C'est entendu.

mercredi 15 décembre 2010

[Vise un peu] Stereolab - Not Music

Le 2 Avril 2009, Stereolab plaçait une pancarte "Ne pas déranger" devant ses portes : un hiatus était annoncé moins d'un an après la publication (en Août 2008) d'un dernier album studio, le bondissant "Chemical Chords", collection de courtes popsongs enregistrées à Bordeaux en 2007. On ne devait ainsi plus entendre parler du groupe avant "un moment" une fois le "prochain album" sorti et cet album, le voici...

... et ça n'est pas la peine de vous réjouir (pas tout de suite), Stereolab n'a pas enregistré de nouvelles chansons : "Not Music" regroupe les chansons issues des mêmes sessions d'enregistrement que "Chemical Chords", en 2007. En effet, à l'origine, le groupe désirait publier l'intégralité de ces enregistrements sous la forme d'un double album, ce que leur label a refusé et nous voilà donc avec les chansons laissées de côté il y a deux ans : des chutes ? Des ratés ? Un album de faces B ? Pas vraiment. Et puis de toute façon, si vous voulez tout savoir, je me réjouis que ce projet de double album n'ait pas abouti sans quoi on n'aurait pas pu se délecter de la pochette magnifique (dans le plus pur style Stereolabien) de "Not Music".


(Everybody's weird except me)

Sans surprise, les chansons ici présentes rappellent énormément ce que proposait l'album précédent, à savoir des mélodies voluptueuses jouées uptempo, majoritairement chantées en anglais par Lætitia Sadier et arrangées avec autant d'électronique que d'instruments analogiques (des cuivres sur Leleklato Sugar par exemple). Si ces chansons-là n'ont pas terminé sur "Chemical Chords" ça n'est pas en raison d'une quelconque baisse de niveau et l'on retrouve ici de nouveaux tubes underground en puissance, telles Everybody's weird except me, Sun Demon ou encore la courte Equivalences, instrumentale et groovy à souhait. La différence majeure entre les deux disques provient de la longueur moyenne des chansons : sur "Chemical Chords", elles étaient brèves (en tout cas par rapport aux standards de Stereolab) et c'était une volonté (dixit Tim Gane) du groupe de proposer un album fulgurant. Ici, on trouve des morceaux plus longs et surtout deux chansons de "Chemical Chords" remixées : la ballade aux accent sixties Silver Sands n'est plus menée glockenspiel battant comme une promenade dans le parc, elle est désormais électroniquement altérée par Emperor Machine (alias Andrew Meecham) et étirée sur plus de dix minutes, en plein cœur de "Not Music", pour un résultat rappelant les bandes sons inspirées d'italodisco des films de la fin des années 70 (John Carpenter, Giorgio Moroder, et plus récemment Zombie Zombie ou Majeure), à savoir un festival de synthétiseurs taillant le bout de gras autour d'une rythmique groovy bouclée, ce qui ajoute une toute nouvelle dimension à la chanson, tout comme pour le tube Neon Beanbag, soumis au traitement d'Atlas Sound (un partenaire régulier) pendant presque huit minutes cotonneuses, et qui n'a plus rien à voir avec sa version originale sautillante. On est bercé par une pulsation régulière comme si Bradford Cox (alias Atals Sound) avait essayé d'imaginer ce que pouvait ressentir un enfant en gestation dans le ventre d'une femme comme Lætitia Sadier, encerclé par les sons, et c'est ainsi, par l'entremise d'un ami, d'un tiers, que se clôt le disque...


(Silver Sands (Emperor Machine Mix))

... mais pas la carrière de Stereolab ! Dans une récente déclaration, Lætitia annonçait "Le groupe n'a pas officiellement splitté mais Andy, notre batteur, nous a quittés à la fin de la dernière tournée. Si Tim se sent prêt à écrire de nouvelles choses pour Stereolab, alors nous pourrions retourner en studio." Sans que cela n'annonce rien de concret, une phrase comme celle-ci laisse espérer une suite à "Not Music", dont le nom, peut-être inspiré par la présence de remixes, par son statut d'albums de chutes (ou encore par la naissance dans l'esprit de Gane et Sadier d'un concept selon lequel leurs popsongs ne seraient pas de la musique mais autre chose... pamphlets dadas, tracts pop-litiques, bulles de savon sonores, allez savoir !), n'est pas révélateur de son contenu : une nouvelle fournée de chansons par le plus grand laboratoire musical du marché.


Joe Gonzalez

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