par Bertrand Bruche
art par Jarvis Glasses
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Dave Brubeck - Take Five (cause de mon coming out)
Si Dave Brubeck s'était un temps adonné à la composition de pièces classiques, c'est avec son quartet qu'il rencontra le succès et notamment grâce à Take Five. Certainement pas le morceau le plus riche et le plus original de l'histoire du jazz, cette composition, arrangée par Brubeck, pianiste de talent devant l'Eternel dont les compositions sobres se rapprochaient d'une sorte de jazz de chambre soigné, vaut sacrément le détour. Mais Take Five n'a pas été composée par Brubeck lui-même. Le mérite revient en effet au saxophoniste de la formation, Paul Desmond.
(Dave Brubeck - Take 5)
Malgré son apparente simplicité, qui est certainement une cause du succès populaire du morceau, la métrique sur laquelle est construite Take Five est peu courante.
La plupart des morceaux de jazz sont basés sur des mesures en 4/4. Pour faire court, le chiffre situé en haut de la fraction indique le nombre de temps présents dans la mesure, alors que le chiffre du bas indique la valeur, la durée de chacun de ces temps. Cela signifie qu'une mesure en 4/4 sera composée de quatre temps, et que chacun de ces temps équivaudra à une noire.
(Exemple de décomposition de mesure)
Sur la partition de Take Five, chacune des mesures est composée de 5 temps, ce qui donne de fait un balancement inhabituel au morceau. Le swing, habituellement joué à la cymbale ride et au charleston par le batteur, s'en trouve donc sensiblement modifié. La mélodie stable et répétitive jouée par le piano permet cependant à l'auditeur de ne pas être trop perturbé par cette rythmique étrange (on appelle ça du 5/4).
Dave Brubeck était en réalité un réel amateur de mesures inhabituelles. Avec Blue Rondo à la turk ("Time Out" 1959), un morceau construit sur des mesures en 9/8, par exemple, ou encore lorsque Clint Eastwood lui demanda de jouer un exemple de blues pour son film-documentaire Piano Blues. L'exemple donné est effectivement pour le moins... surprenant.
(Piano Blues - Clint Eastwood - 2003)
De nombreuses fois enregistré par Dave Brubeck, Take Five est devenu un standard, repris à tous les sauces par un grand nombre de formations. La version que nous propose Al Jarreau, lors d'une émission télévisée allemanden est particulièrement intéressante. Tout d'abord, l'introduction du morceau déborde d'humour et de talent, ensuite Al Jarreau interprète une version sur laquelle il greffe des paroles. Preuve, j'en suis sûr des possibilités musicales merveilleuses qu'offre cette composition.
Entre simplicité mélodique et complexité rythmique remarquablement camouflée, Take Five a pu voyager dans le temps. Ce morceau est une porte d'entrée intéressante dans le monde du jazz, souvent jugé obscur et complexe. Il fut en tout cas l'élément déclencheur du coming-out auditif d'un rocker aux cheveux mi-longs il y a quelques années.
(Al Jarreau - Take Five)
Entre simplicité mélodique et complexité rythmique remarquablement camouflée, Take Five a pu voyager dans le temps. Ce morceau est une porte d'entrée intéressante dans le monde du jazz, souvent jugé obscur et complexe. Il fut en tout cas l'élément déclencheur du coming-out auditif d'un rocker aux cheveux mi-longs il y a quelques années.
Je suis un blaireau, mais il y a un mash-up de ce morceau mélangé à 15 Step de Radiohead qui circule sur Youtube, et je trouve que ça fonctionne pas mal. Le lien : http://www.youtube.com/watch?v=TYa7furgQsA
RépondreSupprimerJoseph : Je pense que c'est vraiment parce que je suis un gros fan des deux chansons mais je trouve ça troooop bien :D
RépondreSupprimerTake Five a eu le même effet sur moi, il y a une dizaine d'années. Depuis, je n'écoute quasiment plus que du jazz en rêvant de voir Brubeck en concert... Mais c'est plus que jamais une course contre la montre.
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