Il y a plus d'un an, Internet avait déjà découvert La Roux, Ebony Bones et Passion Pit. Six mois plus tard, Les Inrocks décidaient de lancer leur festival itinérant de fin d'année autour de ces artistes, et d'autres "nouveaux" talents. Encore trois mois plus tard, soit un an après leur émergence, ces artistes se produisaient un peu partout en France, et en particulier à Toulouse, où nous étions allés voir si les "découvertes" étaient encore fraîches. Il était donc naturel que nous rendions hommage à la rapidité avec laquelle, à l'époque de l'ADSL, les Inrocks réagissent aux vents tournants de la musique pop. C'est ainsi que le compte rendu du festival voit le jour, deux mois et demi après l'évènement. Embarquez donc avec nous dans un voyage à travers le temps, et laissez-nous vous parler de ces musiciens dont vous ne devez, à l'heure actuelle, garder qu'un souvenir ténu.
Tout avait commencé avec une lettre, un mot d'excuse de La Roux pour nous signaler qu'elle ne serait pas là, elle qui était pourtant une (la ?) tête d'affiche. Cela n'avait pas manqué d'en décourager certains et d'en amener d'autres à faire rembourser leurs billets, ce qui n'empêcha pas le Bikini d'être comble lors de la seconde des deux soirées (celle qui devait voir La Roux débarquer) et le public de snobber la première vague. C'était pourtant le premier soir qu'il fallait être présent.
Après la courte apparition de Violens, dont on reparlera probablement cette année s'ils se décident à sortir un premier album (pour situer, c'est comme si les Smiths s'étaient formés à Sydney), Little Boots installait son matériel m'as-tu-vu (un Tenori-On au centre de la scène, pas forcément mis à profit, semblait justifier à lui tout seul la présence de Chistina Hekesth au festival) avant d'entamer un set bien terne, tant il est vrai que, ni charmante ni très en voix, Little Boobs ne semblait convaincre personne avec sa vision d'une europop plus proche du Papillon de Lumière de Cindy Sander que des standards des années 90, jouée mollement et sans conviction. A vrai dire, il n'y a bien que sur Stuck on Repeat, le single, que le Tenori-On et la jeune femme se réveillèrent, bien trop tard pour intéresser quiconque n'avait pas déjà pensé que "Swedish guys do it better."
Entretemps, on n'avait pas pu s'empêcher de remarquer que Caroline Polachek (de Chairlift) était là, derrière le stand de merchandising, avec son boyfriend (accessoirement le chanteur de Violens), et l'on saisit l'occasion pour discuter un peu (en français) de l'enregistrement de leur second opus et de quelques points de détails techniques quant à la prestation de Chairlift au même endroit quelques jours plus tôt, qui semblèrent faire mouche chez la jolie chanteuse, ravie que l'on s'intéresse réellement à sa musique.
C'était ensuite au tour des Black Lips de nous intéresser. Leur garage rock bien foutu était parfaitement mis en relief par une mise en scène de rigueur : chemises à carreaux, spots en contre-plongée, laissant dans le noir les visages des musiciens, leur réputation déjà bien installée ne semblait pas volée.
Et pourtant... Un certain manque de poids et d'accroche se faisait sentir. Comme s'ils étaient en bout de course, les Lips semblaient ne pas avoir le pep's suffisant pour être aussi dingues que d'habitude (on attendait plus de hurlements) ou aussi sales que sur leurs disques. Leur prestation ne fut certes pas ridicule et le fait que Toulouse soit la dernière étape de la tournée devait être pour beaucoup dans cette semi-déception (d'ailleurs leur concert Parisien était parait-il très bon), mais après leur set, apprécié malgré tout par un public pas vraiment exigeant, on commençait à espérer enfin voir des artistes venus jouer pour le public, et pas par engagement envers leurs promoteurs. Des musiciens qui auraient envie de jouer, rien de plus...
C'est alors que débarqua la clique d'Ebony Bones pour un show à la démesure de sa coiffure, un métissage de musique accrocheuse (sorte de disco-punk stéroïdé et extravagant) et terriblement sexy.
L'ambiance électrique et l'énergie déployée ont vite fait de convaincre tous ceux qui auraient pu douter de la formule ou qui se seraient tapé le front en voyant l'accoutrement bariolé d'Ebony et de ses musiciens (dont le guitariste indo-sino-egyptien possède la classe).
L'ambiance électrique et l'énergie déployée ont vite fait de convaincre tous ceux qui auraient pu douter de la formule ou qui se seraient tapé le front en voyant l'accoutrement bariolé d'Ebony et de ses musiciens (dont le guitariste indo-sino-egyptien possède la classe).
Au passage, on notera une chose à propos d'Ebony Bones : si son premier album ne tourne pas (et ne tournera probablement jamais) sur nos platines, c'est probablement parce qu'il n'existe aucun intérêt à l'écouter chez soi. En voiture, je ne dis pas, ou bien en soirée, mais personne n'a envie de mettre "Bone of my Bones," de s'affaler dans un canapé et de l'écouter jusqu'au bout (ou bien détrompez-moi). Le disque n'est sorti que pour donner de la matière au groupe sur scène, et c'est très bien comme ça, puisqu'avec des chorégraphies hilarantes énergiquement communicatives, un jeu avec le public de tous les instants (Ebony est une sorte de fille spirituelle de James Brown) et le bon goût de reprendre I wanna be your dog à fond les ballons, Ebony Bones et sa cour ont été la Grande Attraction du festival, le haut du panier. Leur set aura été le seul à donner le sourire à chaque membre d'un public trimballé de part et d'autre de la salle au gré des humeurs de la chanteuse, qui aura aussi été la seule à afficher un sourire permanent et fondamentalement sincère, en voyant ses efforts récompensés. C'était ce que l'on voulait.
A l'aube du second soir, les remplaçants de La Roux, Two Door Cinema Club furent étrangement programmés non seulement en tout début de soirée, mais plus tôt que l'horaire préalablement annoncé, ce qui fait que les trois quarts des spectateurs ne virent pas le bout d'une guitare avant que Lissy Trulie ne débarque.
La jeune femme, pas vraiment équipée pour retourner la salle ne pouvait compter que sur elle-même, ses chansons un brin plan-plan mais pas dégueulasses (britpop désossée) et l'éventualité selon laquelle une partie du public aurait pu la prendre l'espace d'un instant pour La Roux en ne se basant que sur un constat capilo-visuel. Malgré tout, en jouant une reprise sympatoche du Ready for the Floor de Hot Chip, elle finit par se mettre une partie du public dans la poche.
Après une ou deux plombes, l'installation du décor Burtonien (bouquets de fleurs, tapisseries, harpe...) servant de background à Florence Welsh et sa Machine fut enfin terminée et l'ex-dame pipi vint chanter.
Florence a une belle voix, je le lui accorde, ou bien disons une voix "puissante," une grosse voix, quoi. Et c'est une partie du problème. L'autre partie est qu'elle a tendance à croire qu'il suffit d'en user pour que "ça marche."
Eh bien non, il faut aussi que les chansons soient bonnes. En 2009, Florence + The Machine ont sorti un EP puis un album dans la foulée, et le constat établi à leur écoute est que l'album ne présente aucun intérêt whatsoever vis à vis de l'EP ("A lot of love, a lot of blood") dont les trois premières chansons (récupérées pour l'album) sont ce que Florence a fait de plus intéressant, et sont même classées (consciemment ou pas) selon un ordre décroissant de réussite au sein de l'EP, à savoir Dog days are over, Kiss with a fist et You've got the love.
Ces trois chansons-là marchent encore mieux sur scène, et l'organe sur-développé de Florence n'y est pas étranger. Cependant, lorsque les compositions sont banales, l'effet est inversé et c'est beaucoup de bruit pour rien.
Je sais ce que vous vous dites : trois chansons sur un set, c'est peu. Et effectivement, le seul autre fait notable fut l'introduction en guise d'intermède d'une semi-reprise du If I had a Heart de Fever Ray, méconnaissable mais de fort bon goût.
En définitive, on espère que Florence + The Machine sauront démontrer avec un prochain disque qu'ils peuvent écrire plus de trois chansons, mais le résultat des courses c'est qu'on n'en a plus grand chose à fiche, contrairement au public qui semble avoir l'oreille aiguisée pour ce genre de sucreries.
Maintenant, si vous vous souvenez de la critique bien peu élogieuse du premier album de Passion Pit, parue ici même il y a quelques mois, vous devez pré-supposer de l'effet qu'aura eu sur nous le groupe, qui fermait l'édition 2009 du festoche des Inrocks.
Et pourtant, au sein d'un public dense et déchainé (j'aimerais comprendre comment autant de gens peuvent connaître et aimer Passion Pit, d'ailleurs, eux qui ne passent jamais en radio ni à la télé), les deux ou trois premiers morceaux joués, dont le single Make Light, firent bonne figure. Peut-être parce que l'on pouvait alors se rendre compte de la volonté, sur "Manners," de mettre en exergue la production lo fi et bitpop, alors que sur scène, les chansons étaient beaucoup plus classiques. Comme si Phoenix troquait ses guitares pour des claviers, se laissaient pousser la barbe, portaient des chemisettes et engageaient un castrat pour remplacer Thomas Mars. La comparaison est plus ou moins viable, voire totalement casse-gueule, mais vous voyez le genre : le groupe est énergique, et malgré leurs airs de geeks attardés sortis de The IT Crowd, ils savent faire remuer une salle.
Malgré cela, après trois chansons jouées, la bonne surprise se dissipa vite face au manque de renouvellement dans la composition. On se contentera de réécouter Make Light une fois rentré, une fois ou deux, pour se purger, et on laissera à d'autres la tâche d'avoir quelque chose à faire de ce groupe. On préféra, au retour, s'écouter l'album de Krikor (une vieillle connaissance) et son album avec The Dead Hillbillies, en espérant une prochaine édition moins mitigée et surtout moins à la bourre, pour l'année prochaine.
Maintenant, si vous vous souvenez de la critique bien peu élogieuse du premier album de Passion Pit, parue ici même il y a quelques mois, vous devez pré-supposer de l'effet qu'aura eu sur nous le groupe, qui fermait l'édition 2009 du festoche des Inrocks.
Et pourtant, au sein d'un public dense et déchainé (j'aimerais comprendre comment autant de gens peuvent connaître et aimer Passion Pit, d'ailleurs, eux qui ne passent jamais en radio ni à la télé), les deux ou trois premiers morceaux joués, dont le single Make Light, firent bonne figure. Peut-être parce que l'on pouvait alors se rendre compte de la volonté, sur "Manners," de mettre en exergue la production lo fi et bitpop, alors que sur scène, les chansons étaient beaucoup plus classiques. Comme si Phoenix troquait ses guitares pour des claviers, se laissaient pousser la barbe, portaient des chemisettes et engageaient un castrat pour remplacer Thomas Mars. La comparaison est plus ou moins viable, voire totalement casse-gueule, mais vous voyez le genre : le groupe est énergique, et malgré leurs airs de geeks attardés sortis de The IT Crowd, ils savent faire remuer une salle.
Malgré cela, après trois chansons jouées, la bonne surprise se dissipa vite face au manque de renouvellement dans la composition. On se contentera de réécouter Make Light une fois rentré, une fois ou deux, pour se purger, et on laissera à d'autres la tâche d'avoir quelque chose à faire de ce groupe. On préféra, au retour, s'écouter l'album de Krikor (une vieillle connaissance) et son album avec The Dead Hillbillies, en espérant une prochaine édition moins mitigée et surtout moins à la bourre, pour l'année prochaine.
Joe et Bastien
fameux live report. je veux dire, ça cause d'artistes chiants comme Florence & The Machine ou Passion Pit, et pourtant, ça se lit très bien. Coup de chapeau. et les photos sont vraiment cools!
RépondreSupprimernon Passion Pit c'est pas chiant, c'est ceux qui le disent qui le sont !
RépondreSupprimerc'est beaucoup trop long, fallait couper, fallait faire un truc, mais je lirai pas ce pavé. Y'a pas de marque ligne sur blog. désolé.
RépondreSupprimersuper les photos
RépondreSupprimermais il n'y a pas les black lips?
les meilleurs de ce festival
et je ne les connaissais pas !
quelle bonne idée j'ai eu de me pointer au bikini.
bon et aussi pour ceux qui s'ennuie chez eux quand il pleut, qui n'aiment pas lire et qui ont viré la télé mais pas la culture,
http://portedentree.blogspot.com
welcome!
et je met ce blog en lien
km
oups
RépondreSupprimerles vacances ne me valent rien...
bien sûr qu'il y a des photos des black lips...
superbes en plus.
désolée
shnurf
merci pour les photos, ça m'encourage à en faire beaucoup d'autres. Vivement d'ailleurs.
RépondreSupprimerIl y a deux photos des Blacks Lips, parmis les meilleures prestas du festival mais loin derrière la pêche communicative d'Ebony Bones.