Écoutez-vous souvent la radio ? En dehors de certaines webstations de temps à autre, je ne le fais quasiment jamais… Je subis les ondes plus souvent que je ne les écoute, en général dans les voitures de connaissances qui ne partagent pas mes goûts (ni mon snobisme), ou bien dans les lieux publics (et il m'est arrivé plus d'une fois de vouloir fuir un magasin à cause de la musique qui y passait). J'avoue ne connaître que la partie émergée de l'iceberg, et sans doute existe-t-il d'excellentes stations en-dehors des plus connues — si vous en connaissez, n'hésitez pas à en parler dans les commentaires ! —. Peut-être les radios françaises populaires sont-elles aussi moins recommandables que celles d'autres pays (j'ai déjà eu cette impression)… mais j'ai tout de même du mal à imaginer ce qui, aujourd'hui, peut justifier l'engouement apparent de certains artistes pour la radio (combien de chansons connaissez-vous qui en parlent, voire en font l'éloge ?), quand on a tant de musiques intéressantes à portée de souris et — semble-t-il — tellement peu de découvertes à faire sur les ondes de grande écoute saturées par la heavy rotation de soupe populaire.
Pourtant, je trouve que le concept et l'objet en lui-même ont un certain charme. Suranné, sans doute. Mais si l'on considère le récepteur comme une oreille sur le monde, ce qu'il aura sans doute été pendant des générations (et est encore, en théorie, aujourd'hui), alors oui, on peut commencer à comprendre. Et c'est bien l'objet et l'idée qui semblent être à l'honneur de cette composition de Steve Roden, auteur de nombreux disques, d'installations et d'œuvres visuelles sur plusieurs médiums — un bel hommage… ou peut-être simplement un sujet choisi par défi, pour découvrir ce qu'il pouvait en tirer (Roden a basé certains de ses autres disques sur les sons du papier, des ampoules, du bois, d'une chaise en métal et autres matériaux/objets divers).
Pourtant, je trouve que le concept et l'objet en lui-même ont un certain charme. Suranné, sans doute. Mais si l'on considère le récepteur comme une oreille sur le monde, ce qu'il aura sans doute été pendant des générations (et est encore, en théorie, aujourd'hui), alors oui, on peut commencer à comprendre. Et c'est bien l'objet et l'idée qui semblent être à l'honneur de cette composition de Steve Roden, auteur de nombreux disques, d'installations et d'œuvres visuelles sur plusieurs médiums — un bel hommage… ou peut-être simplement un sujet choisi par défi, pour découvrir ce qu'il pouvait en tirer (Roden a basé certains de ses autres disques sur les sons du papier, des ampoules, du bois, d'une chaise en métal et autres matériaux/objets divers).
(extrait)
The Radio est une composition de dix-huit minutes qui utilise comme sources sonores quelques courts extraits d'émissions, mais aussi et surtout des sons produits par la manipulation d'un vieux transistor (antennes, boutons, haut-parleur…). Pendant cinq minutes, des cliquements et craquements — dont l'effet évocateur rappelle celui des craquements de vinyle — font la toile de fond d'une belle répétition de sons, aussi lo-fi qu'envoûtants, provenant d'une musique inconnue et sans doute quasi-impossible à identifier… avant de laisser la place à un poème chanté. Un poème écrit huit ans avant l'enregistrement de la pièce, lui aussi intitulé "The Radio", mais désormais aussi inaccessible à l'auditeur que les sources des sons précédents : tous les espaces du texte ont été effacés et d'autres ont été insérés arbitrairement toutes les trois lettres, transformant les mots en sons dont le sens nous échappe. Chanté a capella, inattendu, ce texte-son a quelque chose de sublime ; la musique prend des allures quasi-religieuses. Quand le chant s'arrête, seuls les sons de la radio continuent, et des voix lointaines évoquent — interprétation encore une fois toute personnelle — le retour à la réalité, à une spirale incessante d'informations, ne laissant que le souvenir de ce qui vient de se passer.
On est ici à l'opposé de la transmission au plus grand nombre : Roden le dit lui-même, "The Radio" aborde l'écoute en tant qu'acte intime et personnel. Le fait que cette composition garde, ainsi, certains de ses secrets lui confère un charme et une beauté supplémentaires : rien n'est ici évident au niveau du sens, mais tout est empreint d'une beauté ouverte à interprétation. Peu importe le fait qu'on ne comprenne pas les paroles : il s'agit là de la plus belle chanson que j'ai jamais entendue au sujet de la radio.
— lamuya-zimina
N.B. "The Radio" est disponible chez Sonoris ; le dernier disque de Steve Roden, intitulé "Proximities", vient tout juste de sortir chez Line.
On est ici à l'opposé de la transmission au plus grand nombre : Roden le dit lui-même, "The Radio" aborde l'écoute en tant qu'acte intime et personnel. Le fait que cette composition garde, ainsi, certains de ses secrets lui confère un charme et une beauté supplémentaires : rien n'est ici évident au niveau du sens, mais tout est empreint d'une beauté ouverte à interprétation. Peu importe le fait qu'on ne comprenne pas les paroles : il s'agit là de la plus belle chanson que j'ai jamais entendue au sujet de la radio.
— lamuya-zimina
N.B. "The Radio" est disponible chez Sonoris ; le dernier disque de Steve Roden, intitulé "Proximities", vient tout juste de sortir chez Line.
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