Imaginez un peu, ça n'est pas si tordu finalement : l'Homme a inventé le pantalon. Puis pour le tenir en place, il a imaginé la ceinture, et en parallèle il mettait au point le gode-ceinture, un outil bien pratique puisque combinant les spécificités de la ceinture dite "régulière" à celle de l'objet connu sous le nom "godemiché." Quoi de plus naturel alors que de porter un gode-ceinture pour maintenir nos falzars ? Nous serions ainsi équipés en toute occasion si la nécessité d'un tel engin venait à se présenter, et puis cela ne manquerait pas de confondre vos collègues de bureau et à vrai dire quiconque vous croisera. Figurez-vous dans une file d'attente, en train d'aider une vieille dame à traverser la rue ou de demander votre chemin à un agent de la marée chaussée...Oh le concept vous paraitra peut-être vulgaire mais à la fois, quoi de si choquant dans le fait de mettre en avant sa sexualité de cette façon là alors que n'importe quelle bimbo du genre Rihanna et consœurs se trimballent à moitié nues pendant les trois minutes de leurs clips, les heures et demi de leurs concerts et les vingt piges de leurs carrières ? Alors osez ! Baladez vous en portant haut le fanion de votre vertu, en l'habillant du goût qui est le vôtre (portez un gode rose si vous êtes trognons, un gode vert si vous êtes dégueux), en un mot, soyez fiers de votre individualité, si vous avez un tant soit peu ce genre de chose dans vos tiroirs. Et à ce propos, puisqu'on ne démontre jamais mieux une théorie qu'en montrant l'exemple, laissez-moi vous dévoiler mon dernier fond de tiroir crasseux : je n'ai pas peur de le dire, j'aime Black Bug et je ne m'en cache pas, et si ce groupe vendait des t shirts, je les porterais, et si ce groupe produisait des petits drapeaux, je les mettrais à ma fenêtre car je suis gaga de leur musique assourdissante, grossière et violemment stupide.
L'effet Black Bug.Ce groupe n'invente rien, il ne fait que s'approprier la violence synthétisée par Suicide pour la faire imploser par overdose de gadoue. Ne vous attendez à aucune finesse, aucune subtilité, puisque ces Suédois n'ont cure de plaire à vos oreilles chastes (pour combien de temps encore ?). Leur premier album (déjà introuvable !) est une orgie de synthés malades, de boites à rythme chiasseuses et les quelques rares mélodies que n'offre pas le clavier post-apocalyptique de Lily proviennent tour à tour de sa gorge encrassée ou de celle de Ruslav (basse).
(Billy Montana)
Imaginez si Peaches se départait de son énergie sexuelle pour ne conserver que la saleté, ou si Lydia Lunch montait un duo avec Martin Rev. Le boucan atroce, répétitif et primaire bombarbé par Black Bug devrait laisser pantois une majorité d'entre vous, et en somme rien de plus naturel, je me suis fait à l'idée que mon goût pour la crasse n'était pas adopté par la majorité, mais j'espère que l'exhibition publique de la partie la plus sombre de mon être fera des émules et que quelques tarés parmi vous adopteront cette malsaine passion pour ce qui est probablement le pire disque de musique noise sorti cette année (doublé d'une des pires pochettes depuis celle du dernier Cocorosie).
P.S. : Merci à Francis qui m'a fait découvrir ce groupe.
Murray
