Comment vous faites, vous, quand vous ne parlez pas la langue ? La réaction la plus évidente dans ce cas de figure est soit de ne pas écouter ce que vous raconte votre interlocuteur, soit de lutter pour saisir de vagues notions. Afrirampo est un duo nippon. Deux japonaises qui, non contentes de ne parler que leur langue, aiment la hurler. Partant de là, si comme moi vous ne parlez pas un mot de japonais, vous êtes mal barrés pour entrer dans leur monde... et pourtant. Vous vous souvenez de l'espéranto ? C'était (c'est toujours d'ailleurs) une langue inventée par l'homme afin d'atteindre une universalité langagière, afin que tout le monde sur Terre se comprenne. Oubliez l'espéranto, pas la peine, parce que sans piffrer un seul mot de ce que racontent ces deux filles, je vois EXACTEMENT où elles veulent en venir.
(あふりらんぽ que vous pouvez prononcer Sore Ga Afrirampo)
Je ne sais pas grand chose d'Afrirampo, sinon que les filles ont beaucoup trainé autour d'Acid Mothers Temple, le groupe de space-cosmic-prog-rock mené par Kawabata Makoto (et qui a pour habitude de publier des kyriades de disques chaque année, SAUF en 2010 puisqu'un seul album semble être paru). Il semblerait aussi que "We are uchu no ko" soit le dernier disque d'Afrirampo, qui a annoncé il y a quelques mois sa séparation (même si un live est prévu pour Janvier 2011 sous le nom "Neverending Afrirampo"). A vrai dire, je me fiche de ne pas savoir grand chose, de ne pas comprendre grand chose du propos des filles parce qu'au final, leur musique est si intense, si évidente, si PUISSANTE, qu'il n'est pas nécessaire de s'investir pour entrer dans leur univers.
(あふりらんぽ que vous pouvez prononcer Sore Ga Afrirampo)
Je ne sais pas grand chose d'Afrirampo, sinon que les filles ont beaucoup trainé autour d'Acid Mothers Temple, le groupe de space-cosmic-prog-rock mené par Kawabata Makoto (et qui a pour habitude de publier des kyriades de disques chaque année, SAUF en 2010 puisqu'un seul album semble être paru). Il semblerait aussi que "We are uchu no ko" soit le dernier disque d'Afrirampo, qui a annoncé il y a quelques mois sa séparation (même si un live est prévu pour Janvier 2011 sous le nom "Neverending Afrirampo"). A vrai dire, je me fiche de ne pas savoir grand chose, de ne pas comprendre grand chose du propos des filles parce qu'au final, leur musique est si intense, si évidente, si PUISSANTE, qu'il n'est pas nécessaire de s'investir pour entrer dans leur univers.
Il n'y a pas eu beaucoup de véritables disques de rock'n roll cette année mais avec ce double LP, les amoureux de débilité profonde, de refrains à brailler, de soli de guitare, de batteries démentes, ceux-là seront servis car Oni (guitare et chant) et Pika (batterie et chant) sont lâchées, telles des hyènes peintes en aquarelle dans une jungle animée façon Disney sous acide. C'est du space rock parfois, du punk rock à d'autres occasions, c'est en tout cas sans fin et sans répit que l'on avance, nous accrochant du bout des doigts aux mains des deux musiciennes qui (avec si peu d'overdubs !) donnent l'impression d'un groupe de quatre ou cinq personnes tant elles savent remplir l'espace, chacune répondant aux cris de l'autre, rendant leur langue primale, tels les borborygmes et les onomatopées ancestraux que nous ne pouvons que comprendre en tant qu'humains, et c'est là que cet album touche au miracle (*) car je n'aurais pas parié ma guibole droite sur deux jeunes nippones si on m'avait demandé qui parviendrait à enregistrer une musique universelle cette année.
(ヤーヤーエー que l'on peut traduire par Yah Yah Yeah)
Afrirampo reprend certains codes de la musique rock européenne et américaine mais y inclut des éléments du folklore nippon en même temps que des idées dénichées sur le continent Africain, et si vous comptez bien on en est à quatre continents de parcourus tout au long de deux disques aussi vastes que rapidement interprétés. Sur le premier, c'est une déferlante de tubes bruyants, d'hymnes rock, avec de la surf music (エゴロ島 alias Egolo Island), de la folk (ワイトゥ alias Whyto) de la pop (Yah Yah Yeah), du space rock (海 alias Umi) ou tout simplement du noise rock (ミラクルラッキーガールズ alias Miracle Lucky Girls), un genre que le duo maitrise parfaitement puisque dès qu'il s'agit de faire rugir la guitare, aucun répit n'est laissé aux futs de Pika, à qui le second disque semble réservé. En effet, après la très belle et cosmique Sunwave Dance, une longue épopée de plus de vingt minutes, divisée en cinq segments, prend le temps de développer le pika☆universe (Hoshi no Uta) entre noise rock, envolées lyriques multi-ethniques et vocalises enfantines.
(Ci-dessus un live complet en bonne qualité de Hoshi no Uta, commençant réellement au bout de deux minutes dans la première vidéo)
"We are Uchu no Ko" est un album humain qui fait le tour du Monde sans jamais vous perdre et qui ne veut qu'une chose : que vous chantiez avec Oni et Pika. Le brassage des genres ainsi accompli, le talent mélodique d'Afrirampo et le (gros) grain de folie qui habite tous ces hymnes (A l'amour ? A la fête ? A quoi ? Peu importe.) en font l'un des meilleurs albums de l'année, rien de moins.
Joe Gonzalez
(*) : Je ne peux affirmer que c'est la première fois qu'Afrirampo atteint un tel niveau de réussite. Des cinq disques précédemment publiés par le duo, je n'en connais qu'un, sorti en 2007, juste avant "We are Uchu no Ko", et ce "Suuto Breakor" ne m'avait pas convaincu plus que ça.
J'ai souvent tendance à considérer la voix comme un élément de la musique et à ne pas faire très attention aux paroles (du moins aux premières écoutes) — et c'est vrai que la musique d'Afrirampo est déjà très évocatrice sans ça : )
RépondreSupprimerMais bon, juste histoire de, les traductions des titres :
• "Uchu no Ko" = 宇宙の子 = "enfants de l'univers"
• "それがあふりらんぽ" (Sore ga Afrirampo) = "Voilà Afrirampo", "Ça, c'est Afrirampo", un truc du genre…
• "東西南北" (Tou Zai Nan Boku) = "partout, dans toutes les directions" (littéralement : "est·ouest·sud·nord")
• "海" (Umi) = mer
• "星の唄" (Hoshi no Uta) = "chanson(s) d'étoile(s)" (la chanson des étoiles, la chanson de l'étoile, etc)
• Oni = démon ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Oni )
• Pika : ça pourrait être "étincelle" ou un truc du genre (ぴかぴか "pikapika" est l'"onomatopée" pour tout ce qui brille ou fait des étincelles)
(Ne m'en demandez pas plus, je ne comprends pas les paroles)
Dans tous les cas c'est un très bon disque ! (J'aime particulièrement 海 ♥)
Merci pour ces précisions qui m'éclairent autant qu'un japonais devant un tableau de Turner : PIKAPIKA !
RépondreSupprimerPIKAPIKA m'évoque bizarrement autre chose !
RépondreSupprimerCe duo de foldingues est... fou ! Je DOIS trouver cet album ! Encore un point d'exclamation !
je crois que mon préféré est Kore ga mayaku da, mais le dernier est assez énorme aussi.
RépondreSupprimerhttp://www.arbobo.fr/afrirampo-we-are-uchu-no-ko-bye-bye-japan/
il sera même assez haut dans mon palmarès de l'an née :-)
je retiens "pikapika" ! merci à vous deux ^^
Joseph : bon courage ! Ou alors commande-le. J'ai du passer commande chez Gibert Joseph à Paris, et ils n'en ont pris qu'UN SEUL exemplaire. Que j'ai chez moi, donc.
RépondreSupprimerarbobo : oui celui que tu cites est sorti chez Tzadik en plus, et je connaissais la pochette de vue, je vais me le procurer très vite. Et je vais lire ta chronique !
Joe : http://www.play.com/Music/CD/4-/16245390/We-Are-Uchu-No-Ko/Product.html (vive les paradis fiscaux !)
RépondreSupprimerBien vu ! Je l'avais payé un peu plus que ça.
RépondreSupprimermmmm, terminer l'année avec un paradis fiscal, le pied intégral :-)
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