C'est entendu.

mercredi 17 novembre 2010

[Réveille Matin] Tool - Hooker with a penis

Le metal, entre autres aspects mythologiques, est supposé violent. La rapidité du tempo, le volume sonore exagérément puissant (*), les accoutrements (avec une prédominance de la couleur noire, du cuir, et des accessoires comme les poignées de force) et évidemment les paroles (souvent consacrées à des thèmes "dangereux" tels monstres, tueurs, prisons, guerres, (néo)nazisme ou agressions sexuelles), tout ce que les médias ont un temps (depuis, le Grand Méchant Internet a bien meilleur dos) volontiers considéré comme l'une des sources indéniables de la violence chez les jeunes (il est vrai que les quelques scandinaves et américains qui ont en effet usé leur carabine sur des camarades de classe et chez qui l'on a par la suite découvert une véritable passion pour le Black Metal, ceux-là n'ont pas aidé) n'est pas une chimère. Le metal est, par essence, violence, musique de rage pure, d'extériorisation anxiolytique et, est-il besoin de l'écrire, les gamins meurtriers de Columbine, Red Lake et Kauhajoki n'ont pas tué parce qu'Ozzy Osbourne ou Kirk Hammett le leur avaient demandé mais bien parce qu'ils avaient un grain.

Vous devriez écouter du metal pour le bien de vos proches. Se débarrasser de ses pulsions brutales par l'écoute d'un disque d'Earth ou des Melvins ne vous fera pas plus de mal que l'ingestion d'un cachet de Prozac (et vous coûtera sans doute moins cher) et fera définitivement moins de mal à ceux, autour de vous, qui souffriraient de votre irascibilité quotidienne ; cela Maynard James Keenan l'a très bien compris.


Ça n'est pas un secret, MJK, le chanteur de Tool, est un sale con. Il n'y a qu'à l'entendre en concert monologuer pendant plusieurs minutes entre deux chansons autour de sa belle voix qu'il convient de protéger afin que le concert se poursuive, enjoignant ainsi les fumeurs dans l'audience à bien vouloir aller se faire voir, ou mieux, il suffit de se remémorer ses invectives à l'encontre des français, assez régulières, et sublimées par cette vidéo en compagnie des Bikini Bandits, à tendance humoristique mais pas trop. Malgré cela, Maynard est un habitué du défouloir musical et avec Tool, il a œuvré en ce sens pendant plus de quinze ans (le groupe n'est d'ailleurs pas séparé). Sa plus fameuse invective (avec certainement The Grudge, sur le disque suivant) est dirigée à l'encontre d'un supposé fanatique de son groupe, qui au détour d'une conversation lui aurait signifié son point de vue selon lequel Tool serait une bande de vendus. Cet homme-là est le Hooker with a penis (littéralement : putain avec un pénis) auquel la rage et les conseils physiologiques et moraux de Keenan sont ici adressés, dans un style imagé, alors que les trois autres membres de Tool accélèrent et intensifient leur metal progressif habituel sans se départir de leur amour inconsidéré (que je partage pleinement) du jeu sur le rythme ("I.Met.A.Boy." et la guitare d'Adam Jones suit la batterie syncopée de Danny Carey sans jamais se laisser distancer). Voilà ce qui s'appelle une utilisation à bon escient de la violence.


Joe Gonzalez



P.S. : Sorti en 1996, l'album "Aenima" est un chef d'oeuvre dont je vous reparlerai en détail un de ces jours.

(*) : caricaturé dans le film Spinal Tap par l'ajout d'un onzième cran sur les amplificateurs à lampe du groupe parodique pour jouer "encore plus fort".

1 commentaire:

  1. On t'aime, Maynard!! ;-)

    Mais bon, range tes bouteilles de pinard et compose un nouvel album, please, 2011, c'est pour bientôt!

    RépondreSupprimer