C'est entendu.

mercredi 12 mai 2010

[Réveille Matin] Nick Drake - Hazey Jane II

Holà! Alors que vous venez tout juste de vous réveiller, moi, je vous fais plaisir, je vous balance du Nick Drake de choix, venu en 1970, quand il sortit son deuxième album, "Bryter Layter", arrangé, orchestral, luxuriant, avec pour musiciens studios les membres de Fairport Convention, ou encore John Cale. C'est Hazey Jane II qui va capter notre attention le temps de quelques minutes ce matin. La composition y est d'une fraîcheur incroyable, elle se dévoile sans accroc, tout semble couler de source, avec son rythme doucement soutenu, et l'on peut aisément profiter de ce morceau en marchant, accélérant alors le pas presque inconsciemment. Car écouter Hazey Jane II, c'est voir des lieux, des gens, des actions défiler, c'est avoir l'impression enivrante d'avancer. L'expérience est intéressante, car ce titre induit en lui-même cette idée de mouvement, et cela tient à plusieurs choses...



Cela tient premièrement à la batterie qui entraîne l'auditeur avec elle et ne le quittera plus avant la dernière note. Le jeu est précis, rempli de petits breaks accentuant une légèrté déjà clairement avouée. Les guitares tranquilles, quant à elles, narrent et accompagnent le mouvement entrain de se faire, et même si elles semblent discrètes, elles participent grandement à l'impression de fluidité qui se dégage de l'ensemble, se mariant avec le timbre de velours de la voix de Nick Drake. Le travail sur les arrangements, principalement les cuivres, vient également renforcer cette idée de déplacement, un déplacement plutôt linéaire, n'occasionnant aucun soubresauts, aucun faux pas. Ainsi, tout au long du morceau, c'est un petit cortège de trompettes et de saxophones qui fait route avec l'auditeur, pour qu'il fasse un voyage sans aucun inconvénient, et qu'il puisse embrasser d'un seul regard tout ce qui l'environne, lui faisant prendre un recul appréciable. Hazey Jane II suggère alors un paysage qu'on ne saurait placer sur une carte ni identifier avec certitude, comme une réalité qui nous échapperait continuellement. Un côté presque contemplatif nait alors de ce déplacement perpétuel.

J'ai été séduit par ce chef d'oeuvre, il y a déjà un petit temps, et suis encore sous le charme, durablement. Hazey Jane II relève d'une incroyable liberté de mouvement, et dans le même temps, fait preuve d'une maîtrise, d'une sagesse toute aussi époustouflante. Cette dualité, qui de prime abord pouvait sembler contradictoire, offre au morceau une force intemporelle ainsi qu'une richesse qui s'étend à perte de vue, jusqu'aux horizons les plus lointains. Car ici, tout ou presque est question d'horizons...



Hugo Tessier

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