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(You gotta lose)
Je m'imagine en boutonneux-puceau paumé dans les jupes musicales de sa maman et à qui un camarade de classe confierait à la récré d'avant le cours de maths du Vendredi après-midi qu'il a piqué à son grand frère un disque de rock. Quelle joie ! Quelle épiphanie que de passer le weekend à écouter un groupe hors des radars médiatiques s'époumoner, se vider, s'évider, déféquer n'ayons pas peur des mots, comme si rien d'autre n'importait, ni le fumeux concept d'originalité ni celui, éculé, de la mort du punk rock. Quelle expérience que de croire l'espace d'un weekend avoir tout compris, avoir trouvé la perle et savoir, enfin, ce que l'on va faire de sa vie (devenir une rock star (*) cela va sans dire). Un disque de rock et deux gamins conçoivent pour la première fois leur futur, cessant instantanément de n'être que des créatures du temps présent (synonyme : enfants). Obits n'est rien d'autre que ça : un caillou sans cervelle qui roule et sans déclencher la moindre avalanche ni ramasser la moindre mousse, atterrit sur la tête dure d'un pauvre hère passant là par hasard et change sa vie. Pas besoin que le disque soit bon ou parfait, il suffit que le gosse y croie. Et la magie opère.
(Everything looks better under the sun, jouée au festival South By Southwest il y a quelques semaines)
Si vous aviez besoin d'en savoir plus sur Obits, disons que c'est un quatuor de Brooklyn mené par Rick Froberg (ex Drive like Jehu, ex Hot Snakes) au chant et à la guitare, lequel est une sorte d'Iggy moins intéressé par son corps et moins fasciné par l'auto-flagellation. Le groupe avait déjà sorti un album du même acabit en 2009 mais je trouve celui-là plus bandant (la pochette fait partie du plaisir), notamment grâce à des tubes garage comme You gotta lose ou Everything looks better under the sun, et malgré (on s'en balance) des morceaux plus faibles. Le titre de leur album fait référence à deux agences de notation (c'est d'analyse financière qu'il s'agit, les copains) et c'est pas banal venant de grognards baveux mais c'est d'actu et c'est une bonne chose. C'est toujours mieux de baver sans se laisser aller au passéisme idiot.
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Si vous aviez besoin d'une note, ce serait
parce que ça ne vaut pas plus et puis de toute façon, c'est la note maximale que peut espérer un tel groupe.
Le mieux c'est encore d'aller les voir, à Mains d'œuvres le 13 Mai (vers 20h) par exemple, et d'y amener vos neveux et nièces, votre petite cousine, ou toute la bande de copains de votre frangin. C'est un concert pour les gosses, promis. Demandez à Arthur Graffard, il les a vus l'an passé. Il y aura un goûter avec le groupe ensuite, parole de scout !
Joe Gonzalez
(*) : en Français on dit "glander".
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