Je ne sais pas si vous avez commencé à vous y intéresser, mais il serait grand temps les amis. Regardez le calendrier. On est en novembre 2009. Et alors? Vous me dites et alors? Alors dans deux mois, on passe dans les 10's. Faites pas cette tête, vous voyez ou je veux en venir : c'est maintenant ou jamais pour faire vos tops des 00's. Dire vos chouchous. Vous les avez vécues (ou subies parfois) ces 10 fichues années non ? Alors restez pas là. Et soyez originaux hein, un tant soit peu. Parce que si des types comme Pitchfork se sentent obligés de mettre "Kid A" en guise d'Everest musical de l'ensemble bordélique qu'aura été la musique de cette décennie mourante, laissez moi vous dire que pour moi, ça ne va pas se passer comme ça. Non non, moi, j'ai mes championnes. Mes héroïnes. Elles étaient 4 filles. Elles venaient de Brighton. Elles ont fait 4 albums et ont fait le coup du hiatus. Elles s'appelaient Electrelane. Elles ont été l'un des meilleurs groupes de la décennie. Carrément.
Je vous fais le coup du superlatif, je sais, mais là, ce n'est plus la raison qui parle. Quand, le 26 janvier 2004, Electrelane sort "The Power Out", un deuxième album produit par Steve Albini après un "Rock It To The Moon" instrumental et psychédélique, c'est un vrai monument timide qui sort. Je sais que j'aime trop cet album. Je sais qu'il n'est pas aussi parfait que je veux bien le hurler. Je sais qu'il est rempli de références et d'influences qui peuvent s'entendre. Je sais que ce n'est, dans l'absolu, qu'un album "mineur", sonnant un peu anecdotique mais sympathique pour beaucoup de monde. Mais, bizarrement, au fil des années, avec le temps et les écoutes compulsives, il m'est apparu, un peu par surprise mais comme une évidence, que c'était un de mes albums préférés de tous les temps. Parce qu'il touche à plein de genres en même temps, mais avec la même fougue, avec la même force, et en réussissant à chaque fois. Parce qu'il synthétise en un seul ensemble absolument tout ce que j'aime en musique : la mélancolie, le rock, les rythmiques répétitives, les envolées psychédéliques, l'humour, un certain lyrisme tout à fait assumé. Et le tout dans un ensemble bordélique où les grosses guitares et un saxophone free croisent des chœurs angéliques et des pianos délicats, et où l'on chante en anglais principalement, mais aussi en espagnol, allemand et même français.
C'est même sur le premier morceau de l'album que Verity Susman, chargée du chant et des claviers, s'essaie à la langue de Sartre, dans le magnifique et obsédant Gone Under Sea. Deux accords et une longue montée qui ne semble à aucun moment forcée. Bien au contraire, tout semble couler naturellement, des premiers arpèges légers de guitare, jusqu'au climax émouvant mais pudique. Et si la voix de Verity au début, sombre et fragile, est empreinte de beaucoup de douceur lorsqu'elle lance "A la belle étoile/J'ai vu ton visage gris", elle se fait douloureuse au fur et à mesure, dans une modernisation déchirante du thème de la veuve qui attend toujours le retour du mari, amenant l'explosion avec ses "La mer était calme, mais il pleuvait sans cesse/J'ai compté les bateaux, j'ai compté la tristesse/Combien de vies cela a-t-il coûté?/Combien de vies cela a-t-il coûté?", puis s'étalant, impériale, sur des "Ave Maria" graves, sans espoirs. Finalement, sa voix s'envole, dans de longues vocalises puissantes qui me collent immanquablement des frissons comme j'en ai rarement. Et la batterie d'Emma Gaze poursuit son rythme sans fin pendant que Mia Clarke plaque inlassablement deux accords majeurs, forcément majeurs jusqu'à ce que s'achève enfin, dans une lumière éclatante, l'un des plus beaux morceaux de la décennie.
Emilien.
Mon préféré du moment étant Axxes, j'ai réécouté The Power Out hier soir pour vérifier, et comme on dit en anglais "That's a tie !"
RépondreSupprimerBel hommage !
RépondreSupprimerJoe, t'es mon préf, t'aimes mon pref, t'a mon pref pour pref !
RépondreSupprimerTu veux dire quoi par préf ? Préfet ? Préfet de Police ? Préfecture ? Préfiguration ? Je pige pas !
RépondreSupprimer:D
T'es mon préfixe au beau fixe. T'es mon préfacier, mon préhaut, mon haut-pré fleuri. Ton prétendu prêchi-prêcha c'est chalutaire, c'est ce que je préfère !
RépondreSupprimerOn passe dans les 10s dans un an et deux mois mon cher milou. La première décennie des 2000s n'est pas morte!
RépondreSupprimerLes deux milz
RépondreSupprimernon. non non non.
RépondreSupprimersi les millénaires commencent en 2001-3001-4001, il n'en est pas de même pour les décennies musicales qui fonctionnent toujours de xxx0 à xxx9. Parce que sinon, 2000, c'est les 90's? Non non, il faut pas tout mélanger. Les 00's (le nom de clair, c'est les années 2000), c'est de 2000 à 2009 et c'est fini dans moins de 2 mois. ALORS A VOS TOPS.
Bien envoyé Emilien !
RépondreSupprimer