C'est entendu.

mardi 8 septembre 2009

[Réveille Matin] The Breeders - Little Fury

La basse et moi, c'est une histoire d'amour. Une connexion intime. Quelque chose de physique. Quand j'avais 14 ans, j'improvisais des lignes de basses sur la guitare en écoutant des bootlegs live des White Stripes. Et s'il y a bien une personne qui a participé à cette passion immodérée pour cet instrument un peu mal aimé, c'est bien Kim Deal. Une légende. Bassiste des Pixies, elle a apporté à ce groupe un sens de la basse de sous-bassement. Comprendre, la ligne de basse qui porte un morceau sans rien dire. Une basse bien ronde, régulière, métronomique, jouée au médiator. Une basse qui se contente dans l'absolu de suivre les accords. Pas de fioritures, juste ce son grave imposant qui vrombit dans les tympans. Et quand Kim s'est lancée dans The Breeders, rejointe par sa soeur jumelle Kelley, alors que les Pixies n'étaient plus très frais, si elle est passée à la guitare, elle a transmit cette autre façon de groover aux différents bassistes du groupe.


Quand sort "Title TK" en 2002 (9 ans après le populaire Last Splash dans lequel on trouve la ligne de basse - encore elle - de Cannonball, tube 90's ultime qui passe encore à la radio de nos jours), les soeurs Deal offrent à leur musique un traitement purement minimaliste : un rock épuré, d'une simplicité biblique, remplis de silences, de trous d'airs. Elles offrent à un style de musique aussi rempli que le rock des vides, des absences. Et au milieu de tout ça, un seul instrument, immense : la basse. Régulièrement au cours des 12 parfaits morceaux de cet album, il ne reste plus que la voix et la section rythmique implacable basse-batterie, et c'est amplement suffisant. Pour preuve, le morceau d'ouverture de l'album, le parfait "Little Fury" que vous pouvez écouter dans le lecteur à gauche. D'abord une batterie et des voix qui harmonisent entre elles via des échanges de mélodies bizarres. Rien d'autre. On ne voit pas où cela nous mène. Puis soudain, silence, le cri d'une guitare au loin, et la basse qui arrive, imposante, lourde, régulière, précise ; une basse qui lance le morceau et qui lui donne du sens. Elle se lance dans un riff ultra complexe à un moment, seule, comme pour montrer que le reste du temps, le minimalisme est un choix conscient, puis elle retombe, lourde. Et se suffit à elle même. Les autres guitares, c'est du bonus, et certaines jouent la même chose. On ne remarque peut-être pas que sur le refrain, la basse n'est plus là. Mais chacun de ses retours retentit dans les oreilles. Et quand sur le dernier refrain, sur lequel Kim Deal chante avec sa voix la plus belle "Hold what you've got!", la basse ose le premier petit riff du morceau, c'est fait avec une classe absolument démentielle. Cette basse, elle est simple comme bonjour, mais elle est absolument parfaite comme ça. Et c'est pareil sur tout l'album "Title TK", un album complètement oublié, un chef d'oeuvre de poche qu'on ne verra sûrement pas dans les tops de la décennie, ni lui ni son frère Mountain Battles sorti l'année dernière, mais qui mérite pourtant une place de choix, parce que The Breeders n'ont jamais aussi parfaits, bizarres, efficaces et pop que sur ce bijou plus alternatif que tout.

Incroyable mais vrai : ces gens-là ont crée deux des meilleurs albums rock des 00's.


Emilien

5 commentaires:

  1. Le 9/9/9 est donc bel et bien un jour maudit : pas de réveille-matin sur C'Est Entendu ! :D

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  2. En effet ! Et ceci pour cause de soirée chargée pour le rédacteur prévu. Mais qu'à cela ne tienne, vous aurez droit à un 45 tours dans l'apres midi, en lieu et place.

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  3. Fameux sinon le "bassassin", j'ai hâte de découvrir les autres morceaux choisis.

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  4. c'est cool le coup des tags écrits plus ou moins gros à gauche, ça me botte.

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