C'est entendu.

mardi 16 novembre 2010

[Fallait que ça sorte] Agoraphobic Nosebleed — Altered States of America

Hey ! C'est la semaine du metal sur C'est Entendu, et à cette occasion je vais vous balancer plein d'articles complètement subjectifs sur des disques plus chelous les uns que les autres ! Ça vous va ?

Bien ; on commence tout en douceur et en finesse avec Agoraphobic Nosebleed, groupe de cybergrind mené par le guitariste Scott Hull (Pig Destroyer, Japanese Torture Comedy Hour…) et signé chez Relapse Records.

Autant vous le dire tout de suite : le grindcore (genre de metal extrêmement agressif dont les pistes ne durent en général que quelques secondes), d'habitude, ça n'est pas ma tasse de thé. Les albums ont beau durer une demie heure en moyenne, en général ils me gavent au bout de cinq… Ce qui m'a fait écouter "Altered States of America" d'Agoraphobic Nosebleed, c'est sa tracklist complètement improbable : 100 pistes en 21 minutes (le disque tient sur un CD 3"). C'est plus fort que moi, j'ai toujours envie d'écouter ce genre de curiosités. Je n'aurais pas imaginé que j'écouterais encore cet album plusieurs années après l'avoir découvert…

(Ah ben oui, on parle de metal, forcément les pochettes ne sont pas toutes du meilleur goût.)

Oui, "Altered States of America" ressemble à une blague, et le disque en comporte d'ailleurs pas mal ; oui, "Altered States of America" peut être épuisant, tout empli qu'il est de hurlements, de vulgarité extrême et de bruit. Mais "Altered States of America" a aussi de vraies qualités qui font que cet album, contrairement à toute attente, vaut le coup d'être écouté.

Déjà, ANb (pour les intimes) n'est pas du grindcore pur mais du cybergrind, ce qui veut dire que le groupe utilise beaucoup de sons électroniques, de samples et de drum machines et cela se traduit par des percus à la rapidité impossible, mais aussi et surtout des sons ultra-violents synthétiques, déformés, altérés. Sur les 100 pistes, plusieurs s'éloignent du grind proprement dit pour dériver vers des bizarreries sonores inattendues (parfois drôles, parfois inquiétantes), interludes ou vignettes qui font finalement tout autant sens que les déferlantes de cris à 1,000,000 battements/minute. Et finalement, ce sont même ces pistes-là qui sont les plus intéressantes (sans elles le disque serait carrément inécoutable).


Ensuite, le groupe a de l'humour. Très crade et très provocateur, certes, mais aussi trop ridicule pour être pris au sérieux (ce que confirment les interviews) ; je vous laisse lire par exemple les paroles de la suite "The Twelve Days of Sodom", celles de Keeping a Clean Kennel If your ass is in this house it's my ass »), ou plus simplement le superbe titre Fuck Your Soccer Jesus (*)… Et quand le groupe ne fait pas dans la provoc' potache, les thèmes abordés (sectes, drogues, terrorisme, conspirations, etc.) donnent l'impression d'écouter un paranoïaque sous drogues dures qui hurle sa vision du monde à qui veut l'entendre, une sorte de panorama sous acide du monde actuel et de ses pires débordements.


Alice in La La Land.
(Évidemment, hors contexte ça ne ressemble pas à grand chose…)

Le format de l'album empêche toute écoute passive (sans quoi le disque devient très vite saoulant et incompréhensible) et oblige l'auditeur à écouter l'album en entier, si possible en suivant les paroles. De cette manière, "Altered States" prend toute son ampleur et se révèle comme une vision dantesque, grotesque et absurde, une bombe à fragmentation sous hallucinogènes.

"Altered States of America" n'est pas un chef d'œuvre, et on peut lui reprocher encore plusieurs choses (notamment la fin trop abrupte, contrairement au début qui est excellent — surtout si on peut lire la piste 0, accessible en "rembobinant" le CD avant la piste 1 sur certains lecteurs —). Mais c'est un disque hors du commun, avec des qualités qu'on trouve rarement ailleurs ; et pour un(e) auditeur(-trice) averti(e), c'est clairement une expérience à tenter.

Une photo récente du groupe : Katherine Katz, du groupe Salome, a remplacé
Carl Shultz à la voix pour le dernier album ("Agorapocalypse").
Elle s'en sort très bien.
L'album est plus conventionnel et plus abordable, mais tout de même très bon !


— lamuya-zimina




(*) Après, dans le genre “humour vulgaire de l'extrême”, les pires à ma connaissance restent Anal Cunt. Rien que le nom…

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