C'est entendu.
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lundi 4 octobre 2010

[Vise un peu] John & Jehn - Time for the Devil

Lorsque je dis que "Time for the Devil", le second LP de John & Jehn, sorti il y a quelques mois, est un bijou de production, les gens ne me comprennent pas. Le propos de ces lignes étant de renverser cette vapeur, il convient de mettre en exergue quelques faits notoires.

Premièrement, John & Jehn n'ont jamais caché leurs influences brittano-coldwavo-eighties : c'était déjà à cette sauce que se dégustait leur charmant premier album, il y a deux ans. Deuxièmement, si les années 80 sont en plein boom de popularité depuis 2008, c'est en général par l'utilisation renouvelée et massive du synthétiseur ou via les méthodes de composition que la plupart des artistes rétros se distinguent, et pas aussi spécifiquement par le son studio. Et puis troisièmement, il est bon de se remémorer qu'à une époque (pas si lointaine), en ces mêmes lignes, je dressais un top 5 des disques à emporter sur une île déserte et qu'y figurait le "Joshua Tree" de U2 (1987 - produit par Daniel Lanois, j'aime le préciser, l'homme responsable du sensationnel retour en grâce de Bob Dylan en 1989 avec "Oh Mercy"). A partir de ces hypothèses, que l'on aime ou pas les chansons du duo, leurs voix, leur attitude ou leur son, vous reconnaitrez que mon allégation originale se trouve plus aisément défendable, toute subjective qu'elle soit.

Tout au long de ce LP, la basse est enregistrée, mixée et portée à nos oreilles par Vishnu. Chaque coup de baguette résonne dans l'air, Jehn chante mieux que jamais et le jeu de guitare de John (très mélodiquement influencé par les post-punks de chez Bauhaus et consorts), loin de plomber l'ambiance, amène presqu'automatiquement les chansons vers des refrains entrainants, faciles à intégrer et rappelant que la pop froide des années 80, c'était avant tout une efficacité sonore, presqu'industrielle, au service des chansons, et lorsque les chansons sont chouettes, comme par exemple les singles Oh My Love et Time for the Devil, c'est tout bénef'.







Joe Gonzalez
Dessin par Eric Dodon

mardi 30 mars 2010

[They Live] Trash Kit, John & Jehn, Jesca Hoop à la Maroquinerie (Les Femmes S'en Mêlent - Paris)

Toujours en direct des Femmes s'en Mêlent. Après l'épisode nordique de samedi, ce lundi 29 Mars, à la Maroquinerie, le festival avait eu l'idée de donner carte blanche au duo français John and Jehn qui s'étaient occupés de choisir les deux groupes qui les précéderaient, à savoir Jesca Hoop et Trash Kit. Évidemment, que ce soit pour constater ce que donnait sur scène le rock 80's des premiers ou pour enfin voir les dernières qui sont déjà nos favorites, nous y étions.

Quand Jesca Hoop est arrivée sur scène avec son groupe, j'ai d'abord eu envie de lui dire "bah, qu'est ce qui ne va pas ?" Je ne sais pas si c'est moi qui divague, mais il y avait dans son attitude, ses mouvements, ses cheveux en pétard, de la tristesse et de la fatigue, surtout quand elle disait "this song is for my mother," puis "is it funny? I wrote it when she was sick" après que quelqu'un ait ri grassement dans le public. Ambiance. Elle avait l'air toute perdue en nous jouant son folk délicat. Pourtant, il n'y avait pas de quoi, accompagnée de choristes féminines, sa voix et les leurs créaient de belles harmonies qui embellissaient ses petites ballades émotives qui, si elles n'étaient pas diablement originales, avaient au moins le mérite d'être soignées. Peut-être d'ailleurs un peu trop, certaines chansons semblant un peu se perdre dans leurs propres structures, laissant toujours l'auditeur un peu en retrait, dans un brouillard d'arpèges. Pas pour longtemps ceci dit : au bout de 25 minutes, c'était déjà fini.

Vous savez, on vous a beaucoup parlé de Trash Kit dans les semaines précédant le festival, mais pour être honnête, on avait mis toutes nos billes sur ce groupe à la seule lumière des trois titres proposés sur l'internet et de la présence de Ros Murray à la basse. Hasardeux ? Oui. Leur concert avait donc valeur de vérification d'une micro-hype qu'on avait nous-mêmes montée en épingle. Mais dès lors qu'elles sont arrivées sur scène, on pouvait être rassuré. Leurs visages barbouillés de maquillage rouge et noir faisaient d'elles une tribu de guerrières. Rachel (guitare/chant) était en short de boxe, Ros était déguisée en squelette. Quand elles ont commencé à jouer, tout a été exactement comme on pouvait l'imaginer. Trash Kit, c'est un espèce de post-punk tribal rapide et foutraque, avec des toms que l'excellente batteuse (qui s'appelle aussi Rachel) tambourine avidement dans de grands mouvements de bras, façon Palmolive des Raincoats. Trash Kit, ce sont des morceaux excellents qui dépassent rarement les 2 minutes, qui vont droit au but quitte à être abruptes. Entre le jeu de guitare tout en arpèges tordus de Rachel, et la basse mélodique de Ros, il y a des échanges complexes formidables et jouissifs, l'une répondant à l'autre sur des rythmiques tordues mais imparables, riches en à-coups et petits breaks. Le groupe s'autorise même par moment des tempos plus lents, avec des petits riffs qui sont soudain bercés d'une aura ensoleillée. Et puis l'instant d'après, elles peuvent aussi se mettre à hurler.


(Trash Kit - Cadets)

Bien sûr, le tout a parfois un côté un peu bordélique, et la prestation qui n'aura pas dépassé la demie-heure subira quelques moments de flottement rythmique. Mais le groupe n'a qu'un an et pas énormément de concerts à son actif, et ce sont des choses qui seront forcément corrigées avec le temps. Et puis la timidité du trio et la manière dont Rachel nous a dit à un moment "I was supposed to go to work today so, if you know anyone in London, tell them I wasn't in Paris", rend excusable n'importe quel errement, selon moi. Alors laissez moi vous le dire clairement : Trash Kit est en constante amélioration. Trash Kit est un groupe en lequel C'est Entendu croit. Trash Kit fait aimer la musique encore plus. Trash Kit, c'est déjà des copines. Elles sortent leur premier album en avril. On vous en reparlera, soyez-en sûrs. D'ici là, on attend qu'elles reviennent. Vite.

Ont suivi ceux qui avaient "organisé" cette soirée, les français expatriés à Londres de John & Jehn. C'était un peu leur grand soir. Eux qui ont joué longtemps en duo étaient accompagnés d'une guitariste et d'un batteur. "Je les reconnais plus ! Ils sont quatre !" me répétait inlassablement un fan à côté de moi, mais l'ambiance est plutôt à la consécration, avec les acclamations d'un public conquis d'avance quand ils arrivent sur scène pour interpréter principalement des titres issus de leur second album qui sortait le jour même. Et pourtant, à la sortie de cette petite heure de live, j'ai eu le sentiment d'un échec. Il faut dire que le groupe pioche allègrement dans les 80's au niveau de ses influences. Mais en faisant leur pot-pourri, le duo original (qui parlent parfois au public en… Anglais…?) ont vu un peu trop large : si certains moments appellent les ambiances sombres de Siouxie en version un peu édulcorée, d'autres vont plutôt voir du côté d'un pop-rock 80's un peu vulgaire (cf. le tee-shirt Frankie Goes To Hollywood de "John", ahem), faisant par moment du mauvais Simple Minds, voire même, au secours, du sous-U2, avec batterie de stade qui marque les temps façon marteau piqueur et chant noyé dans une réverbération omniprésente et fatigante. Et puis il y a quelque chose finalement d'assez figé dans leurs morceaux qui sont pourtant quelques fois plutôt bien foutus. Un aspect un peu vide, un peu creux, quelque chose d'invisible qui manque. Comme s'ils en faisaient trop (leurs appels au public pour chanter étaient doucement agaçants et très efficaces sur un public constitué de fans, quoique peut être un peu moins vers la fin, allez savoir pourquoi) tout en n'en faisant pas assez. La formule semble un peu vaine, un peu trop sûre d'elle-même. Rien n'est mauvais, rien n'est intéressant non plus. Et puis il y a la fin du concert... Après un premier rappel prévu, le groupe quitte la scène rapidement alors qu'il y avait encore un morceau indiqué sur leur set-list, séparé des autres d'un trait. Les gens applaudissent un instant puis s'arrêtent, pensant que c'était fini, alors que la musique d'ambiance ne revient pas. Puis commencent à sortir. Il faudra un certain temps pour que la musique revienne. Un second rappel qui n'aurait pas été demandé ? Fichtre. C'est drôle. Mais ça ne doit pas être ça. Je n'ose l'imaginer. Tout comme je n'ose imaginer que John & Jehn n'aient à proposer que cette musique aux influences pas très bien digérées.

Et pourtant...


Emilien.

NB : Le festival n'est toujours pas fini ! En dehors des dates en province que je ne vous énumère toujours pas, n'oubliez pas qu'à Paris, vous avez The Tiny et Sydney Wayser le 1er avril à la Maroquinerie, et qu'enfin, le 2 avril à l'Alhambra, les Chicks On Speed seront remplacé par le groupe de rock noisy canadien Duchess Says dont le premier album était très chouette. Et bien sûr, il y aura toujours Tender Forever et MEN . Plus d'information en cliquant sur ce texte de couleur souligné.