C'est entendu.

mercredi 18 janvier 2012

[Réveille-Matin] Jacques Brel - Les Marquises

Ne vous en offusquez pas car c'est tout naturel. Si ces jours-ci, vous avez pour digress(i)ons matinales quelques réflexions autour de la royauté passée, présente ou rêvée, il est attendu que les idées soient serties d'une nostalgie naturelle. Ainsi donc, à l'écoute de la dernière chanson du dernier album de Brel, j'ai la sensation de retrouver une célébration qui me semble faire défaut ces dernières années chez les chansonniers d'ici et d'ailleurs. Les Marquises ce sont des îles, et ces îles, Brel les contemple. Il les aime, les respecte, et il les chante avec amour et respect. Je vous prie de me mettre dans l'embarras en me citant mille et un exemples de jeunes paroliers qui seraient coutumiers du fait énoncé. Des auteurs-compositeurs qui consacrent une terre, une vision. Qui inspirent le respect non pas de leur personne propre mais de l'objet de leur respect à eux. Citez m'en car je n'en trouve pas et ne me contenterai pas d'en dénicher moi-même après enquête. Montrez moi du respect et je vous en montrerai à mon tour.





"Les Marquises" a paru en 1977, la soit-disant "année du punk" et ça m'a toujours amusé que l'un des meilleurs disques sortis cette année-là soit celui de la fin de Brel, peut-être bien son plus beau. Un disque dont les arrangements touchent au miracle comme rarement on a pu en entendre sur un enregistrement français. Il y a eu l'Europe de Noir Désir et Brigitte Fontaine, il y a eu "Melody Nelson" ou le "Comme à la Radio" de la même Fontaine, et il y en a eu quelques autres, mais rares sont les disques français dont les arrangements ont approché de si près la perfection et le raffinement extrême. Elvis est mort, cette année-là, en fin de règne. Lorsque Brel est mort en 78, il avait écrit lui-même son testament et quitte à passer pour un sentimentaliste à la mords-moi-le-noeud, je me considère un heureux héritier.


Joe Gonzalez

6 commentaires:

  1. Brel, l'album qui sent la mort. Jaurès, La Ville s'endormait, Le Bon Dieu. Quator de tête bien déprimant, qui dit mieux ? Il y a dix ans je me réveillais avec ça tous les matins. Quelques trucs plus anecdotiques quans même, Les F, connerie dur les Flamands, Les Remparts de Varsovie, Knokke-Le-Zoute Tango... Mais Orly, quelqu'un connaît une chanson aussi déchirante ?
    Voir un ami pleurer, pas exactement la pilule du bonheur...
    Les Marquises en final, comme testament, tu ne fais pas mieux. L'homme qui contemple son cimetière des éléphants.
    On se demande pourquoi certains se cassent le cul à essayer encore d'écrire des chansons... Album pour île déserte, littéralement.

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  2. Ah, un auteur-compositeur qui consacre une terre, évident, Murat et la montagne, celle de l'Auvergne.

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  3. Beau papier San José. C'est le top du top, chaud de faire mieux ! C'est "la quintessence de l'esprit français" comme dirait Franz-Olivier Giesbert, ce con, à propos du film de Beigbeder.

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  4. Je n'avais pas pensé à Murat, parce que je l'écoute très peu. J'attends d'autres suggestions !

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  5. Ca fait des années qu'ils n'ont pas sorti de disques ces deux-là, non ? :D

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