(ATTENTION : Si vous vous réveillez avec la gueule enfarinée et aucune envie de lire un blabla théorique limite hors-sujet avant de vous envoyer votre chanson-p'tit-déj', rendez-vous directement en [X])
Le mot banni de notre conversation ce matin, chers lecteurs, c'est "folk". Souvent, trop souvent, on associe ce mot à un instrument (la guitare acoustique) comme s'il coulait de source qu'un artiste jouant sur une guitare "folk" serait de facto un musicien folk. La musique folk est, étymologiquement et d'un point de vue fonctionnel et littéraire, celle des "personnes" (de folk, l'anglais pour individu) et empiriquement et structurellement elle est aussi celle de "personne", puisque son interprétation instrumentale ne demande en général pas une technique particulière ou une grande recherche de composition mais aussi parce que son référencement historique (sa descendance influentielle) est forcément résonnant (c'est souvent une musique traditionnelle avec ce que cela comprend de ré-interprétation, de copier/coller et de références pop. Voici ce qu'est la folk, et on n'en joue pas que sur une guitare acoustique. On peut d'ailleurs en jouer avec n'importe quel instrument.
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Micachu joue sur une guitare sèche. Sa musique n'est absolument pas folk.
On est en fait pile poil entre deux mondes. D'une part, l'essence même de la pop à tendance adolescente (Mica Levi, qui mène cette barque, est friande d'un look garçon manqué entre je-m’en-foutisme post-ado et bariolages enfantins) que les quelques accords de guitare et les accroches vocales saccadées ("Grab. Your. Cal. Cu. La-tor. You'll be needing that. Sooner or La-ter") permettent rapidement d'assimiler, et d'autre part l'expérimentation foutraque, elle aussi tendant vers l'inconscient pré-pubère, amène le morceau un peu plus loin. Mais pas trop non plus (Calculator est la chanson la plus facile d'accès, et de loin, de "Jewellery", le premier album de Micachu & the Shapes, sorti chez Rough Trade en 2009). Ça n'est que l'entrée en matière obligatoire et absolument pas rédhibitoire d'un univers hors du commun.
Vous l'aurez compris, je vous encourage vivement à écouter "Jewellery", qui regorge d'autres tubes étranges (notamment Eat your heart) et d'une recherche sonore surprenante (jamais au détriment des bonnes chansons qui l'accueillent). Ça sera pour vous l'occasion si ça n'est pas encore fait de prendre toute la mesure d'une artiste à l'univers prometteur et capable de prouver en une poignée d'accords que l'on peut faire chanter des refrains tout en refusant le compromis.
Joe Gonzalez
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