme, incarnés en partie par la figure récurrente de la "witch girl", les illustrations de "Dead Cities" (la première édition de l'album comprenait un livret de près de 200 pages) montrent des visages adultes, plutôt austères, ou bien déformés et inquiétants. La fille-sorcière est toujours là, et les sons organiques n'ont pas disparu (on les retrouve plus souvent dans la deuxième moitié de l'album), mais l'une et les autres sont plongés dans un contexte bien différent…
"Dead Cities" donne véritablement l'impression d'être un album conceptuel, mais si histoire il y a, celle-ci est sujette à interprétation : s'il y a bien un dénouement (First Death in the Family, quasi-requiem à la mélodie triste et aux percussions grandioses), c'est à l'auditeur ou à l'auditrice d'imaginer à quoi ressemble l'issue de ce choc des mondes supposé. La piste cachée, écho du chaos urbain qui semble revenir mais qu'on n'entend que de loin et qui dégénère bien vite avant de s'arrêter au bout d'une minute, peut être comprise comme un indice, quoique finalement tout aussi ambigu…
"Dead Cities" donne véritablement l'impression d'être un album conceptuel, mais si histoire il y a, celle-ci est sujette à interprétation : s'il y a bien un dénouement (First Death in the Family, quasi-requiem à la mélodie triste et aux percussions grandioses), c'est à l'auditeur ou à l'auditrice d'imaginer à quoi ressemble l'issue de ce choc des mondes supposé. La piste cachée, écho du chaos urbain qui semble revenir mais qu'on n'entend que de loin et qui dégénère bien vite avant de s'arrêter au bout d'une minute, peut être comprise comme un indice, quoique finalement tout aussi ambigu…
(We Have Explosive)
Le groupe se retira du devant de la scène après "Dead Cities", pour revenir sous une forme complètement nouvelle (et carrément méconnaissable) six ans plus tard avec "The Isness" (sous l'alias Amorphous Androgynous), un groupe de… pop/rock psychédélique rétro, avec guitares, sitars, chants mystiques, etc. La métamorphose était pour le moins inattendue. Aujourd'hui, Garry Cobain et Brian Dougans continuent de suivre les deux projets en parallèle (en plus d'avoir sorti un album en 2008 sous un troisième alias, Yage, dans un style encore différent), même si la plupart des "nouveaux" disques de FSOL — la trilogie "Environments", les compilations "From the Archives", ou encore "A Gigantic Globular Burst of Anti-Static", commandité par un musée et dont le son se fait plus spatial, plus métallique, même si on y retrouve des sons issus de "Lifeforms" — sont en grande partie basés sur d'anciens enregistrements inédits.
— lamuya-zimina
(*) : À écouter également : L'EP "Lifeforms" (Paths), tout aussi bon que l'album et qui comporte la participation d'Elizabeth Fraser (des Cocteau Twins).
— lamuya-zimina
(*) : À écouter également : L'EP "Lifeforms" (Paths), tout aussi bon que l'album et qui comporte la participation d'Elizabeth Fraser (des Cocteau Twins).
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