C'est entendu.

mardi 2 novembre 2010

[Vise un peu] Avey Tare - Down There (et antécédents)

L'année 2009 était celle d'Animal Collective. "Merry Weather Post Pavillon" était sur toutes les lèvres et masturbait le cerveau de la moitié de la blogosphère. On a beau adorer cet album, on ne peut que détester la hype qui s'est agglutinée comme de la vermine sur un plat copieux resté trop longtemps sur la table de jardin. Aux jours crépusculaires de l'an nouveau, ils sortaient "Fall be Kind" qui achevait d'un coup sec et puissant 12 mois de sur-médiatisation. L'année 2009 était bien leur année.


Forts de ce succès, Avey Tare et Panda Bear (les deux voix d'AC) décidèrent donc tous deux de sortir en 2010 des disques sous leurs noms propres. Si Noah Lennox (Panda Bear) préfère distiller son œuvre single après single, Avey Tare propose un LP complet (de 34 petites minutes ceci dit), "Down There", un album agréable mais qui manque cruellement d'audace, le principal atout d'Animal Collective.

Pour mieux le comprendre, il faut revenir trois ans en arrière et écouter son premier album solo (l'album a été réalisé avec Kria Brekkan) d'Avey Tare, "Pullhair Rubeye" (2007). S'il est rapidement tombé dans l'oubli, cet album mérite une oreille attentive. La plage d'ouverture (à titre d'exemple) interpelle et surprend avec ses mélodies étrangement inquiétantes composées de sons inversés. C'est bien un disque hors du commun qui est né des expériences chimiques d'Avey Tare. Sans mériter pour autant une place de choix dans votre sonothèque idéale, cet album a de quoi retourner le cerveau de ceux qui l'écoutent.

"Down There" est loin de ces élucubrations funambulesques (souvent futiles, il est vrai). Les rythmiques triangulaires, les mélodies répétitives, les voix bourrées d'échos et de variations de pitch, les handclaps entraînants et les lignes de basses à la limite de la perversion régissent une collection de chansons davantage tournées vers les formules éprouvées par "Merriweather Post Pavillion" et "Person Pitch" (de Panda Bear). Et pourtant, on a l'impression de ne rien découvrir de neuf, de réécouter des chansons qu'on a déjà adoré, de tourner en rond.


(Oliver Twist)

Oliver Twist, le single de l'album est, certes, une bonne chanson mais semble n'être qu'une pâle copie de ce que l'on découvrait en 2007 avec "Person Pitch". On passe au travers de l'album avec un sentiment mitigé, celui d'écouter une musique agréable mais plane, dépourvue des paysages vallonnés que l'on attend d'elle. A l'image de "ODDSAC" (dont on va vous parler bientôt), on a droit ici à un album inégal, un disque qui se prend les pieds dans les marécages merry-weather-post-pavillioniens.

(3 Umbrellas)

Après tout, n'est-ce pas ce que l'on demandait à Avey Tare ? Faire du Avey Tare (comprendre : du Animal Collective bis) ? Ces derniers mois, Panda Bear nous a proposé deux singles en provenance de "Tomboy" (son prochain album). Ces quatre chansons réussissent globalement à faire le pas que "Down There" n'imagine même pas, virant de bord vers un freak folk beaucoup plus psyché et lo-fi.

La force d'Animal Collective et de ses membres était ce déséquilibre constant (il suffit de comparer "Feels", "Stranberry jam" et "MPP"). La crainte que l'on peut avoir est celle de la répétition, d'une redondance stérile et malade. Une musique qui se veut expérimentale comme celle-ci se doit d'avancer, de se renouveler, de se chercher, d'être en cohérence avec le temps qui passe. "Down There", malgré quelques chansons agréables à l'oreille, tombe dans les miasmes d'une musique trop consensuelle, trop prévisible.


Julien Masure

3 commentaires:

  1. Bof, je trouve justement que cet album aide à faire passer l'espèce de gros repas de Noël indigeste que fut MPP, et il me redonne d'ailleurs confiance en ces gens.
    Pour moi, rien que la première chanson de Down There écrase largement le dernier album d'Animal Collective.

    "Musique qui se veut expérimentale"? En écoutant cet album j'ai l'impression qu'il a été réalisé sans prétention, et c'est peut-être sa force comparé à l'ouragan de sur-production qu'était MPP. Bien sûr, ce sont plus ou moins les mêmes idées sonores, mais je ne sais pas, pour moi ça sonne bien plus honnête, et en définitive le plaisir d'écoute est bien supérieur à MPP (dont j'adore une bonne partie des chansons, mais dont le son me dégoûte).

    Bref, pour moi c'est l'album qui redonne de l'espoir : )

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  2. Je suis plutôt d'accord avec toi, ceci-dit, à forces d'écoutes j'ai fini par trouver un certain plaisir à écouter cet album. Mais bon, je garde un mauvais arrière-goût en bouche.

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  3. gros album de merde !

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