C'est entendu.

lundi 9 novembre 2009

[Quitte ou Double] Falsetter n'est pas jouer, le Barock adolescent est-il pandémique ?

Il est grand temps de débattre !

Cette fois-ci je vous propose de vous pencher sur le cas de deux groupes très différents mais dont les chanteurs partagent la même ascendance et le même goût pour une certaine grandiloquence baroque et usent et abusent de leurs voix de fausset*.
Ce genre de chose ne sort pas de nulle part, bien évidemment, et l'on en a vu d'autres jouer le même jeu (risqué) et parvenir néanmoins à se trouver un public, je pense bien sûr à Muse, mais aussi pourquoi pas à Joanna Newsom et on peut même remonter jusqu'à Tim Buckley, père de, qui entre 1967 et 1971 était en quelque sorte le champion incontesté de cette catégorie, mais tous ceux là agissaient en sous-marin et dans leur coin.


Tim Buckley - Goodbye and Hello

Ils n'étaient pas plusieurs sur le même bisteak au même moment, ce qui n'est pas le cas de ceux dont je vais vous entretenir, et c'est pourquoi j'aimerais que vous me disiez, tout d'abord, ce que vous pensez de chacun d'entre eux, et ensuite, si vous pensez que ça ne fait pas un peu trop de manières en trop peu de temps. Votre coupe est-elle pleine ou est-ce que vous avez encore de quoi offrir le gîte à deux ou trois autres de ces types-là ? Car il y en a d'autres. Découvrons ensemble ...


I - Un circuit de Montagnes Russes sur le dancefloor, une certaine idée de la pop conçue par les Wild Beasts :

Ils viennent de sortir leur deuxième album ("Two Dancers") en deux ans, Wild Beasts, malgré ce nom, ne sont que quatre anglais qui ne font peur à personne, ni avec leurs bouilles de braves gars ni avec leurs voix qui montent et qui descendent, et dont la musique n'a pas vraiment pour vocation de vous agresser, mais plutôt de faire parvenir à vos corps (vos jambes si possible) l'énergie qui habite leurs textes. Si en lisant cela vous vous attendez à quelque chose de véritablement dansant, détrompez-vous ! Seuls les plus agités ou défoncés au speed parmi vous pourrait remuer suffisamment sur la musique des Wild Beasts pour appeler ça de la danse.



Non, réellement, leur pop autant inspirée par Kate Bush que par Arcade Fire n'est "dansante" que par rapport à leur album précédent "Limbo, Panto" et aussi parce que les morceaux reposent le plus souvent sur la batterie, laquelle habillée de guitares légères et claires, n'est pas sans évoquer à la fois la musique africaine et la pop anglaise telles qu'on les connaissait dans les années 80 (comme s'ils avaient à la fois écouté les Bhundu Boys et Echo and the Bunnymen).



Leurs deux chanteurs se partagent le boulot, mais l'un comme l'autre ont tendance à régulièrement appuyer sur leur pédale à falsetto pour faire décoller leur lyrisme et cela est précisément ce qui fait leur charme et leur originalité (sans cela, on les taxerait probablement d'avoir écouté Foals entre leur premier et leur second album, et puis c'est tout), mais c'est aussi ce raffinement, qui ne colle pas forcément à leur look, et vous pourrez dire ce que vous voudrez, un tel fossé (sans jeu de mot) entre l'image et le son n'est jamais bon pour gagner un large public, c'est aussi ce raffinement donc, qui pourrait bien leur causer du souci quant à devenir ou non un groupe qui vous plaira, à vous, chers lecteurs.


II - : Une ballerine marque son territoire langagier, Parenthetical Girls et les violons de mon coeur :

Du côté de Parenthetical Girls, les choses sont sensiblement pas les même. Ils sont quatre, certes, et en sont eux aussi à leur second album, mais le leur, "Entanglements," est sorti l'année dernière, et ils sont américains. Et surtout, leur look et leur musique sont on ne peut plus accordés.

Deux garçons, une (jolie) fille et un chanteur androgyne au possible, du maquillage aux yeux en passant par la coiffure, les postures et bien entendu la voix, qui ne se contente pas de s'envoler mais insiste aussi puissamment sur les consonnes et tente tant bien que mal de faire muter les aspérités consonantiques de la langue Anglaise en autant de salves d'élégance glam, alors que derrière lui, un groupe nouvellement acquis à Michel Legrand (le précédent album était plutôt orienté machines) s'évertue à réveiller la Grandeur Olympiesque d'une Revue de Variété telle qu'on n'en avait plus vu passer depuis les années 60.


Unmentionables

Les nouveaux amours de ces filles entre parenthèses (nom que l'on sent imaginé par le chanteur Zac Pennington, qui nage décidément dans des eaux vieilles de 50 ans depuis quelques années, déjà) sont peut-être vieillots – reprendre Les Moulins de mon Coeur de Michel Legrand (en écoute dans le lecteur) est quelque peu osé, tout comme sortir un single en hommage à Ellie Greenwich, dont les kids n'ont jamais entendu parler, avouons-le (à moins qu'ils n'aient lu ce qu'il fallait) – il n'en reste pas moins que l'on peut se demander combien s'en seraient tiré aussi bien avec un postulat de départ si flageolant.



C'est à vous de vous exprimer. Quid de ces deux groupes ? Quid de cette tendance un brin passéiste ? Votez au sondage, exprimez vous dans les commentaires, faites entendre votre voix.


Joe


* La voix de fausset, ou falsetto, est aussi appelée "voix de tête" et chez l'homme représente la voix aigüe, non naturelle, que les plus bêtes parmi nous appellent à l'occasion "voix de tata."

6 commentaires:

  1. Le chanteur des Parenthetical Girls est quand même super beau, pfoulala.

    Sinon j'aime moyen Wild Beasts mais beaucoup les Parenthetical Girls, et je ne trouve pas ça vraiment passéiste. Ils ne ressemblent pas à quelque chose de précis, ils s'approprient leurs influences et crééent un style assez personnel. Et dans le cas des Parenthetical Girls, ils ont un talent de composition certain !

    Duck.

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  2. Oui, je dois dire que je suis assez FAN des Parethetical Girls. Que ce soit leur précédent album "Safe As Houses", qui était un album plutôt électronique et lo-fi ou bien leur dernier qui est une pure merveille. Ces violons! Ces arrangements! Oh la la, Van Dyke Parks revisité sur des morceaux mélodramatiques, c'est absolument incroyable, un des meilleurs albums de la décennie, clairement. Et puis Zac, ah la la, quelle voix. Je veux son pull avec des fleurs et des papillons qu'il portait lors de son concert en première partie de Deerhoof à Paris en décembre dernier.

    Quant aux Wild Beasts, c'est sympathique mais je suis pas vraiment sûr de pouvoir tenir si j'écoute leur album en entier.

    Et The Dead Science, c'est, vraiment, un groupe ignoble.

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  3. Ah c'est un peu dommage que tu n'ai pas parlé d'avantage de Dead Science ! Je sais que tu détestes ça (moi même je suis vraiment pas fan), mais je trouve que ça aurait fait un chouette panorama des utilisations de la voix de castrat, et je trouve les liens entre Parenthetical Girls et Dead Science assez fascinants !

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  4. Tu as sans doute raison. Je n'en ai pas parlé plus parce que leur musique me déplait et qu'il m'aurait du coup été assez difficile de m'investir suffisamment pour la réécouter et/ou pour écrire quelque chose d'un brin impartial sur eux. Quand on voit que les Wild Beasts, bien moins affreux que Dead Science, perdent haut la main le défi, je me dis que ça n'était pas grave de zapper les représentants EMO de la Fausset Co.

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  5. Je suis assez d'accord avec Thelonius sur les liens entre Parenthetical Girls et Dead Science. Non seulement ils sont amis mais je trouve les deux groupes complémentaires et pas si éloignés, ils jouent tous les deux des musiques maniérées, émouvantes et sur le fil. Les Dead Science se reçoivent plein de vannes par ici, mais on pourrait tout autant se moquer des Parenthetical Girls qui reprennent Michel Legrand avec du tremblement de gorge à n'en plus finir. Les Dead Science ont une urgence rock, ils sont les frères apocalyptiques, plus violents et écorchés encore. Moins kitsch (dans un sens positif) aussi je trouve.

    Par contre qu'on déteste la voix du chanteur des Dead Science, je comprends tout à fait. Mais, par pitié, rendez-vous compte que les compositions sont tortueuses, osées, qu'elles doivent autant à Blonde Redhead qu'à Deerhoof, soupoudrant le tout de violons disco et de rythmiques post-jazz éclatées. C'est outré comme musique, mais ça va loin dans les structures et l'intensité quand même.

    Enfin je ne sais pas pourquoi je dis tout ça, ça ne sert à rien. Mais si jamais quelqu'un était intrigué par les Dead Science, sait-on jamais ! Moi, c'est mon groupe préféré du sondage mais je n'ai pas voté pour eux, j'aurais eu l'impression de cautionner un groupe pourri avec le sondage. "c'est du bon émo", ahah ouais.

    Duck.

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