C'est entendu.

lundi 15 juin 2009

[Alors quoi?] Pour en finir avec le Shitgaze (ou, pourquoi la nullité n'est pas soluble dans le D.I.Y.) - Première partie

"De mon temps, on ne noyait pas nos groupes de merdes dans un raffut lo-fi incompréhensible. Non, on les écoutait dans une haute fidélité pas possible, et on aimait ça, bon sang!"

- Un type, sur internet, parlant de Wavves.



C'est un néologisme moche qu'on tend à trouver quelques fois dans des critiques de disques, et vous l'avez peut être déjà rencontré au hasard de vos pérégrinations sur l'internet : le shitgaze est le nouveau sous-genre à la mode dans la grande famille consanguine et mourante de l'indie rock. Quand tout se barre n'importe comment et que les albums deviennent des im-pitoyables capharnaüms de styles digérés avec remontées acides, on aime bien nous sortir un genre, histoire de classifier un peu tout ça, de donner un coté "mouvement", un truc à suivre. C'est purement journalistique et ça ne décrit que vaguement une certaine tendance de la musique actuelle, mais ça marche plutôt bien, la preuve, j'en parle. Sauf que voilà, tout mon propos dans ce billet en deux parties, sera de dire bien clairement, après l'avoir défini ci-dessous, que le shitgaze n'existe pas, et que si l'on admet tout de même l'idée d'un pseudo-sous-genre qui aurait ce nom pour résumer une certaine scène actuelle, que la seconde partie tachera de présenter plus précisément, alors cette dernière est vouée à l'oubli car elle n'invente absolument rien et n'offre que des résurgences doucement passéistes. Pour qu'on en finisse avec le shitgaze, une fois pour toute.


Première partie : Pourquoi ce raffut.



(fig 1 : Wavves tentant de raviver la flamme du rock & roll mourant avec un briquet.)


Déjà, il y a ce terme. Le shitgaze, un terme venant du groupe Psychedelic Horseshit (tout un programme) qui l'a utilisé pour définir sa musique. Soit "le regard vers la merde" si je traduis. C'est rare qu'un nom de mouvement se place plutôt du coté de l'auditeur que du musicien. Évidemment, shitgaze, c'est un piètre jeu de mot sur le genre Shoegaze de la fin 80's/début 90's, qui empilait des couches de bruit en regardant ses godasses et ses trente pédales d'effets. Remplacez juste le "shoe" par le "shit", afin de montrer que les ambitions n'ont rien à voir mais participent d'un même esprit de "mur du son sale", et voilà. Pourtant, il est difficile de définir clairement ce qu'est le shitgaze. L'idée même d'une chronologie dans le shitgaze est complexe, étant donné qu'il est intimement lié à tous les groupes lo-fi des 00's. Et dans ce cas là, où commence le shitgaze? qu'est ce qui reste dans le lo-fi? Y'a pas un peu de noise rock? Qu'est ce qui est juste garage? Bref moult débats inutiles de genres branlants, mais qui passionnent les foules.


Alors quoi? On pourrait dire que le shitgaze, c'est un mouvement qui rassemble des groupes (souvent américains, le mouvement "vient" de Colombus à la base), à l'instrumentation classique (guitare, batterie, parfois basse bien que pas toujours), créés dans les années 2000, qui se placent clairement dans une lignée précise et résolument pas originale (principalement les groupes garages 60's, le punk rock branleur) et qui s'enregistrent avec un son crade tout à fait volontaire qui rejoint l'ensemble du Lo-Fi. Sauf que, chez les mecs qui font du shitgaze, les morceaux ne sont pas expérimentaux (ou peu), ils sont efficaces, ils cherchent à l'être, tendant presque vers un indie rock quelconque à certains moment. C'est pour ça qu'un Ariel Pink par exemple, n'est pas du shitgaze, même si c'est un loser qui se prend pour un mec des sixties avec un son pourri. C'est en tout cas ainsi que je vois le shitgaze, mais vu qu'il n'a été théorisé par personne, il faut bien mettre des bornes.


Mais mettre des bornes à quoi? Le shitgaze est un genre qui est tout bonnement illusoire, les groupes étant tous différents, n'ayant ni les mêmes buts, ni la même approche de la musique. C'est un mélange bâtard et même pas homogène de groupes qu'on rattache ensemble peu ou prou pour une seule raison : leur production volontairement crade, car c'est une esthétique parait-il. Mais à l'écoute de n'importe quel album de Shitgaze, il parait clair à l'auditeur que ça aussi c'est du trompe l'oeil, encore un os à ronger en attendant quelque chose de nouveau sous le soleil. Ces gens-là n'inventent rien. Ceci n'est pas une noise-pop. Le D.I.Y. avec un son pourri, il est là depuis des plombes, les enregistrements au son dégueulasse, y'en a des millers un peu partout : si on avait que ça à foutre, on pourrait dire "hé, White Light/White Heat, c'est du proto-shitgaze". Parce que c'est un peu le cas non? Mais tout le monde se rend bien compte que ce serait absurde. Les enregistrements infames des Razziles Dénudées au Japon dans les 70's, certains groupes post-punk qui enregistraient avec un son dégoutant, c'est du Shitgaze? Non plus. L'autre jour, j'ai passé ma vieille cassette d'Henri Dès sur un magnétophone pourri, c'est du shitgaze? Toujours pas. Eux, c'est fait exprès. Parce que le shitgaze, c'est juste le terme à la mode pour pas dire rock garage, pour pas dire rock & roll crasseux ; c'est juste le son baveux pour ne pas sonner aussi quelconque qu'on l'est. Est-ce un hasard si le groupe Mika Miko, ouvertement garage et punk, est copain avec des groupes de Shitgaze? Non, parce que ça participe du même coté punk. Sauf que les groupes de Shitgaze se cachent. Mais savez-vous pourquoi le terme de shitgaze est pratique? Parce qu'il distingue quand même ceux qui truquent. Ceux qui se font mousser avec leur son volontairement naze.


(fig 2 : le duo Japandroids, qui ont malheureusement racheté un kit batterie après la photo)


Le shitgaze, c'est un peu de la hi-lo-fi pour une génération de branleurs. Parfois, on pourrait se demander "Si Lou Reed avait pu, est-ce qu'il aurait pas enregistré European Son avec un bon son? N'aurait il pas voulu, comme il l'a fait après, un son plus clean, pour qu'on pige mieux ses guitares dégueulasses? Et John Cale, il aurait pas voulu que ses violons saturent pas dans Venus In Furs?". Un peu comme on a des logiciels qui donnent aux photos un grain polaroid "si rétro", le shitgaze salit ses morceaux pour se donner une contenance et une allure D.I.Y. assez toc, et joue sur une esthétique qui a la base était subie, de manière à se l'assener soi-même. Une sorte d'auto-flagellation cool. Ça revient à préférer faire du grand bi plutôt que du VTT, juste par attitude. Bien sur en interview, ça se la joue indie et plus alternatif que le courant : "on a des micros pas terribles, mais ça nous suffit, pourquoi en acheter d'autre?" nous sort Times New Viking. L'autre grand dadais de Wavves dit "j'enregistre chez moi sur Garage Band, je fais ça comme ça, sans réfléchir". Et le plus terrible, c'est que ça marche, plus que n'importe quel groupe de rock garage : sous couvert d'attitude jemenfoutiste et d'ambiances "noisy", c'est tout une arnaque réactionnaire qui saute aux yeux, un coté "on avait que des micros pourris, mais on a enregistré quand même parce que le son n'importe rien pour nous, juste la musique". Cette attitude-là, elle marche quand on n'en vit pas, quand on fait ses petites cassettes dans son coin. Mais quand on est signé chez Matador? Quand on fait des tournées plus ou moins mondiales? C'est pas un peu de la frime pour cacher qu'on a rien à dire? Prenez moi pour un cynique, mais ça me semble méchamment gadget tout ça, et surtout un moyen comme un autre de se cacher derrière un son (parfois il vaut mieux : Wavves en live, c'est un peu embarrassant). A quand un mouvement qui fait exprès des morceaux en mp3 92 kbps : "on fait ça sur des petits disques durs, alors on doit faire des petits fichiers, mais le plus important, c'est ce qui se joue tu vois, le son, c'est accessoire pour moi". Et puis, sérieusement, vous avez déjà vu des micros chant qui mettent des effets de pré-ampli juste parce qu'ils sont pourris ? Vous avez déjà entendu des enregistrements de mauvais qualité de CETTE mauvaise qualité là? Je ne crie pas à l'arnaque. Ou alors juste un peu.


Donc voilà, en conclusion, le Shitgaze n'existe pas, tout simplement. Et si on fait abstraction de cette affirmation, et qu'on essaie de définir le mouvement par ses points communs, on n'en voit qu'un, la production infâme. Une production en forme de gimmick indé qui manque véritablement de fond et d'intérêt, n'ayant ni le bénéfice de l'originalité, ni l'excuse de l'efficacité, ni la fraicheur du vrai do-it-yourself. Ça n'empêche cependant pas de trouver quelques bons groupes au milieu de ce faux-ensemble très inégal. On verra ça dans le détail dans la seconde partie.


En attendant, jetez une oreille la-dessus pour vous faire une opinion vous même. Ce petit résumé n'a cependant pas une valeur exhaustive, évidemment :






31 commentaires:

  1. Je suis on ne peut plus d'accord avec cette fine analyse du tout premier théoricien du shitgaze !

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  2. "Une production en gimmick [...] do-it-yourself" > phrase parfaite, belle analyse.

    Sinon c'est vraiment de la merde qu'on puisse pas faire des copier coller dans les commentaires.

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  3. J'allais dire que tu pointais un intéressant problème, mais le fait est que je viens d'essayer, et j'y arrive (à copier coller dans les comms).

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  4. j'aime bien l'album de Wavves et j'ai beaucoup de plaisir à écouter "So bored". :)

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  5. Sinon le rapport à l'image serait plutôt faire de l'ultra basse définition et pas l'application polaroid. Et pour le coup, je trouve ça très intéressant. Décider de faire un album tenant sur 1 mo, artistiquement, j'entends bien qu'on dépasse l'idée de musique là, c'est autre chose. Mais voilà notre préocuppation à tous maintenant, c'est bien l'espace de notre disque dur plus que le notre de mémoire. ET BAH MERDE TU SAIS QUOI? tu peux en mettre beaucoup de "savoir" si tes albums font seulement 1 mo et pas 10 go alors que t'as pas l'argent pour t'acheter ton To. Faites des albums en midi les mecs. Moi je vais faire des films sur 10 pixels. Juste pour la démocratie, juste pour l'afrique qui ne peut pas se payer son To.

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  6. Ahah, thibault devrait poster des comm's plus souvent ! Mon affichage est passé tout seul en 800x600 quand je lisais son comm's...

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  7. Je veux pas jouer les entremetteurs, mais c'est pas le cas d'un tas de "termes journalistiques" comme tu le dis si bien, la "non-existence"?
    Maintenant dans le fond je suis d'accord avec toi, la phrase comparaison avec les polaroïds, ouais pareil. Mais c'est un monde de paraitre, de faux semblants, d'hypocrisie et de malveillance!

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  8. Ça participe de cette mode qui consiste à aimer la merde. Y'a plein de gens qui écoutent leur zique sur des vieux walkmans sans auto-reverse, avec des cassettes au son pourri, pour l'amour (si morbide) du "bon vieux temps". Tu vois c'est une mode générale. On tourne en rond et on refait inlassablement les mêmes erreurs et les mêmes horreurs, de plus en plus tragiquement. Les gens aiment la merde et en sont fiers. De même qu'ils sont heureux de dire qu'ils laissent leur cerveau à la porte d'une salle de cinéma pour apprécier une merde (pire injure possible faite à un film). Ils ont gardé leur âme d'enfant ces gens-là, en tout cas ils reprochent à ceux qui ne sont pas aussi débiles qu'eux de l'avoir perdue, leur âme d'enfant. Mais faut pas oublier qu'un enfant c'est quand même très con. La civilisation c'est quand même une valeur comme disait le Jules de Godard.

    Jean Baudrillard a écrit ceci: "Toute la duplicité de l'art contemporain est là : revendiquer la nullité, l'insignifiance, le non-sens, viser la nullité alors qu'on est déjà nul. Viser le non-sens alors qu'on est déjà insignifiant. Prétendre à la superficialité en des termes superficiels".

    Et ça n'empêche pas des gens qui l'ont étudié et qui prétendent l'avoir compris d'adorer les pires merdes tout en se vouant à l'enseignement universitaire.

    On vit dans un triste monde. Ou disons dans une triste époque. Il faut penser que quelqu'un comme Gérard de Nerval se sentait minable de vivre dans un temps médiocre, après la révolution, dans une époque de ratage, sentiment qui se retrouvait dans ses écrits. Que devons-nous penser de la nôtre, d'époque ?

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  9. Excellent article par ailleurs. Vraiment très très bon !

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  10. Un détail: Encore faut-il en être capable, de laisser son cerveau à l'entrée d'une salle de cinéma. Perso je l'ai toujours avec moi. Je dis pas que le mien est particulièrement remarquable, mais disons qu'il ne m'abandonne pas et que je lui rends cette politesse. Quelle petite opinion faut-il avoir de soi pour affirmer être capable de laisser son cerveau derrière soi de temps en temps...

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  11. J'ai écouté "So borred", c'est nul et insignifiant :D

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  12. En fait c'est de la noise pop. Est ce que toute la noise c'est de la shit?

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  13. Thibaut : Félix a raison, tu devrais poster plus souvent.

    Vincent : oui, très souvent, oui, ce sont des pures inventions. Mais je tenais à le notifier encore une fois pour le shitgaze, juste pour mémoire.

    Rémi : merci. je suis assez d'accord avec ce que tu dis, il y a un espèce de gout pour les choses mauvaises tout à fait décomplexé de nos jours, qui fait parfois un peu peur, oui, parce que justement très affirmé et fier.

    Anonyme : Non, pour moi, ce n'est pas de la noise pop. La noise pop, c'est de la pop dans laquelle le bruit a une part intégrante, avec des dissonances, des bizarreries. En soit, un VRAI morceau de noise pop ne peut pas se concevoir sans ce coté noise. Le shitgaze n'utilise le raffut que dans la dernière étape, à savoir l'enregistrement : à part ça, ils pratiquent juste un rock assez conventionnel et simpliste qui aurait très bien pu fonctionner sans avoir un son pourri.

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  14. En écoutant les chansons du player, dont j'aime assez celle des Vivian Girls même s'il ne me viendrait pas à l'esprit de l'écouter une seconde fois, j'ai trouvé que ça ressemblait juste à une version actualisée à notre époque numérique de la lo-fi des années 90. Après je ne trouve pas que ça cache forcément un manque de savoir-faire dans l'écriture ou quoi, en tout cas pas plus que dans certaines chansons de Sebadoh ou de Pavement. C'est simplement que les codes de cette version du genre lo-fi font référence à une mode que l'on connaît et qui n'est pas forcément recommandable. Et comme nous vivons avec, on a tendance à la rejeter plus facilement. Mais finalement, mixer sur Garage Band avec un son parfois un peu limite, beaucoup de gens le font et pas forcément pour le pire ! C'est finalement très proche de prendre un DAT analogique 4 pistes et d'enregistrer des comlaintes folk déglinguées.

    Ce qui est marquant, à mon avis, dans les groupes présentées ici, c'est qu'ils sont paresseux dans leurs compositions.

    Duck.

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  15. Vous pardonnerez le "e" de "présentées" qui n'a rien à faire là. Vous aurez également ajouté le "p" à "comlaintes".

    Duck.

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  16. Permets moi de réagir brièvement, mais comparer le savoir-faire de Wavves ou Vivian Girls à celui de Pavement, c'est pousser mémé, tata, pépé et bébé Rory dans les orties !

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  17. J'aime bien la piste de Vivian Girls aussi. Par contre j'aime pas du tout la première piste de leur album, et je crois que je préfère largement T.I.T.S. J'essaierai quand même à l'occasion, quitte à zapper celles qui ne me plaisent pas.

    Pavement, je ne sais pas, ou plutôt je ne sais plus — j'ai toujours aimé 'Slanted & Enchanted' et 'Crooked Rain Crooked Rain' jusqu'ici mais récemment ça m'a plutôt ennuyé et je ne voyais plus ce que j'aimais. Ça reviendra peut-être, du moins j'espère.

    Sinon, c'est un très chouette sujet, merci Émilien!

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  18. Oui, la piste des Vivian Girl est pas trop mal. C'est un groupe que je rattache au mouvement, mais elles ont une dynamique girl band 60's (dont je reparlerais dans la deuxième partie de l'article qui arrive d'ici la fin de la semaine) qui leur est bien propre et qui les met un peu plus à part, rejoignant presque une certaine forme de twee pop qui rencontrerait le garage avec le son pourri shitgaze.

    Mais donc, je voulais dire que je n'étais pas totalement d'accord avec duck feeling dans le fait de comparer le shitgaze au lo-fi des 90's, même si je le rejoint sur certains points. Ce n'est déjà pas du tout le même son à mon avis : là ou le lo-fi des premiers pavement est plutôt assez plat parfois (cf. leurs premiers e.p. et "Slanted & Enchanted", le seul album d'eux qui est VRAIMENT lo-fi d'ailleurs, tout ce qui suit est très très clean pour culminer sur les derniers), là ou le lo-fi d'un Sebadoh ou d'un early Beck a une façon de sonner qui fait cheap, qui fait bricolo, le shitgaze est beaucoup plus réfléchi, et me semble presque être, d'une certaine manière, un genre de FAUX lo-fi, très travaillé. J'ai peut être ce point de vue parce que, comme tu le dis, le procédé d'enregistrements sales est maintenant éculé et qu'on le critique beaucoup plus car il a ses classiques, mais j'ai l'impression que là où des types des 90's avaient un aspect vrai, ce n'est plus vraiment le cas dans le shitgaze. Ça fait faux, c'est TROP lo-fi pour être honnête. Et c'est ÇA qui me dérange profondément. Ce n'est que mon avis ceci dit. Et si ça se trouve on est d'accord dans le fond.

    Ensuite, que ça soit lié avec la lo-fi des 90's, totalement, ce n'est que le prolongement. Mais c'est un prolongement cul de sac pour moi.
    Et qu'ils aient une paresse de composition folle, ça, je te le fais pas dire.


    Sinon, merci lamu! Ressaye Pavement, ça reste le groupe le plus cool du monde à mes yeux. J'insiste sur ce mot. Cool.

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  19. Je suis on ne peut plus d'accord avec tout cela.

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  20. L'inverse aurait été étonnant, mon petit Joe ! : )

    Ghost Train, je ne cherche même pas à défendre ces groupes de shitgaze. C'est simplement que je ne comprends pas pourquoi leur démarche serait plus calculatrice que celle de Pavement en son temps par exemple. Je suis peut-être naïf mais peut-être que ces groupes de shitgaze sont sincères et qu'ils enregistrent juste leur musique de branleur avec la flemme du branleur : le lo-fi n'est même pas un choix, c'est un réflexe. C'est simplement que la technologie n'est pas la même et que l'inspiration non plus. Oui car j'ai cité Pavement et Sebadoh, bien sûr, je trouve leurs chansons bien meilleures mais disons qu'il y a certaines chansonettes des deux groupes plus anecdotiques, notamment sur les premières cassettes de Sebadoh, qu'on pourrait rapprocher de celles du player.

    Après je débats pour rien, parce que j'aime bien les polaroïds pour faire genre, j'aime bien le charme du lo-fi analogique, mais ça ne m'êmpêche pas d'être ambitieux et exigeant pour d'autres genres. Et je trouve ces groupes de shitgaze un peu nuls parce qu'insipides et avec une production qui me fatigue et qui pue la flemme.

    C'est juste que j'ai envie de les défendre parce que je n'en avais jamais entendu parlé et je trouve ça cocasse. J'ai vraiment l'impression d'une micoscopique mode indépendante, c'est amusant.

    Duck.

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  21. La scène black metal joue le même jeu depuis quelques années il paraît. C'est du 32kpbs qui circule sous les manteaux.

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  22. Bonjour,

    super article, le second degré est mordant !
    cependant, j'apporterai, si tu me le permets, quelques points de vus contraire.

    en effet, je suis d'accord, il ne suffit pas d'être lo-fi pour être shitgaze, il y a bien autre chose. car malgré tout, il y a un point commun entre tous ces groupes : les influences. c'est comme cela, en général mais pas toujours, qu'on peut identifier un mouvement.
    ici, on note clairement un son pourri et saturé (voir très fort) digne du shoegaze américain (et la nuance est importante) typé Drop Nineteens ou Swirlies. Ensuite, le ton est pop, résolument pop, et ça, ça n'existait pas avant, même dans le shoegaze, j'entend par là un ton naïf, béta, halluciné et complètement joyeux. Les références vont direct vers l'indie pop américaine de K Records, voire aussi anglaise avec Talulah Gosh par exemple.
    Derrière les saturations, il y a des lignes mélodiques, assez directes, courtes et efficaces, traité avec une fausse nonchalance.

    Après, on peut légitimement se gausser de cette attitude faussement lo-fi alors que la technique actuelle permet de corriger tout ça. Mais l'intérêt n'est pas (malgré les discours) de se draper d'une authenticité, mais plutôt de dénoncer certaines exigences de maison de disque, et également les tentatives de traficotage de certaines personnes sur internet, qui polissent leur son. Enfin, on a aussi un retour au garage, ce qui est revigorant.

    Par contre, cela soulève un débat, et tu en as dessiné les contours : il est difficile de se renouveler et d'être totalement orginal au cours des années 2000. Donc le shitgaze est bien un recyclage.

    Enfin, ce mouvement a tout de même une réalité (même si peu de gens s'y interessent) : en effet, les groupes se connaissent entre eux et se supportent. Je reconnais une hétérogénéité de style, malgré tout, il y a une scène en Californie, notamment autour de No Age et de leur bar préféré.

    Merci en tout cas pour ton billet et ton avis, que tu as défendu, j'en ai proposé un autre. Bonne continuation, le blog est bien fait !

    Au passage, je fais une émission radio sur le shitgaze, dimanche 17 février, à 18h, sur http://www.grafhit.net

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  23. Si j'ai la possibilité d'être devant mon poste de radio digital Dimanche, j'écouterais ça, Vic !

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  24. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  25. Oh bah non, pourquoi avoir supprimé ton message? il était super mec! vraiment! Attend, je le copie-colle un peu, pas en entier, ce serait trop long, mais juste mon passage préféré, heureusement qu'internet a bonne mémoire :

    "Désolé d'intervenir dans un clan qui n'est visiblement pas le mien et qui cause en moi un dégoût violent, chacun sa famille, mais je me demande si votre existence est réellement possible. C'est tellement programmé pour aller à l'encontre de ceci ou de cela, pour aimer après approbation murement réfléchie, comme un Français, comme un abruti de français qui lit Baudrillard et va ensuite à l'exposition d'art contemporain merdique de Boltanski. J'ose à peine envisager à quoi ressemble une journée de musique chez vous: les Magnetic Fields (de plus en plus mauvais) ou Deerhoof, ce genre de navet pour lequel il faut soigneusement préparer des arguments et toute sorte de cautions sans lesquelles il serait inimaginable d'aimer."

    wow. quel avis épique! il faut dire que cet article assez provoc' finalement (dépuis, j'ai été beaucoup plus mesuré sur le shitgaze) méritait bien ça. ce qui m'étonne, c'est que sur ce qui semble être ton blog, tu parles des Times New Viking, des Vivian Girls, de Girls voir même de notre petite chouchou Best Coast. Tu es même fan, comme nous, du dernier album de Beach House dont on parlera bientôt. Alors vraiment, on devrait plutôt se faire un gros câlin pas vrai?

    Des bisous mec!

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  26. Les coup de colère ne supportent jamais la nuance. Il m'avait d'abord échappé que vous aviez dit du bien de Best Coast, ce que voyant je n'ai pu qu'approuver. Par ailleurs seules les Vivian Girls valent rééllement la peine d'être défendues dans le lot.

    Mon commentaire ajoutait quelque chose sur la contorsion volontaire des valeurs, parce que je ne comprends pas comment on peut préférer les Times New Viking à d'autres groupes du genre, voire à Pains Of Being Pure At Heart - à moins de donner la prime à l'originalité ou de manifester une curiosité très estudiantine - ce sont mes mots je crois - pour ce qui est bizarre. Ce n'est pas une question de goût je pense.

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  27. En réalité si, c'est une question de goût, je pense. Si je n'aime pas les Pains of Being Pure at Heart, c'est non seulement pour leur manque d'originalité (oui ça compte) mais aussi parce que je trouve leurs chansons inintéressantes. Je ne vais pas me placer en grand défenseur du shitgaze, vu que c'est surtout Emilien qui a retourné sa veste à propos du genre (même si j'ai vu Wavves et j'ai aimé, et si j'apprécie Best Coast), mais je préfère mille fois la chanson Move To California, de Times New Viking (et je parle de la chanson, pas du procédé d'enregistrement) à n'importe quelle chanson des Pains, c'est une question de goût. Surtout qu'au niveau de l'originalité, les TNV ne se posent pas là.

    Tu te trompais avec ton premier commentaire, et je crois que tu trompes toujours à notre sujet. Je sais (par ton compte Rate Your Music, notamment) que nous avons plus ou moins les mêmes gouts, et c'est pourquoi ton commentaire original m'a surpris. Nous ne sommes pas des amoureux de la bizarrerie, nous n'aimons pas Deerhoof "parce que c'est original ou pas commun", nous aimons Deerhoof parce que chaque élément séparé de leur musique nous parle, parce que nous aimons leurs chansons. D'ailleurs, si Deerhoof a quelque chose de peu commun, ça n'en reste pas moins du rock, à peu de chose près.
    Un autre exemple, nous avons adoré l'album de Girls, en 2009, qui n'a pourtant RIEN d'original (et que tu as beaucoup aimé je crois). Tout comme j'ai approuvé le dernier album des Magnetic Fields, que j'ai trouvé très correct pour un groupe qui a toujours fait la même chose, depuis toujours, et qui n'a jamais été très original.

    Nos valeurs ne sont en aucun cas volontairement contorsionnées "parce que c'est cool de pas être mainstream", non. Nos valeurs sont nos goûts, et ils ne sont pas très éloignés des tiens, ce qui fait que je pense sincèrement que ta colère était un brin précipitée (ce que tu valides en ayant supprimé ton commz) et qu'en ayant lu plus avant le site, tu te rendras facilement compte que nous ne sommes pas ça.

    Et comme le disait Emilien, "des bisous, mec !"

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  28. Etrangement, tout en m'adressant à l'auteur du billet, j'ai fait l'amalgame avec les commentateurs. La référence à Baudrillard en atteste. C'est assez fréquent, quand on visite un lieu nouveau, qui a ses habitués, de les supposer interchangeables, surtout quand leurs propos ne sont pas contestés.

    J'ai parcouru le site avec patience, retrouvant des portes d'entrée familières (et de bonnes surprises). La virulence et l'insistance des attaques contre le shitgaze ne laissent pas de me surprendre mais je constate que vous pouvez aussi aimer de la pop simple (Drums, Girls), c'est-à-dire des chansons juvéniles qui accompagnent nos humeurs (et c'est en cela que Pains of Being Pure At Heart me plaisent, comme Camera Obscura, pour cette vocation que d'aucuns qualifient de niaise)

    Je ne veux pas vous imposer une attention à ce qui vous déplait viscéralement, mais ne tuez pas le shitgaze dans l'oeuf. Cette mouvance a une réalité, peu importe son appellation générique. Elle fédère des groupes qui se connaissent, partagent les mêmes disques et peut-être la même vie, sans compter les mêmes admirations douteuses mais rafraichissantes (Ariel Pink). Surtout elle est soluble dans une mouvance plus large, à laquelle appartient assurément Girls. Cela fait un an à peine qu'on en parle et rien de fondamental n'en est encore sorti, mais l'émulation collective est une belle chose qui mérite franchement l'enthousiasme, surtout à ses débuts - et à un moment où les médias, qui ont les ailes coupées, se ramassent sur les débris d'un brit-rock glorieux mais pourrissant.
    Plutôt que de segmenter shit/shoe et chill, prenez les donc ensemble et triez les groupes un par un. Peu importe dès lors que vous préfériez celui-ci à tel autre, vous aurez une vue panoramique et réconciliée, sans querelle de clans. De toute façon, l'étincelle, le feu intérieur, sont momentanément du coté de ces groupes rétro. L'exemple des Smith Westerns est patent. La pulsation originelle du rock est dans leur bras.

    Enfin, à la lecture du commentaire de Remi, une question me mord les lèvres: la pop est-elle civilisatrice ou régressive? Et est-ce une vraie question, une qui vaille la peine d'être posée? Je la soumets à votre discrétion parce que je pense quand même que vous n'avez pas la naïveté de ne vous l'être jamais posée.

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  29. En fait il faut bien voir que cet article-là a plus de six mois, soit bien plus de temps qu'il n'en faut à un rock critic pour retourner sa veste, ce qui fut le cas d'Emilien, qui depuis la parution de ce semi-pamphlet a écrit sur Best Coast, sur Times New Viking (l'un de ses albums de 2009), pendant que de mon côté je voyais Ariel Pink et Wavves sur scène et prenait beaucoup de plaisir. Nous avons même récemment consacré un débat à tout ce mouvement shit/wave/shoe, en opposant les trois têtes d'un même corps (tu as raison là-dessus) surtout pour en extraire un sondage et la voix du peuple et situer l'avis général autour de ces trois sous-genre. D'ailleurs le sondage avait donné le shoe légèrement devant, mais n'avait pas, comme nous le redoutions, confiné chill et shit à l'état d'inconnus un peu moches.

    L'article en question :

    http://cestentendu.blogspot.com/2010/01/quitte-ou-double-choisissez-votre-camp.html

    Nous avons depuis la parution de l'article ci-dessus beaucoup écouté de shitgaze, et nous ne condamnons pas le genre, pour la bonne raison que, comme le top des années zéro, paru hier, et qui a connu moult débat aujourd'hui, le prouve, nous aimons autant les groupes qui tentent d'aller plus loin (Deerhoof, Radiohead, Silver Mount Zion, Sonic Youth...) que ceux qui rockent, rien de plus. Et le constat, à l'écoute d'un album de TNV ou à l'aune d'un live de Wavves, c'est que cette mouvance, si elle est régressive et un brin fastoche, rocke un max.

    Il se trouve (par ailleurs) que j'ai une préférence personnelle pour ce qui touche à la naissante chillwave mais ça c'est autre chose.

    Quand au commentaire de Rémi, je sais pourquoi il l'a écrit, je le comprends, et il a raison sur l'essentiel, je pense. Je crois que, si j'aime beaucoup beaucoup lorsque des musiciens tentent l'expérimentation, l'originalité ou l'invention, je ne peux pas m'empêcher de prendre mon pied sur de la pop bien retrograde, bien régressive, très "revival" même, si les chansons sont bonnes et les artistes pas manchots. Mon point de vue est en quelque sorte le même que celui de Baudrillard, sauf que je suis un enfant de la Culture Pop et que je me régale sans problème de la médiocrité régressive partagée par tout un tas des éléments qui composent cette dernière (comic books, indie pop, vinyles plutôt que mp3s, etc...).

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  30. Comme beaucoup de gens qui ont un cursus universitaire derrière eux, ou simplement un peu de lecture, je ne peux pas m'empêcher de trouver, comme toi, la pop régressive - pire: plus elle est incompatible avec une activité saine comme la lecture, plus elle me semble bonne. Et c'est en quoi je l'aime. Car elle régresse au niveau le plus basique du ressenti, en deçà des mots et des idées. Elle n'est pas morale, mais, pour jouer sur les mots, humorale.

    Seulement cette idée de régression est le fruit d'un cerveau lui-même absorbé par son contraire: la volonté de progresser. La pop régresse, oui, mais par rapport à quoi? Et qui progresse? Radiohead et Deerhoof progressent-ils en aucune façon? Je ne le pense pas. J'ai en fait posé la question pour en contester les termes.

    Je comprends aussi ce qu'a dit Rémi, mais la grille de lecture est inappropriée. Le shitgaze ne situe pas sur le même plan que Baudrillard parlant d'art contemporain. Je dirais que la pop n'est pas une culture, mais... comment dire... Si Baudrillard adressait un procès à la pop (avec la régression et la médiocrité pour chefs d'accusation) l'avocat pourrait répondre d'un non-lieu.

    Sinon, l'article qui réunit les trois têtes de l'hydre est très réussi.

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  31. Merci infiniment. Pas seulement pour ton dernier compliment, mais pour une analyse intéressante, construite et posée, surtout après un tel revirement (la colère du début). Ça nous revigore un max, vu que ça s'est passé en parallèle d'un débat stérile et fatigant, sur le top des années 00's.

    Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi sur le dossier des expérimentateurs, qui selon moi sont à prendre exactement comme les popeux de base. Je m'explique : un groupe comme Deerhoof est plus original, bizarre et va plus loin que les Pains, certes (qu'on les aime ou pas), mais l'originalité de leur musique n'est pas ce pour quoi nous les aimons. C'est avant tout pour leur distorsion de concepts et de langages pop qu'ils nous plaisent. Si j'aime une chanson comme Spirit Ditties of no Tone (sur "The Runners Four") c'est parce que la guitare joue un riff extrêmement pop et éclatant en guise de gimmick. C'est ça qui me chope, bien avant la complexité de la structure de la chanson, que je trouve intéressante mais pas "kiffante".

    Tout cela pour dire que je pense que des groupes comme Radiohead ou Deerhoof progressent en cela qu'ils apportent (tout en restant proche de concepts pop) de nouvelles idées, de nouvelles solutions ou directions, qui permettent à la pop de ne pas s'engluer. En effet, je peine à croire que sans l'influence de groupes un brin expérimentaux, la pop aurait évolué aussi rapidement de, disons, le "Please Please Me" des Beatles à ce qu'est aujourd'hui "Teen Dream" de Beach house.

    C'est extrêmement brouillon mon truc, je ne m'y retrouve plus très bien, j'espère que tu m'auras compris. :D

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