Prétendre sans y croire vraiment que le R&B peut se voir justifié ne m'empêche pas de souhaiter de tout mon être que le glissement qui semble se profiler pour les mois à venir dans nos vies se propage d'une façon ou d'une autre à la musique populaire et que, pendant la transition du moins, des sons plus à-propos s'insinuent sur l'échiquier du quotidien. Or, quoi de plus à-propos aujourd'hui que le bruit, la confusion et la violence incompréhensible de la machinerie industrielle dont le glas sonne en même temps que ses cheminées fument de plus belle ? La musique industrielle a commencé avec Throbbing Gristle en Angleterre et s'est propagée au début des années 80 à toute l'Europe (et au monde). Lorsque ses graines ont été plantées en Allemagne, c'est un certain Blixa Bargeld, un anti-dandy maigrelet à la voix caverneuse et éraillée qui s'en imprégna. Pardonnez-moi donc de vous imposer les hurlements de ce jeune avatar humain du rouage métallique et de sa bande de cogneurs-sur-des-matériaux-de-constructions mais il est l'heure de vous réveiller et de tendre l'oreille en direction de ce qui vous entoure.
Avec une conviction que l'on aurait bien du mal (*) à trouver dans les productions radiophoniques, télévisuelles, téléphoniques, ou dans la plupart des disques de noise-rock sortis ces derniers temps, Bargeld hurlait il y a 30 ans d'une façon incantatoire des "Kollaps !" (soit, si mon allemand n'est pas trop mauvais "Effondre toi !" ou bien "Meurs !") ponctués de gueulements inhumains et suppliait son auditeur (qu'il soit un individu, une machine, un bâtiment ou une civilisation, après tout peu importe) de circonvenir à sa demande par des "Bitte ! Bitte !" désespérés, tandis que le reste d'Einstürzende Neubauten (qui signifie : "L'effondrement de nouveaux bâtiments") cognait sur ce qui lui passait dans les mains, guitares comme bidons. A ce niveau-là ça n'est plus de l'indignation, on appelle ça vivre ses idées et vivre son art et c'est quelque chose qui devrait inspirer plus d'un mécontent. Alors, cognez ! Hurlez ! Exprimez votre colère ! Le pacifisme ça n'a jamais produit de très bons disques.
Joe Gonzalez
(*) : à part peut-être chez The Snobs.
Je débarque et qu’entends-je ? Einstürzende Neubauten et NIN dés les premiers articles !
RépondreSupprimerVoilà un blog de qualité que je vais m’empresser de suivre…
Merci!
Merci et bienvenue !
RépondreSupprimertu es bien Philippe, LE Philippe Maind'oeuvre ?!
RépondreSupprimerPour info, les paroles officielles sont :
RépondreSupprimerKollaps / bis zum Kollaps
nicht viel Zeit
Kollaps / bis zum Kollaps
nicht viel Zeit
Kollaps / Unsre Irrfahrten
zerstören die Städte
und nächtliches Wandern
macht sie dem Erdboden gleich
Kollaps / alles was ich kriegen kann
Alles in mich rein
Kollaps / süßer Kollaps
bitter und bitter und bitter
bis zum Kollaps
Horden / die neue Goldene Horde
diesmal ohne Dschingis Khan
wir zerstören die Städte
nächtliches Wandern macht uns blind
Kollaps / sei mein Kollaps
Kollaps / nicht viel Zeit / nicht viel Zeit
schlag schneller schrei lauter
leb schneller / bis zum Kollaps nicht viel Zeit
wir sind die neuen Goldenen Horden
diesmal ohne Dschingis Khan
bis zum Kollaps nicht viel Zeit
verbrenn mich reiß mich nieder
bitter / bitter / bitter / bitter
Ce qui pourrait se traduire par :
Effondrement / jusqu'à l'effondrement
plus beaucoup de temps
Effondrement / jusqu'à l'effondrement
plus beaucoup de temps
Effondrement / Nos odyssées
détruisent les villes
et [nos] marches nocturnes
les rasent entièrement
Effondrement / tout ce que je peux prendre
[Tout vient/Que tout vienne] en moi
Effondrement / doux effondrement
amer et amer et amer
jusqu'à l'effondrement
Les hordes / la nouvelle Horde d'Or
cette fois sans Genghis Khan
nous détruisons les villes
[les] marches nocturnes nous rendent aveugles
Effondrement / sois mon effondrement
Effondrement / plus beaucoup de temps / plus beaucoup de temps
frappe plus vite crie plus fort
vis plus vite / jusqu'à l'effondrement plus beaucoup de temps
nous sommes les nouvelles Hordes d'Or
cette fois sans Genghis Khan
jusqu'à l'effondrement plus beaucoup de temps
brûle-moi démolis-moi
amer / amer / amer / amer
D'habitude les disques d'Einstürzende Neubauten comportent toutes les paroles accompagnées de leurs traductions en anglais dans les livrets, et on peut les lire aussi sur le site officiel ; je ne suis pas sûr que ça soit le cas pour Kollaps par contre (je ne l'ai pas (encore) en disque).
Au temps pour moi sur les "Bitte/Bitter" de la fin alors !
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