La question qu'il convient de se poser dans le cas d'un artiste de la trempe de José González - soit un guitariste/chanteur dont l'entière carrière solo (deux LPs et quelques chansons de-ci de-là) repose sur la ré-interprétation de chansons écrites par d'autres - c'est évidemment : "sait-il écrire une chanson ?"
En effet, à partir du moment où l'on s'intéresse un brin à l'Indémonde, tout un chacun sait que depuis cinq ans, González est admis comme un remarquable guitariste capable de s'approprier entièrement des classiques (de Nick Drake à Portishead en passant par The Knife) et d'en susurrer les paroles sans honte. Ce que l'on savait moins, en revanche, c'est qu'il faisait partie d'un trio avant même de se lancer en solo. Il faut dire que Junip n'avait pas vraiment de sortie à son actif avant leur récent premier album, "Fields".
L'apport d'autres instruments (basse, batterie, et parfois synthé et boite à rythme) que les comparses de José, eux aussi suédois, occasionnent n'est pas un mal pour qui trouverait un brin trop épluchée le concept du guitariste folk et comme d'habitude, le chanteur n'en fait pas des caisses. Son jeu de guitare est intéressant et original sans pour autant se noyer dans la technique et la démonstration. C'est avec une simplicité (souvent répétitive) à toute épreuve qu'il répond à la question quasi-rhétorique que je posais tout à l'heure : il est entendu, nous nous en doutions, que González sait écrire ses propres chansons, et "Fields" de démontrer que lui et ses comparses savent les arranger. On n'est jamais loin de penser que le fossé séparant ce disque des productions solo de José est aussi large qu'une baguette de pain, mais s'il lui manquait encore de prouver son talent de songwriter, alors c'est chose faite, et il peut s'estimer officiellement accepté au sein du club des folksingers bien de son temps, avec les honneurs du Jury. La chanson de ce matin n'obtiendra pas aussi facilement que le single Always sa place dans une publicitélévisuelle mais elle ravira les amoureux de Nick Drake, et la voici d'ailleurs (en bonus !) jouée sur scène, pour le plaisir des yeux :
Joe Gonzalez
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