Necro Deathmort ! Ce nom génial ou ridicule (selon vos goûts) ressemble à une demi-blague, ou au nom d'un groupe de death metal. Il n'en est (presque) rien : Necro Deathmort ne joue ni dans l'extrême, ni dans les riffs qui tachent, ni dans les voix caverneuses. Par contre, leur musique atmosphérique et macabre défie les classifications évidentes : le duo mentionne Autechre, Sunn O))), Neurosis, Justin K. Broadrick, Ulver, Dälek et le dubstep britannique comme influences (soit des tas de choses sans rapport les unes avec les autres), tant et si bien que le groupe a déjà été décrit comme "le chaînon manquant entre Black Sabbath et Kode9" voire comme les DJ Shadow du doom. De quoi intriguer, non ?
Le mélange n'est pas aussi fou qu'il en a l'air. Si vous voulez des noms de genres, sachez que vous pourrez entendre chez Necro Deathmort un mélange de drone metal (pensez surtout à Earth), de black metal, de dubstep, de post-rock et de dark ambient — ainsi qu'un peu de sampling et de techno par moments. Le duo joue des guitares mais forme tout le reste de sa musique sur ordinateur, avec une passion manifeste pour les genres qu'il reprend (et pas seulement une envie de tenter des combinaisons inédites) — et ça fonctionne plus que bien.
(Origami Werewolf, sur "This Beat Is Necrotronic")
Beats, nappes et guitares se mêlent de façon évidente et réussie, mais aussi avec quelques surprises : ainsi, "This Beat Is Necrotronic" (le meilleur titre d'album depuis longtemps — si vous ne saisissez pas la référence, allez voir ici) débute par une intro de collage quasi-noise avant d'enchaîner sur un tumulte dansant et déformé dans tous les sens intitulé Spilth ; la piste suivante, Hurt Me I'm Bored, a des allures de post-rock mélangé à du drone/doom et des sons électroniques, puis l'album s'enfonce dans un dark ambient désolé et presque austère avant de réveiller l'auditeur grâce aux beats de Return to Planet Atlas…
(Necro Effigy, sur "This Beat Is Necrotronic")
… et si cette description vous fait penser à un salmigondis artificiel qui ne ferait que combiner les genres à la mode du moment, détrompez-vous : Necro Deathmort ne sacrifie pas la qualité à l'originalité et tient les écoutes répétées mieux que la plupart de ses confrères, qu'ils soient du doom, du metal ou du dubstep (qui donneraient presque l'impression de n'avoir qu'une corde à leurs arcs par comparaison). "Music of Bleak Origin", le deuxième album du groupe (oui, le titre est bien un autre jeu de mots) joue moins sur les grandes différences de genres mais possède un son plus développé (et plus électronique) que son prédécesseur ; si les pistes les plus mémorables de "This Beat Is Necrotronic" étaient aussi celles qui se démarquaient le plus des autres au niveau du style, les moments forts de "Music of Bleak Origin" se retrouvent au niveau des compositions plutôt qu'au niveau des sons nouveaux (l'album impressionne moins mais se révèle tout aussi bon au fil des écoutes). Au final, les deux albums sont très réussis et étonnamment accrocheurs pour le genre.
(Temple of Juno, sur "Music of Bleak Origin")
Projet étonnant dans le concept et accompli au niveau des sons, preuve que les mariages improbables peuvent fonctionner, Necro Deathmort est tout simplement un groupe qui regarde un peu plus loin que ses congénères, et un morceau de choix si vous cherchez quelque chose de noir, atmosphérique, "heavy" et inhabituel à vous mettre sous la dent. (Cerises sur le gâteau : les CDs sont peu chers et vous pouvez même télécharger "Music of Black Origin" gratuitement sur le site de leur label, Distraction Records !)
— lamuya-zimina
— lamuya-zimina
Necro Deathmort : nom ridicule, j'ai choisi!!!
RépondreSupprimerJ'opte pour le ridicule assumé :)
RépondreSupprimerAssez excellent comme groupe, merci beaucoup !