Si l'on devait classer la musique en deux grandes catégories, intitulées "la musique qui bouge" et "la musique qui bouge pas", on pourrait sans prendre de risque affirmer qu'Eluvium, alias Matthew Cooper, appartient à cette seconde catégorie. Amoureux des gentils pianos et des jolis pads, on peut le rapprocher d'autres jeunes joyeux drilles de la musique contemporaine actuelle que sont Johann Johannsson ou Max Richter. Au passage, le qualificatif "musique contemporaine" s'agissant de ces chantres du minimalisme doux est peut-être un peu trompeur ; si vous considérez que la musique contemporaine est forcément transgressive, alors oubliez ce que je vous ai dit et classez ces zigotos sous l'appellation "ambient", plus confortable car plus éloignée de la musique dite savante, dont par définition on s'interdit de parler à moins de s'estimer expert en la matière, quel ennui.
Jusqu'ici, Matthew Cooper restait confortablement en retrait derrière Eluvium, déversant des nappes et des cordes en tous genres avec une constance louable certes, mais guère de coup d'éclat, si tant est que la simple notion de coup d'éclat soit envisageable dans le milieu minimaliste. C'est sur ces bases que nait le premier choc à l'écoute de "Similes" : Matthew Cooper chante. Ça n'a l'air de rien, sa voix n'est pas extraordinaire, mais toute l'approche de sa musique s'en trouve modifiée : plus besoin de se prendre la tête, c'est du post-rock et ça l'a toujours été. Ouf.
(The Motion Makes Me Last, le "tube")
Sur son précédent album "Copia" qui lui a fait connaître un petit succès (par la grâce de bonnes critiques sur Pitchfork notamment), Eluvium penchait déjà vers une approche plus pop de sa musique, mais le résultat était assez schizophrène : le songwriting se voulait subtil, tandis que les climax enfonçaient des portes ouvertes, jusqu'à évoquer U2 ou Coldplay. Avec "Similes", la transition est assumée, et, d'une certaine manière, empêche Eluvium de trop verser dans un pathos facile. A mon grand étonnement d'ailleurs, tous les plus fervents supporters de "Copia" reprochent justement à "Similes" cette approche. Quelque chose a dû m'échapper...
(Cease To Know, ma pref', qui clôt l'album)
Je vois déjà certains d'entre vous baisser les yeux et relâcher leur attention : "Super, du post-rock en 2010, z'ont rien trouvé de mieux ?". Si c'est vraiment votre réaction, je ne peux rien faire pour vous, parce que le post-rock est un genre tellement bâtard que je ne vois pas comment on peut le rejeter en bloc. Sérieusement, trouvez-moi des liens entre Eluvium, A Silver Mt. Zion et Mogwai (si vous me dites "les trois sont chiants", vous avez gagné). Je ne vais pas vous mentir, "Similes" n'est pas l'album de l'année : il n'échappe pas à quelques moments d'embarras et autres facilités d'écriture. Mais c'est sans conteste un tournant dans la carrière d'Eluvium qui me rend très curieux de ce qu'il pourrait produire par la suite.
Joseph Karloff
Eluvium, c'est étrange, parce que sur le papier, je serai censé adoré, mais je trouve que certaines utilisations de sons/instruments virtuels ne sont pas de très bon goût... Enfin je veux dire, on peut faire de la musique avec n'importe quoi, mais l'intention qui se cache derrière chaque son est aussi importante que le son lui-même, et dans le cas de certains morceaux d'Eluvium, je trouve ça parfois moche... PAR CONTRE sa dernière pièce, STATIC NOCTURNE est vraiment excellente, et si il continue dans cette voie, je pourrais vraiment devenir fan !
RépondreSupprimerTournée en Europe en 2011...
ouarf, je crois que j'ai abusé de substances de Noël, désolé pour les fautes de la première phrase...
RépondreSupprimer(a honte/se cache)
Sachant qu'il n'y a pas de fonction "Editer" sur blogspot, tu es tout excusé.
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