C'est entendu.

lundi 22 mars 2010

[Vise un peu] White Hinterland - Kairos

"Kairos" est une preuve tangible que l'erreur est humaine et qu'il faut avoir foi en l'Homme et en son intelligence. Le genre de preuve qu'il fera bon exhiber lors du Grand Procès, lorsque la partie adverse présentera au Jury les guerres de religion, le SIDA et les disques de Taylor Swift.

En l'espace d'un an et demi, White Hinterland (soit la chanteuse Casey Dienel et le musicien Shawn Creeden) ont su se montrer intelligents. Il le fallait. Il était nécessaire, en effet, de tirer un trait sur leur premier album, le très mièvre et sans saveur "Phylactery Factory," qui plaçait Casey Dienel au centre d'un combo indie-pop-folk dont la formule mélangeait tous les clichés du genre tels que Pitchfork et tous ces groupes chiants avaient pu les définir aux alentours de 2004-2005 et l'adaptait à une sauce jazzy-sylistening du style "Norah Jones quand elle est fatiguée." En un mot, c'était nul. La formule était éplorée depuis au moins deux ans, le groupe pas inspiré, en bref, ça n'a pas très bien marché, et c'est normal. Là où beaucoup d'autres auraient cependant persisté, STUPIDEMENT, même s'il est vrai que les amoureux de ce genre de niaiseries pour lobotomisés sont encore légion, White Hinterland a dit non, NON NON !


(Amsterdam)


Pas besoin de parcourir les tops de fin d'année des membres du groupe pour deviner quels disques ont eu leurs faveurs en 2009 : Fever Ray, Dirty Projectors et JJ en tête, et en ombre chinoise une (re?)découverte de l'univers étrange d'Arthur Russel (avec une reprise de Lucky Cloud), il ne restait plus qu'à concocter une pochette dans l'air du temps (très chillwave dans l'esprit, vous ne trouvez pas ?), idéale pour attirer l'attention de GorillaVsBear ou la mienne, et le tour était joué !

Toutefois, se réinventer en moins de deux ans n'est pas tâche aisée, et ce genre d'attitude (facilement et bêtement critiqué) est louable. Je vous le demande : auriez-vous préféré entendre un nouveau LP plus rasoir que tout ? Non, certes non, et si White Hinterland n'est pas David Bowie, la reconversion express n'en est pas moins réussie : White Hinterland a trouvé un nouveau son et le décrire reviendrait à vous demander d'imaginer une Suède présidée par Karin Dreijer Andersson qui aurait colonisé quelque pays d'Afrique Occidentale et aurait demandé aux indigènes de jouer avec des instruments occidentaux après avoir recouvert la brousse de kilotonnes de neige importés par IkeaCorp.

Sous ses atours flatteurs, l'album présente néanmoins quelques faiblesses, et notamment sur sa seconde face, laquelle manque parfois sérieusement de rythme mais cela n'empêche pas les boites à rythme très chouettes de Moon Jam et les rythmes et mélodies africains re-imaginés par le duo (Bow & Arrow, No Logic) d'être au service des très bonnes chansons (Icarus) et de compositions dont on ne pourra nier la paternité à "Bitte Orca" (Begin Again) ou "World of Echo" (Thunderbird). Rassurez-vous cependant : à aucun moment White Hinterland ne vous perdra autant que Russell et ses expérimentations, ni ne vous cassera les oreilles comme avaient pu le faire Dave Longstreth et ses amies l'an dernier. "Kairos" ne donne plus dans l'easy listening assommant que son prédécesseur avait proposé, mais n'en reste pas moins un disque qui prend son temps et qui conviendra mieux à vos réveils langoureux qu'à vos Samedis soirs encanaillés.

Plutôt que de voir ici un retournement de veste opportun, je choisis de considérer "Kairos" comme un nouveau départ de bonne augure pour un groupe dont l'année 2008 est à rayer au feutre indélébile et qui montre l'exemple à ceux qui auraient encore du mal à sortir de la torpeur indie pop d'il y a cinq ans (déjà).


Joe



Il est à vous pour moins de 13 € !



P.S. : Le groupe sera en concert le 2 Juin à la Flèche d'Or et le 3 Juin au Trabendo (avec Beach House).

2 commentaires:

  1. C'est marrant Erwan aussi trouve qu'il y a un côté Dirty Projectors. Personnellement, ça m'a complètement échappé :)

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  2. moi pareil, je vois pas trop la relation, mais on s'en fout l'essentiel c'est que ce disque soit bon !!

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