Lorsque je dis que "Time for the Devil", le second LP de John & Jehn, sorti il y a quelques mois, est un bijou de production, les gens ne me comprennent pas. Le propos de ces lignes étant de renverser cette vapeur, il convient de mettre en exergue quelques faits notoires.
Premièrement, John & Jehn n'ont jamais caché leurs influences brittano-coldwavo-eighties : c'était déjà à cette sauce que se dégustait leur charmant premier album, il y a deux ans. Deuxièmement, si les années 80 sont en plein boom de popularité depuis 2008, c'est en général par l'utilisation renouvelée et massive du synthétiseur ou via les méthodes de composition que la plupart des artistes rétros se distinguent, et pas aussi spécifiquement par le son studio. Et puis troisièmement, il est bon de se remémorer qu'à une époque (pas si lointaine), en ces mêmes lignes, je dressais un top 5 des disques à emporter sur une île déserte et qu'y figurait le "Joshua Tree" de U2 (1987 - produit par Daniel Lanois, j'aime le préciser, l'homme responsable du sensationnel retour en grâce de Bob Dylan en 1989 avec "Oh Mercy"). A partir de ces hypothèses, que l'on aime ou pas les chansons du duo, leurs voix, leur attitude ou leur son, vous reconnaitrez que mon allégation originale se trouve plus aisément défendable, toute subjective qu'elle soit.
Tout au long de ce LP, la basse est enregistrée, mixée et portée à nos oreilles par Vishnu. Chaque coup de baguette résonne dans l'air, Jehn chante mieux que jamais et le jeu de guitare de John (très mélodiquement influencé par les post-punks de chez Bauhaus et consorts), loin de plomber l'ambiance, amène presqu'automatiquement les chansons vers des refrains entrainants, faciles à intégrer et rappelant que la pop froide des années 80, c'était avant tout une efficacité sonore, presqu'industrielle, au service des chansons, et lorsque les chansons sont chouettes, comme par exemple les singles Oh My Love et Time for the Devil, c'est tout bénef'.
Joe Gonzalez
Dessin par Eric Dodon
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