C'est entendu.

mardi 18 octobre 2011

[Réveille-Matin] Tim Buckley - Nobody walkin'

Quand rien ne va plus, quand tout semble vain, quand vous saturez, quand ce que vous entendez vous pèse sur les épaules toute la journée, quand les collages interminables qui fomentent votre quotidien dans votre dos vous tapent sur le système, il faut passer à l'acte. A moins bien sûr que la situation n'exige un remède plus radical, la solution se trouve dans l'oubli, le brouillard, l'abandon de soi et donc du Monde, c'est à dire dans les années 70 et ses jams psychédéliques interminables, mono-thématiques et au groove circulaire protectionniste et réactionnaire. Voilà ce qu'il vous faut. Un bon vieux "Larks' tongue in Aspic" monté en neige, non mieux, un "Soon over Babaluma" d'ambiance, ou plus rétro encore un "Mirror Man" lo-fi, un "Lorca" nocturne. Les digressions para-hippies old school ne sont plus vraiment à la mode. Même s'il reste quelques irréductibles de talent convaincus qu'il n'est pas nécessaire de se lancer dans l'électronique pure et dure pour explorer la psyché de l'auditeur (Wooden Shijps, Flaming Lips, The Feeling of Love, Acid Mothers Temple, etc), le temps de la Conquête Spatiale est révolu. C'est justement pour cela qu'il faut vous tourner vers le programme Gemini d'antan et trouver de quoi flotter en orbite autour d'une Terre que l'on a de plus en plus de mal à quitter ces jours-ci.




Et puisque tout est si brutal dehors, je vous propose d'enchainer une série de réveille-matin dans cette lignée, qui nous rappelleront à nos rêves d'éternité, à nos naïfs espoirs d'envol et qui nous réveilleront avec entrain, sans contrainte, dans une étreinte langoureuse, longue et longitudinale, à travers les terres du commuting et jusqu'au bureau du réel. Tim Buckley était un spécialiste de ce genre de voyage. Vocalement bien plus intéressant que son rejeton, moins intéressé par le manche de sa guitare que par la quantité de variations qu'il pouvait inclure dans le terme "folk" (score final : a lot), il avait accouché en 1970 de ce qui restera probablement son album le plus expérimental et osé. Sur la chanson-titre, sa voix de caoutchouc obéit à tous ses caprices, du plus grave au plus aigu dans une cavalcade angoissante, dissonante et progressive (au sens de "rock progressif"), et à l'autre bout du disque, une jam où sa guitare acoustique semble battre des ailes comme un papillon tandis que le clavier de Lee Underwood tisse une toile où l'espace est l'essentiel. On n'en fait plus des jams comme ça et "folk d'avant-garde", ça ne veut plus dire grand chose, c'est une conception de la musique qui est ancienne, désormais. Mais pas obsolète.


Joe Gonzalez

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