C'est entendu.

jeudi 28 octobre 2010

[Vise un peu] Antony And The Johnsons - Swanlights

Il y a une dualité chez Antony. Non, sans blague ? Oui, sans blague. Au niveau humain bien sûr, le personnage se définissant comme "transgenre", coincé quelque part entre le masculin et le féminin ; mais aussi sur le plan musical. Antony est toujours entre deux eaux, et comme pour son histoire de zizi (ou de Moi profond, c'est comme vous préférez), il a un peu de mal à distinguer la limite entre le profondément émouvant et le terriblement ridicule.

Dès l'album précédent, "The Crying Light", on a pu entrevoir les prémices de cette mutation vers un kitsch grossier avec l'abominable Kiss my Name, la chanson de grande folle par excellence, une véritable incitation à l'homophobie, avec ses violons dégoulinants qui viennent vous lécher l'oreille, dansant la bourrée auvergnate au rythme des meuglements pathétiques d'Antony. Mais cette erreur de parcours était entourée de titres poignants qui pouvaient laisser penser que c'était juste ça, une erreur de parcours.


(I'm In Love)

Horreur : ça a plu. Cette posture gay, aussi sincère qu'un militant UNEF, a amusé la presse musicale et généraliste, qui y a vu (avec toute la bienveillance qui la caractérise) l'affirmation d'un électron libre au-delà de l'humain, alors qu'il ne s'agit que de cabotinage pur et simple. Du coup, Antony remet ça par trois fois sur "Swanlights" : trois godemichés fluorescents dans une boîte à bijoux.

Autant l'avouer, j'avais prévu de démolir ce disque, pour l'exemple ; cela supposait de passer sous silence le reste de l'album, où l'on retrouve ce qu'Antony sait faire de mieux : jouer avec cette mélancolie jaune, une mélancolie dont il feint d'être détaché, mais qui s'impose malgré tout à lui. (Vous me dites si je deviens gay)


(Flétta)

Le comble : la meilleure partie de l'album commence avec la chanson que l'on redoutait le plus, le duo avec la dernièrement crispante Björk (Flétta), où les deux icônes mettent de coté leurs facettes les plus épuisantes pour se mettre au service du morceau. Le final, Christina's Farm (qui répond au très bon premier titre, Everything is New) est sans conteste l'une des plus belles chansons d'Antony, exactement le genre de titre que l'on n'attendait plus après s'être farci les terrifiants Ghost, I'm In Love et Thank You For Your Love (note pour plus tard : fuir les titres d'Antony contenant les mots Love ou Kiss). Entretemps, un titre comme Swanlights montre qu'Antony est capable de s'affranchir de sa formule habituelle chant + piano pour lorgner sur une sorte d'ambient inquiétant... Je croise les doigts pour que sa carrière prenne cette direction, plutôt que celle de successeur officiel de Zizi Jeanmaire.


Joseph Karloff

14 commentaires:

  1. salut!
    je pose la question ici parceque je sais pas ou le faire: qu'estce que vous pensais de l'album American Idiot de Green Day?

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  2. C'est sorti en 2009, non ? C'est la pire chose associée au mot "punk rock" sortie depuis longtemps. Les deux singles sont si mauvais que je pense préférer m'envoyer "Le temps des cathédrales".

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  3. American Idiot est le plus mauvais album d'Antony, aucun doute là-dessus.

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  4. Alors pour répondre à Zak, tu es chanceux puisque tu as ici le seul amateur de Green Day sur c'est entendu, celui-là même qui va se prendre une volée de cailloux après ce qui va suivre : Oui Moi je pense que Américan Idiot est un bon album et même très bon, en tout les cas celui de Green day le plus cohérent et le mieux écrit, de même que sa suite 21 century breakdown n'est pas mauvaise non plus, ceci-dit les vrai perles de Green day restent encore sur les albums Kerplunk et Dookie et même l'autoproduit "1039/smoothed", moins pompiers, plus fougueux, plus puérils, plus débiles aussi mais avec des mélodies et une énergie instinctive que peut de groupes peuvent égaler. De toute façon pour comprendre ce que je vous dis faut vraiment avoir vécu l'expérience Green Day en live.

    Bon voilà ça c'est dit, ça c'est fait, allez-y maintenant vous pouvez balancer ...

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  5. Green Day c'était tolérable quand c'était débile, quand c'est devenu vaguement sérieux ca m'a effrayé.

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  6. pourquoi passer du temps à écrire sur un artiste pour lui vomir dessus ? c'est drôle à quel point même ses détracteurs adorent écouter antony finalement.

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  7. Pourquoi passer du temps à écrire des commentaires sur des articles qu'on a pas lus ?

    J'adore Antony, camarade. On est toujours plus exigeant avec les artistes qu'on aime. Et ose seulement me dire que Swanlights vaut I Am a Bird Now ou The Crying Light.

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  8. "kitsch grossier" , 'meuglements pathétiques", 'chanson de grande folle" , t'appelles ça aimer ? ton article est à coté de la plaque et en plus très homophobe

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  9. Si tu as lu le passage en question (ce dont je doute) j'y parle d'une chanson en particulier, "Kiss My Name", que je trouve vraiment nulle et très paresseuse, parce que c'est facile pour Antony de partir dans ce délire-là pour attirer l'attention, et c'est dommage parce qu'il sait faire tellement mieux que ça.

    L'accusation d'homophobie est tout simplement immonde.

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  10. Rhétorique classique de l'anonyme : ne pas dire du bien de l'artiste favori d'anonyme c'est inutile, ne pas être d'accord avec l'opinion de l'anonyme c'est être à coté de la plaque.

    Aaah, internet...

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  11. Le côté grande folle d'Antony ne peut pas être une posture ni une technique de marketing dans la mesure où il était déjà travesti à New-York avant de créer le groupe et que c'est un élément central du personnage depuis ses premiers titres. Mais aussi et surtout dans I'm A Bird Now que t'as l'air de regretté, il est pourtant difficile de faire un album plus gay alors qu'il dédie une chanson au fist fucking... La grandiloquence, elle est présente depuis le premier album et je vois pas du tout de kitsch là dedans, Antony a su trouver les limites, même en allant dans le disco avec Blind, mais bon je suis fan des arrangements de Nico Muhly, je suis pas complètement objectif.

    Mais pour revenir à l'album, il me parait évident que Swanlights est un album de transition, fait de chutes diverses et de remplissage. Pour le coup, paresseux est le mot. Le problème avec Antony c'est qu'il lirait un tract de l'UNEF (on y revient), le résultat serait superbe, je comprends qu'il se repose sur ses lauriers. Le meilleur est à venir, j'en suis sûr, j'attends de pied ferme la version studio d'un de ses meilleurs titres à ce jour, grandiloquent donc surement gay lui aussi : http://www.youtube.com/watch?v=QfLKmY_hAeE

    PS : T'en fais un peu des caisses dans ton dernier commentaire, tu devais quand-même t'attendre à ça en utilisant le champ lexical de l'homosexualité comme autant d'adjectifs péjoratifs à travers ta chronique...

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  12. T'as raison, faut que j'me détende. Il n'empêche qui ni moi ni mon article ne sont homophobes. Foi de tapette.


    Par contre, à mon tour de modérer tes propos.

    Je crois que tu vas un peu vite en qualifiant Fistful Of Love d'ode au fist-fucking.... Je crois bien que la chanson n'a rien, mais alors RIEN à voir avec ça, elle parle plutôt de la violence dans le couple il me semble. (Et d'où c'est une pratique typiquement homosexuelle ? Je suis sûr que des tas de couples homos ont une sexualité très banale)

    Après bon ben pour le reste, on tombera pas d'accord, sa contribution sur "Hercules & Love Affair" c'était pas du tout mon truc. Je trouve qu'entre "I'm In Love" et "Bird Guhl" par exemple, c'est pas la même grandiloquence, la preuve : quand j'entends le premier j'ai honte pour lui, quand j'entends le deuxième je suis bouleversé.

    Sur l'aspect "album de transition/paresseux", je crois que tu as raison. C'est un peu ma conclusion quand je parle de la chanson "Swanlights", très chouette d'ailleurs.

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  13. (Tous les couples homos ne se foutent pas de poing dans le cul, évidemment, j'écrivais juste que le fist fucking se pratique, à ma connaissance, plutôt dans les milieux homo.) Concernant Fistful Of Love, disons que la richesse de cette chanson doit tenir de l'étendue de ses interprétations !

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