C'est entendu.

mercredi 18 janvier 2012

[Vise un peu] Rocket from the Tombs - Barfly

Soyons clairs, Rocket from the Tombs est un projet de David Thomas. L’article qui suit traitera principalement de ce Dernier. Restons clairs, le groupe n’a été actif qu’une seule année durant ce qui lui a permis d’avoir un certain rayonnement dans l’état d’Ohio, et à Cleveland pour être plus précis et d'acquérir une notoriété dans le petit monde des autistes. Rocket fom the Tombs a été le brouillon de la mouvance qualifiée de proto-punk. Ce terme, comme de très nombreux révérés en ces années, a été inventé bien après que le mal soit fait. Le punk est une imposture européenne une opération sous faux drapeau destiné à infiltrer le mouvement de la contre culture pour prostituer l’élan de l’expression adolescente et le soumettre à la dictature de la mode pour l’enlaidir. David Thomas était un journaliste qui a compris que l’ironie ne menait à rien. Avec le guitariste Peter Laughner il forma Rocket from the Tombs avant de se lancer dans Pere Ubu, un groupe qui aura une carrière digne de ce nom. Les Dead Boys de Cheetah Chrome (l'autre groupe né de la mort de Rocket from the Tombs, NDLR) sont une imposture également. Ce dernier d’ailleurs vient tout juste d’annoncer qu’il ne tournerait plus avec RFTT. Le groupe s’était reformé en 2003 pour enregistrer l’album qu’ils n’avaient jamais mis en boite dans les années 70, "Rocket Redux" (paru en 2004), lequel reprend les classiques de Rocket from the Tombs dont les chansons de Thomas et Laughner qu’ils enregistrèrent avec Père Ubu pour leurs premiers singles : Final Solution, 30 Seconds Over Tokyo et Life Stinks (qui apparaît aussi sur "Modern Dance", le premier album de Pere Ubu, sorti après la mort de Laughner).


(I Sell Soul)

C'est Richard Lloyd (de Television) qui remplace alors Laughner (photo ci-contre). Lui qui avait rêvé de faire partie de Rocket from the Tombs après les avoir entendus ouvrir pour Television à Cleveland en 1975 : "Ce groupe est effrayant, je veux jouer avec eux !" aurait-il pensé. Belle leçon de patience. Richard Lloyd ne fait cependant plus partie de Rocket From the Tombs car il est aujourd'hui remplacé par Garo Siperko depuis le début de la tournée américaine de 2011.




Dixit David Thomas : "Un groupe, c’est une idée et non pas une collection de personnes spécifiques identifiées au travers d’une association historique".

Voilà, c’est dit et rien n’est plus clair. Un groupe c’est avant tout une plateforme promotionnelle de chansons. Oui de Chansons. Ça vous dit quelque chose "des chansons" ? Aujourd’hui ça ne veut plus rien dire et c’est DOMMAGE. Car les chansons sont les seules choses qui survivent au temps et qui permettent que l’on se souvienne des musiciens un peu plus longtemps qu’une saison. Ces musiciens sont des individus qui jouent et qui se plaignent s’ils ne sont pas d’accord avec le chanteur. Et lorsqu'ils ne sont pas contents, ils vont jouer ailleurs et parfois ils meurent.

Aujourd’hui on écoute "Barfly", le nouvel album de Rocket from The Tombs paru en octobre 2011 et le premier constitué de nouvelles compositions depuis 1975. Bonne nouvelle, elles sont toutes chantées par David Thomas car c’est bien le seul chanteur de cette bande de vieux mecs. On avait été suffisamment tolérants pour supporter sur "Rocket Redux" les voix de Cheetah Chrome ou Graig Bell miauler, mais là, on est sérieux et l'on ne retrouve quasiment plus rien du Rocket from the Tombs originel. On pense plutôt au Père Ubu période Fontana pour la structure à la fois évidente et judicieuse des morceaux. J'en profite pour noter qu'au final, les albums "Cloudland", "Worlds in Collision" et "Story of my Life" parus sur le label Fontana entre 1989 et 1992 sont les meilleurs de Pere Ubu. Oui, oui, je vous assure, il m’a fallu presque dix ans pour me rendre à l’évidence mais c’est un fait. On est certes bien loin des jeunes de Cleveland qui reprenaient le Velvet Underground et les Stooges parce qu’ils n’étaient pas encore assez bons pour jouer du Captain Beefheart. On se retrouve ici avec une collection de chansons modernes qui nous parlent du dilemme de tous les jeunes et les vieux attardés. Des chansons d’amour et de frustration pour poètes si vous préférez. Du David Thomas pur jus (il a beau être génial il chante toujours la même chose), mis à part l’expression de son nationalisme folk disséminée dans son répertoire solo et les albums de la "période moderne" de Pere Ubu. Les titres parlent d’eux même : I Sell Soul, Butcherhouse, Romeo and Juliet... Sans rentrer dans les détails insignifiants je citerais les paroles les plus explicites et poétiques du disque, celles de Maelstrom sans les traduire par respect pour ce génie minimaliste :


« I got a phone call
It was a girl call
It was confused
It was confused
I said: Hello?
I got a phone call
I said: yes
And I said: yes
And I said: maybe…
I said: all right,
Allright baby…
I got a phonecall
It was girl call
It was from you
It was from you…”

Tout est dit. L’album se termine avec une merveilleuse chanson d’amour : Prett. Un vrai bon riff de guitare au début qui se répète avant le deuxième couplet et avant le couplet instrumental de fin qui dispose d’un vrai solo épique. Au centre du disque, il y a deux versions d’une même chanson Sister Love Train et Train Love Express, la seconde est jouée plus rapidement et sans trompette. Bonne idée. Le batteur est Steve Melhman de Pere Ubu est c’est le meilleur du monde et le plus mignon. Ce très bon album est vivement conseillé à tous les jeunes qui ne savent pas quoi écrire lorsqu'ils se retrouvent à devoir trouver des paroles et qui en ont marre des groupes de jeunes qui font la gueule et je le conseille à tous les vieux qui ne savent plus quoi prêcher, en attendant le prochain album orienté dance de Père Ubu dans quelques mois…


St. Joseph Holc
(anciennement connu sous le nom de Joe Chicago)

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