C'est entendu.

lundi 25 janvier 2010

[Vise un peu] Retribution Gospel Choir - 2

Il y a des choses pires dans la vie que la masturbation. Pourtant, nous avons tous mieux à faire (vous en conviendrez, je l'espère) que d'assister à la masturbation d'autrui. C'est la raison pour laquelle le second album de Retribution Gospel Choir n'est pas bon.

Il est primordial de savoir que le groupe se compose d'Alan Sparhawk (chant, guitare), Steve Garrington (basse) et Eric Pollard (batterie, chant), et de savoir aussi que Sparhawk est d'autre part le co-leader de Low, dont Garrington tient la basse.
Si, par ailleurs, Low est un grand groupe, ça n'est pas seulement parce que le trio sait écrire de bonnes chansons, les enregistrer et les jouer, mais aussi parce que la naissance du groupe s'est jouée sur un principe intéressant, à savoir qu'entre 1993 et 1994, alors que n'importe quel jeune groupe américain se serait tourné vers le grunge, par facilité ou par mode, Sparhawk et sa femme Mimi Parker avaient opté pour une philosophie différente, choisissant de se comporter en punks (si certains parmi vous se souviennent encore de ce que le terme signifiait avant son apogée) et d'aller à contre-courant en jouant "la musique la plus lente possible."

Je tenais à vous expliquer la raison pour laquelle j'ai longtemps respecté Sparhawk, outre son talent de songwriter. La raison pour laquelle Retribution Gospel Choir est né, je ne suis pas certain de la connaître, mais les vieux de la vieille se souviendront de l'arrêt brutal de la tournée de Low, en 2005, à cause d'une "instabilité mentale" attribuée à Sparhawk, puis des démissions successives de deux bassistes (toujours chez Low) alors que le trio était stable depuis plus de dix ans. En outre, si Low tourne toujours à l'heure actuelle, depuis 2006, Sparhawk a semblé préférer s'adonner aux plaisirs solitaires (un album solo en 2006 et le premier album de Retribution Gospel Choir en 2008). Si ça n'est pas une crise de la quarantaine, cela y ressemble énormément.

Sur le principe, pourquoi pas. Le gars vient de Duluth, dans le Minnesota. Je ne vais pas vous faire un dessin, mais disons que c'est pas le Pays du Bonheur. Il est marié, a des enfants, il est mormon et il est souvent sur la route, tournant un peu partout dans le Monde. Les occasions de se réveiller un jour en ayant envie d'autre chose ne doivent pas manquer. Il aurait pu vouloir s'acheter une grosse bagnole, ou bien se planter un coutelas dans le bas-ventre, comme tout le monde, mais non, il a fallu qu'il agisse comme un parfait adolescent abruti et qu'il forme un groupe... de grunge.


Le single, Hide it Away.

Et même si les chansons avaient été bonnes, le concept était voué à l'échec. Faire Retribution Gospel Choir revient à nier Low à grands coups de guitares. C'est un parjure qui laisse un goût amer, masturbation publique d'un type que l'on pensait valoir mieux. Une preuve sonore de la faiblesse de l'Homme. Et à ceux qui penseraient qu'en 2010, c'est justement punk d'enregistrer du grunge, je ris au nez. Il ne faut pas oublier qu'exception faite, peut-être de Bless us All, qui clôt l'album, les chansons sont faibles au mieux (Hide it Away, Your Bird), positivement ridicules au pire. A ce sujet, le solo de guitare digne d'Alice In Chains sur Poor Man's Daughter rivalise de laideur avec l'intro sous-mixée de Something's Going to Break, pendant laquelle Sparhawk miaule par-dessus un solo de batterie atroce. Pour vous donner une idée de l'ampleur du désastre, je vous épargne les huit minutes d'Electric Guitar, et vous propose d'écouter ci-après le manifeste de moins d'une minute, '68 Comeback :


'68 Comeback


Outre l'auto-désaveu personnel de son chanteur, Retribution Gospel Choir continue sur la même voie rétrogade qu'il avait emprunté avec son premier album, celle d'un revival grunge joué par des quarantenaires peu inspirés, et ce chemin n'est définitivement pas le nôtre.

Joe

5 commentaires:

  1. J'ai mis du temps pour savoir si le premier avait plu. Moi il m'avait beaucoup plu,en donnant une nouvelle lecture a low (d'où c grunge putain?) et je vois rien de masturbatoire au contraire, savoir revenir sur ses chansons est plutôt humble trouve-je. Bref ça ma donné envie de l'écouter le 2e!

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  2. Très fameuse critique en tout cas !
    Le clip est pas top aussi...

    Trop bon le paragraphe sur Duluth.

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  3. Moi dans le single, j'entends "you hide it a Ray Charles". Je pense donc qu'il y a un souci dans le tag youtube.

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