C'est entendu.

lundi 26 octobre 2009

[Réveille Matin] Buzzcocks - Everybody's Happy Nowadays

Il y a des gens dont on ne sait pas très bien si leur habileté à avoir un temps d'avance sur tout le monde et à voir les tendances grouiller là où ils passent relève d'un heureux hasard façon "bon endroit/bon moment" ou bien d'un esprit d'analyse (extra)lucide sur ce que le monde a besoin d'entendre, là, tout de suite, maintenant.

De 1976 à 1980, Howard Devoto a été partout où il fallait être, mais six mois avant les autres. Son groupe Buzzcocks (et non The Buzzcocks), qu'il crée au cours des premiers mois de 1976 avec Pete Shelley et dans lequel il occupe le poste de brailleur, enregistre dès la fin de l'année non seulement l'un des premiers et des meilleurs disques de punk mais aussi et surtout le tout premier disque auto-produit, "Spiral Scratch", qui dit déjà tout en quatre morceaux enregistrés en trois heures et mixées en deux, souvenez-vous on en avait déjà parlé. Février 1977, Devoto a déjà compris les limites du genre (avant-même son apogée), quitte le groupe et se met en recherche de terres plus expérimentales. Il fonde Magazine en avril et ni vu ni connu, il vient d'inventer le post-punk avec presque deux ans d'avance, alors que quelques mois plus tard, les Sex Pistols éclatent, laissant Johnny Rotten/Lydon fonder à son tour son alter-ego vicié du punk, Public Image Ltd. Il apparaît parfois assez flagrant que Magazine n'est autre que le pendant sombre et halluciné de Buzzcocks, et ce n'est pas en se piquant des riffs entre eux (confrontez donc Shot By Both Sides des premiers à Lipstick des seconds pour voir !) qu'ils me retireront cette impression.

(Oui, les Buzzcocks cultivaient une esthétique pop (pardon, punk !) art du meilleur goût.)

Bon, après une intro pareille, j'aurais sûrement dû parler de Magazine, non ? Certes, mais je ne suis pas un garçon facile moi vous savez, et ma pratique du film noir en amateur m'a appris à faire fi des évidences, alors en fait on va plutôt causer de l'avant-dernier single des Buzzcocks, bien après le départ du fameux Howard. Et ça ne devrait pas vraiment vous rassurer. Les groupes de punk sur le tard, c'est jamais bon signe. Rappelons que dans ce domaine, une année en vaut cinq, et donc en terme d'ancienneté, les Buzzcocks en 1979 c'est un peu comme les Rolling Stones au milieu des années 70 si vous voulez.


(Everybody's Happy Nowadays)

Sauf que ceux-là n'ont rien perdu de leur urgence. Je ne saurai vraiment jamais ce qui dans ce morceau peut me serrer le cœur à ce point. Peut-être le décalage déchirant entre une ambiance de résignation amoureuse crée par une composition délicate et des effets aussi franchement punk qu'un break voix/batterie. Peut-être cette montée à la fin du refrain, qui se prolonge avec cette note de guitare lancée nonchalamment au début de chaque mesure. Ou bien simplement le fait d'entendre un punk pur et dur tenter de se convaincre qu'il est heureux en chantant en falsetto.


Thelonius.

2 commentaires:

  1. fameux réveille matin, et fameux morceau oui. on peut toujours faire confiance à un morceau dont le refrain est un accord qui passe du majeur au mineur.

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  2. De toute façon Different Kind Of Tension est un album génial. Il est souvent oublié parce qu'il est un peu trop basique pour être du post-punk de 79 aux côtés de PiL ou Wire, et trop compliqué pour être un simple disque de punk crétin.

    Mais en fait, il est ultime : face a les tubes pop punk, la face b les expérimentations sèches, froides avec I Believe en apothéose finale.

    ET CET ARTICLE RAPPELLE L'ÉVIDENCE : MAGAZINE. MAGAZINE MAAAAAGAAAZINIIIINE.

    XDUCKX.

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