C'est entendu.

mercredi 22 septembre 2010

[Vise un peu] Flying Lotus - Pattern + Grid World EP



Alors que la sortie de "Cosmogramma," le dernier album en date de Flying Lotus, remonte à moins de cinq mois, on retrouve déjà le DJ/producteur angeleno au travers d'un nouvel EP, "Pattern + Grid World," sorti hier chez Warp Records.

(Clay)

Ce qu'il y a de certain, avec le travail de Steven Ellison, c'est que l'on sait plus ou moins, avant même d'y prêter une oreille, ce que l'on va y trouver : des beats plus ou moins puissants, des samples en masse, des tonnes d'effets, des hectolitres d'arrangements arrivant à point nommé et des boucles de vocaux venus d'on ne sait quels vinyles d'un autre temps issus de sa collection. On sait aussi que FlyLo s'est engouffré dans le sillage addictif de Nintendo et qu'il ne compte plus les heures passées devant des écrans de télévision et des consoles d'arcade, à jouer au rythme de sons 8 bits tous plus variés les uns que les autres. On sait enfin toute la dimension astrale, cosmique, qu'il entend donner à son travail, dimension qu'il allie toujours avec maîtrise au caractère mécanique, quasi robotique de ces sons qui semblent avoir effectué un périple surhumain à travers une forêt d'engrenages, de fers à souder, de câbles électriques et de diodes avant d'arriver à nos petites oreilles. Ce qu'il y a aussi, avec le travail du lotus volant, perché sur des cimes embrumées et stratosphériques, c'est que l'on ne sait jamais comment il arrivera à nous surprendre, à nous éviter cette sensation désagréable de déjà entendu. "Pattern + Grid World" illustre une fois de plus comment en étant toujours ancré dans ce style glitch/downtempo/abstrait/expérimental, Ellison parvient avec brio à faire décoller sa machine. Chaque album ou EP de Flying Lotus pourrait s'apparenter à une construction mouvante, muant au gré d'un travail sur les rythmes d'une richesse infinie, et d'une source de créativité qui semble inépuisable. Graphiquement conceptuelle, la musique d'Ellison se retrouve parfaitement dans les artworks de ses disques, avec un point culminant en matière de choix, selon moi, pour "Cosmogramma," dont la pochette fut signée Leigh J. McCosley.

(Camera Day, le single de l'EP)

Le format EP prohibant plus ou moins une tracklist de dix-sept ou dix-huit morceaux, "Pattern + Grid World" fait figure d'un condensé d'ambiances, exacerbant les extrêmes différences rythmiques et mélodiques, et favorisant un dynamisme d'écoute tout à fait appréciable. Ainsi, on prend la transition entre Clay, le galactique morceau d'ouverture, et Kill Your Co-Workers, qui le suit, de plein fouet, et il en va de même pour le reste de l'écoute, qui reste teintée de l'impression de retrouver un Flying Lotus toujours égal à lui-même, avec son sens du mixage aiguisé et précis, et une inventivité dont il repousse à chaque fois un peu plus les limites. Il tente, expérimente, ampute le final de Time Vampires et de Camera Day, à l'image d'un "GAME OVER" soudain et inattendu, et ça fonctionne plutôt bien. Sur ses EPs (au nombre de huit, tous beaucoup moins médiatisés que les albums, mais non moins aboutis), FlyLo se laisse une grande marge de manœuvre. Le Lotus offre un travail solide et prolifique tout en conservant sa personnalité, c'est à chaque fois le même constat, et "Pattern + Grid World" ne fait pas exception à la règle.

Hugo Tessier

2 commentaires:

  1. Notez que sur la seconde photo, FlyLo se la joue Obispo !

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  2. En 2010, FlyLo n'aura su, ni avec cet EP, ni avec Cosmogramma, me faire retrouver le plaisir éprouvé à l'écoute de "Los Angeles", mais ça ne m'empêche pas de me régaler de son amour du lunatisme fulgurant tant son attention span est microscopique.

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