C'est entendu.

dimanche 28 mars 2010

[They Live] Jenny Wilson, Vuk à la Maroquinerie (Les Femmes s'en mêlent)

On vous avait prévenus : l'édition de cette année du festival Les Femmes s'en Mêlent est fameuse. Et on peut le prouver, puisque samedi soir, le 27 mars, nous étions à la Maroquinerie pour assister à une affiche qui nous venait du Grand Nord : Vuk, formé autour d'une jeune Finlandaise vivant aux États-Unis, et Jenny Wilson, tout droit venue de l'autre pays de la pop, comprendre la Suède. Avant de dire tout le bien que je pense de ces deux artistes, un court mot sur la première partie, une peu décalée. C'était une jeune chanteuse parisienne répondant au pseudonyme La Fiancée, accompagnée par deux garçons et qui a joué quelques morceaux d'une pop française sympathique qui parlaient d'amour et de tristesse, parfois l'un à cause de l'autre. Quelques accords mignons, une reprise de Brigitte Bardot, un grand sourire gentil, et voilà, c'est tout. J'aimerais vraiment vous en dire plus, mais je ne vois pas trop quoi. J'imagine que cette absence de mots parle d'elle-même.

Quelque chose de drôle lorsqu'on voit un groupe que l'on ne connait pas sur scène, c'est de tenter de deviner ce à quoi sa musique va bien pouvoir ressembler en fonction du matériel disposé sur scène. Mais il y a aussi des fois où l'on ne voit pas très bien justement : Vuk qui arrive sur scène avec deux synthétiseurs et une auto-harpe, est-ce sensé indiquer quelque chose d'acoustique ou électronique, passéiste ou moderne, doux ou puissant ? Finalement, il n'y aura de réponse tranchée à aucun moment lors du concert, et c'est surement cela qui rend la musique d'Emily Cheeger (ex-Dirty Projectors de 2002 à 2005, première partie de Fever Ray lors de sa tournée américaine de 2009) si intéressante. Quelque part entre une folk un peu classique (qui transparaissait principalement dans les harmoniques vocales et une certaine manière d'agencer les accords) et une musique plus moderne, faite de claviers qui vibrent, de percussions lourdes et parfois de dissonances un tantinet malsaines, la musique de Vuk ressemble à un grand édifice gothique déprimé et blême, avec ce je-ne-sais-quoi de nordique dans sa stature sèche et puissante.


(Barefoot In Arizona)

Les morceaux sont froids, émotionnels, et la voix d'Emily Cheeger, qu'elle tire parfois jusque dans ses retranchements en hurlant, porte en elle une tristesse sourde qui sied parfaitement aux grands accords mineurs joués par l'orgue qui l'accompagnait. Était-ce la chaleur sur scène ou le poids de l'émotion, on ne le saura pas, mais voir, au milieu de The Plains (chanson-titre de son dernier album qu'on recommande d'ailleurs), une goutte dégringolant sur sa joue, semblant tomber de son œil et faisant couler son maquillage, cela avait quelque chose de tragique et de très beau. La violence qui semblait poindre dans certaines montées ou dans des passages gentiment bruyants a fini par exploser avec le dernier morceau, Kiss The Assassin, à la rythmique entêtante et au riff mouvant où la simple phrase "Apple trees grow in my garden" devient peu à peu terrifiante. Bref, ce concert était véritablement l'occasion de découvrir une artiste spéciale et assez originale, qui interprète cette musique glaciale avec une force émotionnelle qui mérite votre intérêt.

Après Vuk, la scène s'est soudain retrouvée remplie. Ce n'était pas une réelle invasion, pas vraiment comme si une dizaine d'instrumentistes avaient débarqué. Tout juste un saxophone, une flûte, une basse et des percussions. Mais tout semblait plus dense, avec une certaine excitation dans l'air. Le public qui était resté assis pendant presque tout le concert de Vuk, s'était enfin levé et des spectateurs qui avaient passé l'heure précédente apathiques à ras de terre semblaient alors bien plus impatients. Lorsque Jenny Wilson est finalement arrivée sur scène, dans une espèce de courte robe rouge à capuche qui lui donnait l'air d'une prophétesse pop, il y avait dès le départ dans sa démarche une totale assurance qui annonçait ce qui allait suivre : 80 minutes de pure victoire et à tous les niveaux, une artillerie pop implacable qui gravitait entièrement autour de sa voix puissante. Durant cette prestation glorieuse, elle a principalement joué des morceaux de son dernier album, "Hardships!" et si certains d'entre eux pouvaient sembler un peu trop timides en studio, il en était autrement en live grâce aux quatre musiciens accompagnant Jenny. Like A Fading Rainbow ou l'excellent Pass Me The Salt par exemple, avec l'ajout d'une batterie et la liberté de jouer sans beats pré-enregistrés, ont été interprétés dans des versions beaucoup plus longues, plus riches, où les codas bigrement dansantes s'étendaient, laissant à Jenny Wilson, diva en diable, tout le temps d'improviser des vocalises aiguës tout en haranguant une foule aussi enthousiaste qu'elle, allant jusqu'à descendre dans la fosse et ramener des gens sur scène pour danser avec elle.

(Like a Fading Rainbow)

Derrière elle, la section rythmique était tueuse, que ce soit le percussionniste avec son xylophone électronique (?) qui chantait la majorité des refrains pour lui tout seul puisqu'il n'avait pas de micro, ou bien la bassiste qui jouait exactement ce qu'il fallait pour ajouter un groove irrésistible. Entre des chansons plutôt R&B mais toujours avec des arrangements bizarres et malins - c'était les plus réussies - ou d'autres, basées sur le piano martelé, qui rappelaient une soul-pop 70's plus classique (surtout avec l'ajout de quelques solos de saxophone, kitsch mais pas trop, joués par une fille visiblement très très heureuse d'être là), tout le concert était un festival de joie pop et de danse intelligente, et s'est achevé par un épique Only Here For The Fight de près de 10 minutes, avant que Jenny Wilson, épuisée mais ravie, ne quitte la scène en lançant mille baisers à la foule et disant "See you next time, that's for sure!". Indeed.

Emilien.

PS : Merci à Netta pour son aide.

NB : Et sinon, le festival n'est pas fini! En dehors des dates en provinces que je ne vais pas vous énumérer, n'oubliez pas qu'à Paris, John & Jehn, accompagnés entre autre par notre espoir de 2010 Trash Kit, seront à la Maroquinerie le 29 Mars, que vous avez The Tiny et Sydney Wayser le 1er avril dans cette même salle, et qu'enfin, si les Chicks On Speed ont annulé leur participation le 2 avril à l'Alhambra (elles sont remplacées cependant), il y aura toujours Tender Forever et MEN pour vous faire danser. Plus d'information en cliquant sur ce lien hypertexte.

3 commentaires:

  1. "Alleeeeeez-eeeeeeeeuh Hugo-euuuuuuuuh viens avec moi!"

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  2. ahahah, "je crois que ça sera pas possible !"

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  3. Pour ceux qui aimeraient en savoir plus, Grandcrew a filmé le concert de Vuk :

    http://www.grandcrew.com/videos/vuk-maroquinerie-festival-les-femmes-sen-melent-paris-live-concert-video

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