Le métal à tendance technique a connu un revival ces derniers temps notamment à travers des projets de one-man band autistes. Ces mecs sont tous plus terrifiants les uns que les autres. La première question que l'on se pose est : comment font-ils pour composer une musique si complexe techniquement et en assumer l'entière exécution ? Mais en y réfléchissant bien, c'est plutôt évident, comment pourrait-il en être autrement ? Leur musique est le résultat d'une expérience intime, une maîtrise parfaite de leurs désirs et de leurs pensées, un respect scrupuleux de la chaîne de production, du corps et du cerveau jusqu'à l'enregistrement final.
Cloudkicker alias Ben Sharp, jeune artiste américain qui fait parler de lui sur la toile depuis quelques mois, fait partie de ceux-ci. Cloudkicker est une machine de guerre qui fait l'amour. Comparé à la plupart des ses acolytes, Ben Sharp offre une musique plus retenue (autant qu'elle puisse l'être dans un tel contexte) et à travers son dernier album ("Beacons", 2010), construit sur tout un tas de riffs qui sont comme des dizaines de faux-amis, il semble vraiment prendre le temps de travailler sa matière. Il prend un riff et ne le lâche pas tant qu'il ne l'a pas épuisé, tant qu'il ne lui a pas fait dire tout ce qu'il avait à dire, tant que la matière n'a pas été développée, étirée, usée. Sa musique réussit à captiver, ou même à hypnotiser à travers une certaine brutalité. Il bâtit patiemment des murs de sons autour de bases rythmiques qui seraient, de manière un peu simpliste, à la croisée de deux cousins suédois : Meshuggah (pour la rigueur mathématique et les patterns en trompe-l'œil de Haake) et Cult of Luna (pour l'assise et la finesse de composition rythmique). Sauf que Cloudkicker est américain, plus émotif, plus accueillant et moins euro-cérébral. Il travaille toujours sur un fil pour garder l'équilibre entre sa musique et la technique qu'il met au service de celle-ci. Et afin de graisser les rouages de cette lourde machine, Ben Sharp accorde une attention particulière aux arrières plans : drones lentement introduits dans le mix, nappes de larsens ou plages de synthétiseurs discrètes, le tout offrant une ampleur non négligeable à ses compositions. Push It Way Up ! n’est qu’un rouage de cette entreprise mais il vous donnera un très bon aperçu des qualités de cet artiste.
Mx
P.S. : Ben Sharp est autoproduit de A à Z, vous pouvez acquérir sa musique ici.
P.P.S. : Pour ceux qui ont aimé mais recherchent quelque chose qui serait plus érotique, plus porté sur le manche, il existe Animals as Leaders. Mais alors là, je ne réponds plus de rien.
Rien à voir mais : vous ne mettez plus à jour votre site "C'est Tout Vu" ?
RépondreSupprimerL'équipe C'est Tout Vu a splitté, le tumblr est en hiatus, y'aura un album de démos à venir mais c'est tout. C'est con leurs derniers shows étaient d'enfer.
RépondreSupprimerÇa me plaît, ça ! J'aime beaucoup la structure des pistes avec les boucles que tu décris, et le son est vraiment bon, très riche.
RépondreSupprimerJe me le prendrai à l'occasion, merci : )