C'est comme de demander au rosbif du commun, en 81, si pour déloger la droite dure de Thatcher, il préférait choisir la gauche molle tranquille de Robert Smith et The Cure ou la gauche dure sans concession d'Andy Gill et son Gang of Four. La primaire est faussée d'avance lorsque c'est l'adversaire qui en motive le résultat. Tout comme Thatcher, imbattable pilier de la droite anglaise, imposait à son plus féroce adversaire musical (le punk funk engagé de Gang of Four, le post punk arty de Wire, l'anarchopunk de Crass, etc) de concentrer ses attaques sur une brève période de temps, façon guérilla, sans espoir de vaincre sur la durée. Pendant ce temps, les plaintes moins ouvertement opposantes et la critique molle des Cure gagnait un public bien plus large et s'insinuait de façon pérenne dans l'Histoire, pas vraiment LE mais UN remède possible au mal d'alors.
On la voit venir de loin ma métaphore mais peu importe. Je me dédouanerai et me discréditerai tout à la fois en l'affirmant : je ne voterai pas dimanche prochain, tout comme je n'ai pas voté dimanche dernier. La faute à un renouvellement tardif d'inscription sur les listes, mais encore une fois peu importe. Je ne suis pas un socialiste, je n'ai pas ma carte et n'ai d'ailleurs voté qu'une seule fois PS à des élections présidentielles (premier et deuxième tours confondus), et à contrecœur, en 2007, car tout valait mieux alors que Monsieur le Président. Dans la mesure où je le pense encore, plus que jamais, et qu'après deux cuisantes désillusions je n'ai pas l'intention de me laisser enfler, et par le même, non mais, j'estime que s'il était en mon pouvoir de donner de la voix dans trois jours, c'est à François Hollande que j'aurais accordé la mienne, par pure logique citoyenne, républicaine même. Parce qu'il est celui qui semble le mieux placé pour gagner, pour battre l'Autre. J'ai entendu son programme, il y a du bon et du moins bon, ni plus ni moins que dans celui de son adversaire, mais surtout il est à l'exact opposé de celui de Monsieur le Président, et c'est pour cela que j'ai décidé de faire fi de mes rêves, de mes idéaux, de mon utopisme, pour de bon, pour une fois, et de voter utile, de voter contre et dans la mesure où je ne pourrai aller le faire moi-même, de voter par voie de billet d'humeur matinal à faible portée, quitte à choquer les puristes parmi vous pour qui opinioner tout en écoutant les Cure est un loisir d'oisif irresponsable ou d'une bêtise sans répercussion. D'un autre côté, je me souviens d'une époque où les musiciens s'engageaient, et je ne parle pas des Faudel, Macias et autres Montagné ralliant le puissant vainqueur, ni des suiveurs de stars politiques, mais bien des chanteurs à voix, des porteurs de messages, des Dylan, des Colin Newman, des Cantat, des Zebda (sic mais vrai). Cette époque est plus ou moins révolue depuis au moins dix ans. Pourquoi laisser à l'abandon cette vieille tradition de critique sociale citoyenne ? Par peur du politiquement incorrect, de la censure, du jugement ? Chacun ici a le droit, et le devoir d'ailleurs, de s'exprimer, que ce soit pour donner son avis sur Lana Del Rey et MGMT ou sur François Hollande et Martine Aubry. Sans ça, on passera cinq années de plus dans un pays qui n'est pas le nôtre, et ça n'est plus supportable. Allez voter, et soyez logiques, je vous en prie. Ne votez pas avec votre cœur, ne cédez pas au social-idéalisme ou à l'attrait du Bien (combien de fois entend-on ces derniers temps, comme on l'avait déjà entendu en 2007, "une femme à l’Élysée ça serait sexy !"), votez avec votre tête, votez contre Nicolas Sarkozy. Faites ça pour la France, pour vous, et surtout pour moi parce que perso j'irai pas voter, j'ai prévu un basket avec des copains.
Joe Gonzalez
Tous les dimanches, je fais un post avec 'mon billet de la semaine' entre autres. Je crois que pour dimanche prochain, j'ai trouvé l'heureux gagnant !
RépondreSupprimerBô Billet !
:)
Merci et ravi de t'avoir convaincu !
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