C'est entendu.

samedi 9 janvier 2010

[They Live] Coexistence pacifique..?

L'endroit est surchargé mais il n'empêche : il y a de l'écho sur C'est Entendu. Joe vous parlait des 20 ans du label Warp il y a deux mois en convoquant un DJ Fluo, un super-groupe psychédélique et un projet solo bouillonnant, et d'ailleurs le blog a un peu oublié de vous dire qu'un des meilleurs albums de l'année, "Veckatimest" de Grizzly Bear était justement sorti chez eux, mais la grande soirée Warp parisienne, c'était il y a un mois maintenant et j'y étais. Je vous avoue que c'était surtout pour Battles dont le "Mirorred" l'an dernier, à défaut d'être apprécié des pontes du blog, m'avait vraiment enchanté, et c'était l'occasion de faire des découvertes. Donc si vous connaissez un minimum le travail du label, vous avez déjà compris avec les deux groupes sus-mentionnés que je suis loin d'être acquis à ce qui est son secteur de prédilection, la fameuse "Intelligent Dance Music". Oh, je sais bien que le label s'est ouvert, et pour preuve, la soirée réunissait deux DJs et deux groupes qui utilisaient l'électronique au sein d'une formation moins déstabilisante pour un indie-kid élevé davantage aux larsens qu'aux platines. C'était donc l'occasion rêvée de titiller un peu ses limites et son ouverture d'esprit sans risquer non plus de passer une soirée franchement ratée.


(Jazson Buehler et Mark Shirazu, Nice Nice.)

Bon, mon heure et demie d'avance suite à une erreur sur le site du label qui indiquait le concert trop tôt aura été vaine : des problèmes de place m'empêchent d'assister au début du concert de Nice Nice qui ouvrait la soirée, et c'est un peu dommage car c'était une chouette découverte que ce duo guitare/batterie qu'on regardait construire ses grooves ludiques en face à face et armé de gadgets électroniques et d'effets en tous genres. Sans être d'une personnalité absolument bluffante, et en se laissant parfois un peu dominer par son inventaire, il n'empêche que la prestation du groupe était tout de même pour tout amateur de rock expérimental virant kraut ou psyché un vrai plaisir avec de sacrés moments de transe. Et quand le batteur Mark Shirazi laissait tomber un peu ses pads numériques pour se lancer dans un groove motorik NEU!esque ou quand les mélodies lumineuses et heurtées à la Animal Collective de Jason Buehler se retrouvaient hurlées à travers un mégaphone pour enfant dans les micros de guitares, on sentait tout de même un sacré savoir-faire chez les deux compères. La maîtrise de certaines structures laissait à penser qu'il s'agissait de morceaux joués live plutôt que d'improvisations, et si la transition au studio ne perd pas de sa fraîcheur, ça augure un hypothétique futur album ("Actual Now", prévu au printemps) plutôt sympathique, le groupe ayant déjà à son actif cinq essais réalisés entre 1999 et 2006.

La soirée commençait donc plutôt bien, sauf qu'à ce moment Four Tet est entré en scène. Enfin, je n'en suis pas tout à fait sûr non plus, disons que j'ai pu apercevoir quelques mèches de cheveux passer au loin derrière des instruments recouverts de tissus, et que ça a coïncidé pile-poil avec une grosse envie de mourir, là, tout de suite. En subissant des tâcherons garage-rock, on aurait au moins l'occasion de rire de leurs tronches pas possibles ou de leur jeu de scène d'infirmes, mais quand on doit subir un mauvais concert où l'on peine à distinguer le scalp d'un type qui de toute manière est aussi vivant qu'une statue du musée Grévin, je peux vous assurer que c'est sacrément pénible. Et puis bon, si ça c'est réellement de l'Intelligent Dance Music, mon problème n'est pas de ne pas la trouver intelligente mais plutôt de ne pas la trouver dansante du tout, du tout. J'observais avec dépit que la salle ne partageait pas vraiment mon avis, mais le point de non-retour était encore à franchir, car quelques dizaines d'interminables minutes plus tard, Four Tet de nœud nous lâchait sans prévenir un sample de world music pas croyable qui me laissait comme pour mort, et après l'avoir trituré vicieusement un bon quart d'heure, il nous foutait la paix une bonne fois pour toutes. Désolé Kieran, je sais bien que ce n'est pas vraiment de ta faute, que c'est juste pas ma came ton truc, mais sache que je me venge quand même en foutant à côté de ce paragraphe une photo de Francis Huster qui te mitraille avec un regard culpabilisant comme y'en a pas deux. Ça t'apprendra.

Et enfin, Battles débarquait sur scène. On m'avait prévenu qu'en live, c'était quelque chose, et on avait raison, car j'ai effectivement pu découvrir dans leur musique des propriétés inespérées. Pas encore d'infirmes qui se relèvent, mais un jeu constant avec le spectateur qui nous laissait toujours dans le doute sur ce qui était en train de se passer : c'était quoi ça, un nouveau morceau ? Une intro ? Un groove improvisé trop cool en guise de transition ? Et c'est toujours le même morceau là ? Il faut dire que l'aspect organique de la musique live du groupe, avec triturages de câbles et d'effets dans tous les sens, y était pour beaucoup. Il y avait quelque chose de véritablement ludique et excitant à voir Tyondai Braxton éteindre successivement tous les amplis pour essayer de trouver d'où sortait la boucle qu'il venait de créer avant de reprendre son chant détraqué en se tordant comme si de rien n'était pendant que Ian Williams au jeu de scène convulsif et à la tronche burinée pas possible martyrisait un synthé miniature tout en jouant sa partie de guitare d'une main. Si ces deux-là se surpassaient en envoyant frénétiquement à la gueule de l'autre les idées et les riffs les plus tordus, le soutien du jeu physique jusqu'à l'épuisement du batteur John Stanier et de la basse tantôt lourde tantôt étourdissante de Dave Konopka n'était pas non plus en reste. Ce qui est fort chez Battles, c'est que ce travail sur le son et les textures grouillantes se met toujours au service de tubes improbables et jouissifs, et les trois meilleurs morceaux de "Mirrored" qui furent joués, Atlas, Tonto (Jamais le ralenti de fin ne m'avait paru si sensuel. Oui, sensuel.) et Race: in (Malgré les quelques décalages du batteur qui fondait littéralement en sueur) l'ont bien prouvé.

Si seuls ces trois morceaux du dernier album ont été interprétés, c'est parce que la soirée était pour le groupe l'occasion de rôder les morceaux qui figureront sur l'album qui devrait sortir dans l'année à venir. Quid de ces nouveaux titres alors ? De manière générale, ils étaient moins math rock que les précédents, avec moins de riffs de guitare en cascade, davantage de claviers et de vocalises Braxtoniennes. Si je dois avouer que les premiers joués m'ont un peu laissé sur ma faim avec pas grand chose de mélodique à me mettre sous la dent (mais je mets ça sur le compte de la découverte avant tout), quand le groupe a mis en boucle une sorte de riff boogie goofy à cent à l'heure à travers un séquenceur détraqué au milieu de ce qui semble être un morceau nommé Ice Cream pour mieux le parasiter en dissonances, guitares hachées et vocalises tordues qui se greffaient les unes aux autres, mes doutes se sont évanouis et il ne me restait qu'à m'abandonner sur ce groove dément.



En cadeau, un live de Ice Cream une semaine plus tard. Détracteurs du groupe ne fuyez pas, attendez au moins une minute trente bon sang.

Bon, ici je suis sensé vous parler de Flying Lotus. Sauf que mon état physique ne me permettait pas vraiment de rester beaucoup plus longtemps que quelques minutes et je m'en excuse, mais rassurez-vous hein, s'il avait l'air un peu moins mort que Four Tet, ça avait quand même l'air bien chiant. En somme je ressors de la soirée un peu circonspect quand au concept de transformer une salle de concert en club. Remarquez, pour avoir aussi vécu l'inverse (Pas Chic Chic au Social Club...), au moins cette fois le public semblait y trouver son compte.

Les photos des concerts ont été prises par notre ami François du Mange-Disque, qui a assisté à la soirée Warp de Manchester la veille.


Thelonius.

(Cet article est dédié à la maman de Maxime.)

9 commentaires:

  1. Y'avait Francis Huster à ce gig ? :D

    RépondreSupprimer
  2. il m'a flingué Huster !

    RépondreSupprimer
  3. t'aurais du mettre un jpeg de Cristina Reali !

    RépondreSupprimer
  4. Four Tet je pige, mais je te trouve rude avec Flying Lotus, c'est un bon gars ! Faut juste kiffer le glitch hop :D

    RépondreSupprimer
  5. Ouais mais pour (Gustave) FL j'étais franchement éteint donc mon jugement vaut pas grand chose gros. Ce sera pour une prochaine fois.

    RépondreSupprimer
  6. Y tient pas, le jeune ! Y tient pas !

    RépondreSupprimer
  7. Vous dites "Ouarp" ou "Vrap"? Je suis toujours emmerdé quand je vais à mac do à cause de ça. Un ptit ouarp? Un petit varp?

    RépondreSupprimer